Panneaux photovoltaïques : le loirétain CréaWatt veut tutoyer les sommets

La PME loirétaine Créawatt, qui vient d’acquérir l’ancienne usine Hutchinson à Amilly, nourrit de fortes ambitions en France et en Europe pour ses panneaux photovoltaïques ultra-légers. Avec ses deux associés, dont un partenaire chinois, elle compte investir 30 millions d’euros dans cette opération censée la faire changer de dimension. Reste à lever un frein bloquant dans l’Hexagone : la question de l'assurance des bâtiments équipés.
Les panneaux solaires ultra-légers de CréaWatt s'adaptent particulièrement aux grandes surfaces de toitures. Exemple ici avec le gymnase sportif de Durtal dans le Maine et Loire.
Les panneaux solaires ultra-légers de CréaWatt s'adaptent particulièrement aux grandes surfaces de toitures. Exemple ici avec le gymnase sportif de Durtal dans le Maine et Loire. (Crédits : Reuters)

Auparavant installée à Pannes dans le Loiret, CréaWatt a déménagé en juin dernier dans les anciens bâtiments du groupe caoutchoutier Hutchinson, rachetés au deuxième trimestre. Situé à Amilly également dans l'agglomération de Montargis, le site comprend 14.000 m2 de locaux couverts. Objectif de la PME : transformer cette usine en giga-factory de panneaux solaires innovants.

Actuellement fabriqués à Shanghai en Chine par le groupe Sunman, prestataire de CréaWatt, ces dispositifs sont spécialement conçus pour les grandes surfaces de toiture, notamment celles des hypermarchés et des entrepôts logistiques. Dépourvus de verre et de cadres en aluminium, les panneaux photovoltaïques sont plus petits et surtout cinq fois plus légers que les panneaux classiques, avec un poids n'excédant pas 3,5 kilos. « Environ 40 millions de m2 sur le territoire français ne sont pas éligibles à cet équipement énergétique pour cause de lourdeur des produits existants, assure Laurent Mimaud, directeur général de CréaWatt. Ce constat offre de fortes perspectives de croissance pour notre entreprise ».

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Fondé en 2020 par un ancien cadre du groupe de BTP loirétain Placier, CréaWatt a conçu en partenariat avec Sunman cette nouvelle génération de panneaux fixés à la toiture grâce à un velcro. La société, qui réalise aujourd'hui la finition et le collage des panneaux, ainsi que leurs accessoires, compte aussi rapatrier leur fabrication d'ici septembre 2024 dans sa nouvelle unité. Avec un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros et 100 salariés (dont 50% de détenus de prison), CréaWatt a bénéficié d'un support décisif des acteurs publics et privés. L'agence régionale de développement économique Dev'up a ainsi facilité sa recherche de nouveaux bâtiments ainsi que sa mise en relation avec Hutchinson et les collectivités locales, dont la ville d'Amilly. Pour aider au financement de son projet d'extension, qui mobilisera au total quelque 30 millions d'euros, CréaWatt a également ouvert son capital au groupe de BTP Baudin-Chateauneuf. Basée à Châteauneuf-sur-Loire, également dans le Loiret, cette solide ETI (400 millions d'euros de chiffre d'affaires et 1.600 collaborateurs en 2022) a pris une participation de 20%.

Joint-venture franco-chinoise

Avant l'entrée en production des panneaux après le rapatriement de la ligne de fabrication chinoise, prévue dans un an, CréaWatt devrait franchir une seconde étape décisive pour son développement. Ses dirigeants sont actuellement en discussion avec ceux de Sunman pour constituer une joint-venture d'ici la fin de l'année. Via cette société commune, CréaWatt vise un développement conséquent une fois maîtrisée la chaîne de valeur des installations photovoltaïques.

« D'une part, un nombre restreint de concurrents français fabriquent des panneaux comparables, ultra-légers et modulables, précise Laurent Mimaud. Les ambitions gouvernementales, exprimées au travers du dernier Plan pluriannuel de l'énergie (PPE) 2019-2028, prévoient d'autre part d'ici cinq ans d'atteindre sur le territoire français une capacité de 44 gigawatts provenant du solaire. Avec 18 GW en 2023, il faudra plus que doubler la production dans ce laps de temps pour atteindre cet objectif ».

Un boulevard que la PME compte bien emprunter avec des résultats très ambitieux. La société table ainsi sur un chiffre d'affaires de l'ordre de 150 millions d'euros et un effectif porté à 300 collaborateurs à l'horizon 2028.

La main-d'œuvre suffisamment qualifiée constitue à cet égard le premier frein à  l'expansion envisagée. D'après le dirigeant, le besoin total se chiffrerait à 30.000 poseurs de panneaux. « Nous appelons ainsi à la mise sur pied d'une filière nationale du photovoltaïque, explique Laurent Mimaud. À la clé, la création d'écoles et de centres de formation pour acquérir des compétences qui font largement défaut aujourd'hui ».

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L'autre point de blocage se situe au niveau des assurances des bâtiments concernés. Faute d'une évaluation précise des risques avec les nouveaux équipements, les compagnies rechigneraient à continuer à assurer leurs clients. Conséquence en attendant des évolutions réglementaires en France, CréaWatt a déplacé une partie de son développement en Suisse, en Angleterre, en Espagne et en Pologne, pays plus souples sur ce plan. La société y réalisera 20% de ses recettes en 2023.

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