Le village olympique comme démonstrateur de l’immobilier multi-usage

DOSSIER IMMOBILIER - 9 SOLUTIONS POUR SORTIR DE LA CRISE- À l’issue de la compétition sportive, le village des athlètes sera transformé en logements et bureaux.
En avril 2023, trois ans après le début des travaux, les ouvriers finalisaient le gros œuvre des bâtiments du village olympique.
En avril 2023, trois ans après le début des travaux, les ouvriers finalisaient le gros œuvre des bâtiments du village olympique. (Crédits : latribune.fr)

Dès que la flamme olympique s'éteindra, les promoteurs immobiliers s'attelleront à la dernière épreuve de ces Jeux de Paris 2024 : l'héritage. Construire un village pour accueillir les délégations avant de le transformer en logements et bureaux était l'une des grandes promesses dans la candidature de la capitale. Mais cette réversibilité, comment s'opère-t-elle ?

Avant même la pose de la première pierre, chaque bâtiment a été conçu pour être facilement transformé une fois la compétition sportive terminée. « La meilleure réversibilité, c'est celle que l'on ne fait pas car le logement est conçu dès l'origine en multi-usage », assure le directeur opérationnel d'Eiffage immobilier, Laurent Blanc. Afin de simplifier la procédure de transformation, la loi olympique du 26 mars 2018 a établi un nouveau régime de permis de construire : le permis à double état. Il permet aux constructeurs d'entamer immédiatement les travaux de réaménagement sans avoir à reformuler une demande de permis de construire.

Autrement dit, dès le début, les professionnels ont reçu le feu vert pour la livraison initiale ainsi que pour la transformation. Actuellement, les chambres des athlètes sont séparées par des cloisons amovibles, collées au sol et vissées entre elles, une solution signée Saint-Gobain. Le fabricant de matériaux présente ces parois comme étant modulables et simples à retirer.

75 % des éléments provisoires réemployés

« Au-delà des Jeux, nous constatons un intérêt de plus en plus fort pour des aménagements montables, démontables et réutilisables », affirme la directrice de l'économie circulaire de Saint-Gobain, Maïté Ketterer. Pas moins de 75 % des éléments provisoires installés pour les besoins des Jeux seront d'ailleurs réemployés. « Toute la conception du village des athlètes repose sur ces engagements forts pour le climat », appuie la présidente du directoire de CDC Habitat, Anne-Sophie Grave.

Dès novembre 2024, les promoteurs démarreront donc la transformation. Au-delà des cloisons à enlever, des cuisines doivent être installées, car pendant la phase des JOP, la restauration se fera dans la nef de la Cité du cinéma qui deviendra ensuite des bureaux. Certains logements bénéficieront aussi de travaux dans leur salle de bains.

Notamment pour la phase paralympique, des douches et sanitaires en kit vont être installés, avec la promesse d'être réemployés une fois la compétition finie. « Après les Jeux de Paris, nous devrons aussi enlever un ascenseur par immeuble », ajoute la directrice générale ville et projets de Nexity, Élodie Benoit. « Nous nous sommes rendu compte qu'avoir deux ascenseurs dans les immeubles de cinq étages allait augmenter inutilement les charges de copropriété », justifie-t-elle. Le directeur opérationnel immobilier d'Eiffage, Laurent Blanc, estime le montant des travaux de la phase d'héritage à 6 millions sur les 180 millions d'euros alloués au projet global. ■

2.800 appartements en vente début 2026 

Les promoteurs immobiliers s'attellent déjà aux ventes. Le prix du mètre carré s'équivaut d'un vendeur à l'autre. Icade, qui a déjà démarré sa commercialisation, vend ses logements, en moyenne, à 6.900 euros le mètre carré. La filiale immobilière de la Caisse des dépôts assure que le parking est inclus et que les acheteurs bénéficient de la TVA à 5,5 %.

Nexity, qui entend démarrer les ventes au premier semestre 2024, s'est fixé, lui, comme objectif de céder le mètre carré à 7.000 euros. Le promoteur a déjà vendu 12 de ses bâtiments à CDC Habitat et Groupama qui se chargeront de la gestion des futurs bureaux et habitations.

« Au-delà de la commercialisation, l'enjeu pour nous en phase héritage, avec la gestion de 1.500 logements, sera aussi de faire vivre le quartier et d'accompagner les habitants sur l'appropriation de nouveaux usages, comme le bâtiment zéro déchet », déclare Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC Habitat.

Un peu plus cher, Eiffage place le curseur autour de 7.500 euros le mètre carré. « Icade ou Vinci ont lancé leurs commercialisations l'an dernier mais ont rencontré des difficultés à vendre, notamment à cause de taux bancaires trop élevés. Nous avons attendu pour espérer un contexte plus favorable cette année avec l'essor des Jeux », justifie le directeur opérationnel d'Eiffage immobilier, Laurent Blanc.

Interrogée par La Tribune Dimanche sur le sujet, la directrice de projets de Vinci immobilier, Julie Bosch, a, quant à elle, botté en touche. Au total, 2 800 appartements devraient trouver preneur d'ici à la livraison finale, prévue au plus tard pour début 2026.

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Commentaires 3
à écrit le 12/03/2024 à 10:17
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le village olympique a ete tres bien reconverti en logements sociaux, parce que pour le reste, ceux qui payent plein pot avec un credit a 25 ans ( les 60% de gens qui payent pour les 40% de logements sociaux, en clair) ne sont pas tres motives

à écrit le 12/03/2024 à 10:05
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Le village olympique de Grenoble 1968 a suivi cette voie. Quand on voit maintenant l'état de délabrement de ce quartier, on reste sceptique ...

à écrit le 12/03/2024 à 7:48
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"le village des athlètes sera transformé en logements et bureaux" Hum, des bâtiments construits à la va vite je sais pas ce que ça va donner dans le temps... Ils n'en sortent pas de leur système productiviste, construire plus, plus vite et moins bien...

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