L'équipementier automobile Marelli prévoit la fermeture de deux usines françaises, 300 emplois menacés

Les salariés suspectaient depuis plusieurs mois une délocalisation de leurs activités vers la Slovaquie des sites d'Argentan (Orne) et Saint-Julien-du-Sault (Yonne) à l'initiative de l'actionnaire majoritaire, le fonds américain KKR.
Le maire d'Argentan, Frédéric Leveillé, a dit dans un communiqué son « soutien » aux salariés de l'usine Marelli (ex-Magnetti-Marelli), évoquant une « décision funeste » pour les travailleurs et le territoire.
Le maire d'Argentan, Frédéric Leveillé, a dit dans un communiqué son « soutien » aux salariés de l'usine Marelli (ex-Magnetti-Marelli), évoquant une « décision funeste » pour les travailleurs et le territoire. (Crédits : THOMAS WHITE)

L'équipementier automobile Marelli a annoncé mercredi la fermeture de ses deux usines françaises, selon les syndicats et la direction. Près de 300 emplois se trouvent menacés à Argentan (Orne) et Saint-Julien-du-Sault (Yonne).

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Pour la plus grande des deux usines, basée dans l'Orne, la direction promet un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Cela devrait entraîner la fermeture début 2024 du site et le licenciement de ses 167 salariés, selon l'intersyndicale CGT, CFE-CGC, CFDT. L'entreprise a aussi annoncé dans un communiqué la fermeture de l'usine à Saint-Julien-du-Sault (Yonne), menaçant « 125 postes ».

« Ces deux dernières années l'usine n'a travaillé qu'à 30% de sa capacité », « fait état d'une perte d'exploitation significative de plus de 24 millions d'euros entre 2018 et 2022 », se justifie la direction qui assure que les « prévisions de marché sont négatives pour les années à venir ».

Premières suspicions de délocalisations dès 2021

L'usine de l'Yonne avait été touchée en novembre 2021 par une grève, alors que les salariés craignaient déjà une fermeture du site où sont fabriqués des phares arrières haut de gamme pour voiture. Au début de l'année, les salariés avaient fait grève pendant trois semaines, après avoir découvert fin 2022 des éléments leur faisant craindre une délocalisation des activités de l'usine, notamment vers la Slovaquie.

Le mouvement social avait abouti à un accord avec la direction leur garantissant un an de sursis, où trois autres pistes, dont celle d'un repreneur potentiel, étaient évoquées, selon un représentant de l'intersyndicale joint par téléphone. « Ces trois pistes sont tombées à l'eau, on a appris en juillet que le repreneur jetait l'éponge », a précisé la même source, « pour autant, on pensait être protégé jusqu'au début 2024, grâce à l'accord ».

A la fin du PSE, qui devrait « prendre trois mois », « 167 salariés se retrouveront sans emploi, face au transfert évoqué de nos lignes de production en Slovaquie », a annoncé le représentant de l'intersyndicale, qui rappelle que certains « travaillaient là depuis 40 ans ». « On ne s'attendait pas à ça, les gens ont vraiment pris un coup sur la tête », a estimé cette source, même si depuis la fermeture il y a deux semaines d'une « usine sœur » en Italie, une fonderie qui livrait les pièces à Argentan pour l'assemblage, « on était très très pessimiste ».

Le fonds de pension KKR pointé du doigt

A Argentan, l'intersyndicale a dénoncé dans un communiqué: « Après plusieurs mois de mensonges et de tromperies de la part de la direction du groupe Marelli, la sentence est tombée: l'ouverture d'un PSE avec pour seule perspective, une fermeture définitive début 2024 du site historique Marelli basé à Argentan depuis 1970 ».

Cette ancienne usine Solex fabrique des boîtiers papillons, qui fournissent en air les moteurs à essence, pour des voitures de nombreuses marques, mais aussi pour des motos comme celles de BMW. L'annonce « n'est que la conclusion d'un processus de délocalisation décidé et engagé par le groupe depuis plusieurs mois », ont fustigé la CGT, CFE-CGC et CFDT. Les organisations s'en prennent notamment à l'influence de l'actionnaire majoritaire, le fonds américain KKR. Les représentants de la direction de l'usine n'ont pas réagi mercredi aux sollicitations de l'AFP.

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Le maire d'Argentan, Frédéric Leveillé, a dit dans un communiqué son « soutien » aux salariés de l'usine, évoquant une « décision funeste » pour les travailleurs et le territoire. « Cette décision est pour nous tous une incompréhension, car deux audits récents commandés (...) ont démontré la compétitivité du site », a-t-il relevé. « Je dénonce fermement la décision du fonds de pension américano-japonais KKR, actionnaire majoritaire de Marelli, de sacrifier l'usine d'Argentan, dans l'unique objectif d'une recherche de rentabilité à court terme ».

(avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 05/10/2023 à 9:21
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"les « prévisions de marché sont négatives pour les années à venir »" ils vont donc fermer mais ne pas plus produire en Slovaquie qu'avant, à moins que leur usine en Slovaquie n'existe pas encore et sera le transfert de celles de France. Réduire la ...

à écrit le 05/10/2023 à 8:57
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Un actionnaire américain achète une entreprise européenne ou française. Il s'empare de la technologie (ici le rachat date de 2018) puis il délocalise vers une pays à main-d’œuvre moins chère mais pas trop loin du pays d'origine (pays de l'Est, Afriqu...

le 05/10/2023 à 10:18
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je suis pas sur qu un fond francais aurait eut plus de scrupule. Renault fait bien fabriquer le gros de ses voitures a l etranger (slovenie, maroc ...). Tant qu un francais coutera bien plus on aura ce phenomene. La meilleure chance qu on ait c est ...

le 05/10/2023 à 10:51
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Nos voisins allemands sont bien plus patriotes que nous sur le plan économique. Renault a été dirigé pendant 20 ans par un homme qui avait 3 nationalités (libanais, français, brésilien) et strictement aucun patriotisme français (sauf lorsqu'il fallai...

à écrit le 04/10/2023 à 22:39
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Les délocalisations continues. Mais Lemaire, Macron etc notre sous premiere ministre en charge des puces d'hoteil vont clamer haut et fort que l'état réindustrialise. Bravo pour la ruralité, Argentan et l'yonne, les vaches, enfin celles qui restent s...

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