Construction : à Caen, l’école d’ingénieurs Builders pousse les murs

Canal Seine Nord, nouveau nucléaire, liaison Lyon-Turin…. Jamais le BTP n’a eu autant besoin d’ingénieurs de la construction. L’appel d’air que ces grands chantiers vont susciter pousse l’école Builders à presque doubler la surface de son campus caennais et à accoucher d’un établissement jumeau à Lyon.
Voué à devenir une vitrine de la construction durable dont se revendique Builders, l'extension du campus caennais (ici vu du ciel) répondra aux plus exigeants standards environnementaux, assure sa direction.
Voué à devenir une vitrine de la construction durable dont se revendique Builders, l'extension du campus caennais (ici vu du ciel) répondra aux plus exigeants standards environnementaux, assure sa direction. (Crédits : Builders)

400 étudiants à son ouverture en 1993. 800 étudiants trente ans plus tard. Un millier après l'inauguration de sa future extension. Créée à l'initiative des grandes majors françaises du BTP dont elle reste proche, l'école d'ingénieurs de la construction Builders (anciennement Esitc Caen) forcit, décennie après décennie. A l'étroit dans ses murs, elle se prépare à donner le coup d'envoi d'une nouvelle phase de travaux.

Cette fois, il s'agit d'ajouter plus de 3.000 m2 de surface à ses bâtiments existants, moyennant un investissement de 15 millions d'euros pris en charge par les collectivités locales (Région, Département et Communauté urbaine). Un agrandissement rendu nécessaire par les besoins exponentiels des employeurs, justifie t-on sur place.

La transition écologique et la numérisation dopent les activités du BTP

Tout concourt, en effet, à la croissance des effectifs d'ingénieurs en cols blancs chez les acteurs de la construction, comme le constate Jérôme Lebrun, directeur de l'établissement. « La vague qui arrive est hyper forte, je sens les entreprises aux abois », prévient ce fin connaisseur des arcanes du BTP. La vague dont il fait état résulte d'abord de changements structurels. L'arrivée de la maquette numérique mais aussi la complexité galopante des opérations, à quoi il faut ajouter une débauche de nouvelles normes liées à la décarbonation, requièrent une montée en compétences rapide des intervenants. Résultat : « Le mix salariés évolue nettement en faveur de l'encadrement ».

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Un phénomène plus conjoncturel explique l'énorme appel d'air auquel s'attend la direction de Builders. A savoir : le lancement à venir d'une multitude de chantiers XXL parmi lesquels on peut citer le Canal Seine Nord, les futurs EPR, le tunnel Lyon-Turin, les parcs éoliens marins ou encore la poursuite du Grand Paris Express. « A chaque fois, ce sont des centaines voire des milliers d'encadrants qui sont mobilisés », rappelle Jérôme Lebrun.

Des profils très recherchés

Conséquence, les ingénieurs formés à Caen ont l'embarras du choix sur le marché du travail. 96% des étudiants sont recrutés avant même d'avoir obtenu leur diplôme, les autres décrochent un job deux mois après avoir quitté les bancs de l'école. Les salaires de sortie s'en ressentent. Aujourd'hui de 40.000 euros brut annuels en moyenne, ils ont gagné 15% en dix ans. Signe que la concurrence entre employeurs est forte.

Dans ces conditions, on comprend que Builders soit tenté de diffuser plus largement sa pédagogie, désormais frappée du sceau de la « construction durable ». Implanté depuis deux ans avec 200 étudiants à Vaulx-en-Velin, dans des bâtiments provisoires, l'établissement annoncera, le 17 novembre, la création d'un second campus dans la métropole lyonnaise où Laurent Wauquiez lui a ouvert les bras. Les détails du projet sont gardés secrets mais on sait qu'il devrait abriter, comme son aîné normand, à la fois des espaces de formation et des laboratoires de recherche appliquée.

Restera ensuite à remplir ses promotions. Car si les débouchés abondent, les candidats ne se bousculent pas, du propre aveu de Jérôme Lebrun. « On se heurte à la méconnaissance de notre profession, déplore t-il. Pourtant quel secteur en France peut revendiquer la présence dans ses rangs des plus grands champions mondiaux ? ». Bonne question qui devrait inciter Vinci, Eiffage et Bouygues, tous trois membres du conseil d'administration de Builders, à travailler leur marque employeur. A défaut, ils risquent d'avoir du mal à recruter leurs futurs bataillons de cadres.

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