
Le développement de l'électromobilité n'est pas qu'un challenge pour les constructeurs automobiles. C'est aussi un sacré casse-tête pour les gestionnaires des réseaux électriques, tant il est synonyme de besoins accrus en énergie. En France, Enedis a calculé que le besoin pourrait dépasser les 10 GW avec un parc de 9 millions de voitures électriques, si tous les conducteurs décidaient de se brancher simultanément. Soit l'équivalent d'un sixième de la puissance actuelle de nos centrales nucléaires.
Un renfort en période de pointe
Aujourd'hui, les réseaux encaissent sans problème ces appels de puissance. Mais qu'adviendra-t-il lors des grands chassés croisés de l'été ou à l'heure de la sortie des bureaux, par exemple, lorsque le parc automobile sera majoritairement électrifié ? Pour absorber ces pics de production sans saturer le réseau, l'une des solutions pourrait passer par des stocks « tampon ». C'est ce sur quoi table le Français NW avec sa JBox, et c'est aussi le pari de Siemens. En complément des « superchargeurs » qu'il commercialise, l'industriel allemand lance sur le marché une nouvelle installation de stockage décentralisée, interfaçable avec tous les types de bornes, y compris celles d'autres marques.
Dénommée Siestorage, elle se présente sous la forme d'une grosse armoire électrique connectée renfermant des batteries. Le principe est assez simple : le dispositif accumule l'énergie produite par des sources renouvelables ou par les centrales pendant les heures creuses pour la redistribuer en cas de besoin.
« Il prend le relais du réseau en période de pointe, détaille Olivier Delassus, directeur de l'activité électromobilité chez Siemens France. Il permet également de déployer rapidement une infrastructure de recharge rapide dans les zones où augmenter la capacité du réseau serait trop coûteux. »
Premier tour de chauffe en Normandie
Le groupe a installé son premier module Seastorage à Valframbert en Normandie, au siège du syndicat d'électricité de l'Orne (TE61) réputé pour sa propension à expérimenter des solutions innovantes. L'équipement en question renferme 30 batteries à accumulation. Elles stockent l'énergie produite par les différentes installations d'ENR situées à proximité : panneaux photovoltaïques, éolienne urbaine, tracker et route solaires.
« Nous pouvons maintenant fournir une puissance instantanée jusqu'à 160 KW, suffisante pour que deux véhicules se chargent simultanément sur notre borne à très haute puissance ce qui n'était pas possible auparavant », se félicite-t-on à la direction du TE61.
Fort de cette première vitrine française, Siemens espère désormais convaincre d'autres clients, tels que les grands centres commerciaux, les chaînes d'hôtels ou les gestionnaires de parcs d'activités. « La solution est pertinente sur tous les sites qui nécessiteraient un investissement important en renfort de puissance sur le réseau Enedis », vante Olivier Delassus. L'industriel, qui affirme détenir 25% des parts du marché des bornes de recharge de haute puissance dans l'hexagone, pourrait avoir trouvé le moyen de compléter utilement son offre.
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