Voitures électriques : retour sur terre pour Vinfast à la bourse de New York

Plus dure sera la chute : l'introduction, à première vue réussie, de Vinfast au Nasdaq n'aura finalement duré qu'une journée. En deux jours à peine, le constructeur vietnamien de véhicules électriques a vu la moitié de sa valorisation s'évaporer. Mais sans doute ne s'agit-il que d'un retour à la réalité.
Léo Barnier
(Crédits : Reuters)

Après l'envolée stratosphérique du premier jour, la descente est brutale pour Vinfast. Introduit à la bourse de New York mardi dernier, le titre du constructeur vietnamien de voitures électriques est redescendu dès le lendemain avant de chuter lourdement jeudi, lors de sa troisième séance de cotation au Nasdaq. En à peine deux jours, il est passé sous sa valeur de lancement.

L'action de Vinfast a accusé une chute de 34 % lors de cette séance, soit une baisse cumulée de 46 % sur deux jours. A la clôture, elle valait moins de 20 dollars contre 22 dollars lors de son lancement mardi, et surtout après s'être envolée jusqu'à 37 % lors de son premier jour de cotation. De fait, la valorisation de Vinfast est retombée à environ 46 milliards de dollars, après être montée à 85 milliards de dollars. Une volatilité renforcée par le faible nombre d'actions mises en circulation.

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Face aux Goliath américains

L'engouement du premier jour s'est donc vite dégonflé. Mais les chiffres deviennent avant tout plus raisonnables, et encore. Tout d'abord, Vinfast reste au-dessus de sa valorisation initiale de 23 milliards de dollars, définie lors de sa fusion avec le SPAC (Special Purpose Acquisition Company) américain Black Spade Acquisition - manœuvre destinée à faciliter son introduction en bourse.

Et avec ce niveau actuel, Vinfast vient se situer dans le même ordre de grandeur que les géants américains de l'automobile Ford et General Motors, valorisés respectivement à 48 et 46 milliards de dollars. Des constructeurs qui écoulent plusieurs millions de véhicules par an, et qui accélèrent fortement sur le marché des voitures électriques. Après avoir tutoyé les 100.000 unités en 2022, Ford prévoit d'arriver à une cadence annuelle de 600.000 unités d'ici la fin de 2023 et d'un million en 2026.

En face de tels géants, le bilan de Vinfast apparaît encore comme famélique. Plus proche de la startup, le constructeur vietnamien revendique à peine 19.000 véhicules électriques fabriqués et livrés au 30 juin avec quatre modèles au catalogue. Au niveau commercial, elle n'était qu'à 16.000 voitures vendues à fin juillet selon Reuters. L'objectif est d'atteindre les 50.000 unités cette année.

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Des milliards de dollars engloutis

Vinfast peut certes compter pour l'instant sur le soutien, pour l'instant sans faille, de son propriétaire Pham Nhat Vuong, l'homme le plus riche du Vietnam. Celui-ci détient environ 99 % des actions via son puissant conglomérat Vingroup et a déjà investi plusieurs milliards de dollars depuis 2018 pour développer sa branche automobile.

Celle-ci doit donc accélérer fortement pour répondre aux attentes de son propriétaire comme des investisseurs en bourse. Et elle doit pour cela absolument s'imposer à l'international, aux Etats-Unis - où elle revendique plus de 10.000 véhicules déjà commandés - comme en Europe.

Léo Barnier

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Commentaire 1
à écrit le 18/08/2023 à 14:27
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Une bonne opération en vue pour ceux qui vont venir "sauver" (racheter à bon prix,) ce constructeur qui a eu l'outrecuidance de venir marcher sur les plates bandes des gros du secteur.

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