L'effet Senard est-il déjà en train de produire ses effets ? Ce qui est certain, c'est que la tension entre Nissan et Renault a baissé de plusieurs crans depuis l'intronisation du patron sortant de Michelin, à la présidence de Renault. Dès sa nomination par le conseil d'administration du constructeur automobile française, Hiroto Sakaiwa, PDG de Nissan, a envoyé un message chaleureux, gage de sa bonne volonté dans un contexte très tendu.
« Nous sommes ravis de pouvoir ouvrir un nouveau chapitre dans notre partenariat historique », avait déclaré le PDG de Nissan. « C'est une nouvelle page qui se tourne », avait-il ajouté, pressé d'en finir avec l'ère Ghosn dont il n'a cessé de dénoncer tous les travers depuis l'arrestation de celui-ci le 19 novembre dernier, mais également d'en finir avec cette période de flottement managérial qui privait Renault de son exécutif.
Un point de litige
Au-delà des congratulations d'usage, il s'agissait aussi de résoudre un point de litige très important puisque Renault souhaitait récupérer le siège d'administrateur occupé par Carlos Ghosn, mais également par Greg Kelly, son bras droit également incarcéré mais libéré depuis. Le groupe français réclamait alors la convocation de l'Assemblée générale des actionnaires de Nissan. Hiroto Saikawa refusait d'avancer l'agenda, ce qui privait Renault de deux sièges sur 8 au conseil d'administration de Nissan dont il détient 43% du capital.
En outre, Renault ne peut plus, depuis la modification du contrat de l'Alliance en 2015, s'opposer à une proposition du conseil d'administration en termes de nomination. Les prochains administrateurs seront donc nécessairement suggérés par Nissan, et lui seulement.
Mais par souci d'apaisement, Hiroto Saikawa a accepté que Jean-Dominique Senard devienne administrateur de Nissan, en remplacement de Carlos Ghosn. Le conseil d'administration a acté le 5 février cette décision, mais elle sera effective qu'après sa ratification par l'assemblée générale des actionnaires le 8 avril prochain.
Bruno Le Maire s'est empressé de saluer cette "très bonne nouvelle". « Cela participe à la normalisation des relations entre Nissan et Renault », s'est-il réjoui dans un message transmis à l'AFP.
D'autres à résoudre...
En réalité, cette annonce ne résout pas deux autres questions essentielles aux yeux de Renault. D'abord, celle du poste occupé par Greg Kelly qui, compte tenu de sa mise en examen, ne peut plus siéger. Ensuite, la question de la présidence du conseil d'administration de Nissan, qui était occupée par Carlos Ghosn. Hiroto Saikawa a lancé un audit visant à améliorer la gouvernance de Nissan afin de résoudre les lacunes qu'aurait révélé, selon lui, l'affaire Ghosn. Il faudra attendre la remise du rapport, probablement en juin, pour que le conseil d'administration de Nissan se dote de nouveau d'un président.
Pour rappel, Nissan a tenté en décembre dernier de se doter d'un nouveau président, mais Renault avait fait capoter le processus.
Désormais, la question de la gouvernance a pris une importance de première priorité, afin de reprendre le processus de coopération de l'Alliance. Jusqu'ici, la question du sort de Carlos Ghosn empêchait toute avancée dans cette refondation. Mais maintenant que celui-ci est définitivement hors jeu depuis sa démission de Renault, les deux constructeurs n'ont plus d'autres choix que d'accélérer et trouver très vite un terrain d'entente.
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