Malgré son jeune âge, - 29 ans -, le Parlement européen situé à Bruxelles, surnommé « Le caprice des Dieux », va se donner les moyens de connaître une seconde jeunesse. Pour près de 500 millions d'euros, le siège de l'hémicycle et de la démocratie européenne, dont la forme rappelle celle du célèbre fromage, va être totalement rénové dans les prochaines années.
Le célèbre bâtiment Paul-Henri Spaak - du nom du premier président du Parlement européen (1952-1954) - n'est en effet plus aux normes de sécurité et encore moins en phase avec les réglementations environnementales actuelles.
Aussi, entre mai et juillet 2020, le chantier a aiguisé l'appétit de 132 candidats répondant à cet appel d'offres colossal, avant que les parlementaires ne retiennent que 15 dossiers.
Le Français Coldefy aux côtés de quatre cabinets européens
L'institution a désormais tranché et l'annoncera en septembre 2022 : le groupement constitué du cabinet français Coldefy et Associés Architectes Urbanistes basé à Lille, Paris et Shanghai - JDS Architects (Belgique-Danemark-Chine) - Ensamble Studio (Espagne) - NL Architects (Pays-Bas) - Carlo Ratti (Italie) a été sélectionné pour « régénérer » l'édifice de 84.000 mètres carrés.
« L'élargissement du projet européen, actuellement à 27 États-membres, et l'évolution des normes de sécurité nécessitent un renouvellement du bâtiment plénier. Dans le même temps, le complexe doit répondre aux exigences d'une organisation transparente », explique, dans une lettre publiée sur le site Internet du Parlement européen, la directrice générale des Infrastructures et de la Logistique, Leena Maria Linnus.
Un « Parlement du peuple » à ouvrir désormais sur la ville
Déjà ouvert sur le parc Léopold de 6,4 hectares de la capitale belge et européenne, l'institution veut désormais s'ériger en « Parlement du peuple ». « L'interaction avec les citoyens est un processus évolutif : d'abord passants, les citoyens évoluent pour devenir visiteurs, participants et, enfin, co-législateurs. Accueillir les citoyens dans toute leur diversité et avec toutes leurs valeurs les encourage à s'inscrire dans le projet européen », poursuit la DG Leena Maria Linnus dans son courrier.
« A la question de savoir s'il fallait le rénover, le démolir-reconstruire ou le transformer, le Parlement européen a poussé à la création d'une intégration urbaine en ouvrant le bâtiment sur la ville et en connectant l'urbain et la nature. Rendre le bâtiment aux citoyens européens, c'est aussi apporter plus de douceur et d'empathie avec la ville », décrypte, auprès de La Tribune, le Français co-lauréat, Thomas Coldefy.
« Donner l'exemple dans sa démarche environnementale globale »
Sur le point d'ouvrir un accueil visiteurs pour que le public vienne s'informer à la source, l'institution européenne a par ailleurs à cœur de « donner l'exemple dans sa démarche environnementale globale », que ce soit en termes d'opérabilité, de maintenabilité, de flexibilité - espace/temps/technologies - et d'adaptabilité. Dans le cahier des charges, le Parlement insiste sur « les meilleures pratiques » dans « un équilibre réfléchi entre simplicité et technologie ».
« L'objet premier est d'en faire un exemple d'écologie, d'environnement et de bien-être incarnant les valeurs architecturales d'aujourd'hui », résume Thomas Coldefy.
Renzo Piano, Shigeru Ban et Snøhetta coiffés au poteau
Ce Français est en effet réputé pour ses réalisations bioclimatiques, c'est-à-dire adaptés au dérèglement climatique et à la préservation des ressources naturelles. Par exemple, il s'apprête à livrer le premier bâtiment du mémorial d'Orlando, décidé après la tuerie dans une discothèque LGBT, de la même façon qu'il finalise une maroquinerie pour Hermès dans les Ardennes et restructure un immeuble de bureaux à Bagnolet pour le capital-investisseur Novaxia.
Aux côtés de son équipe européenne, Thomas Coldefy a en outre coiffé au poteau des grands noms de l'architecture: Renzo Piano, qui a notamment signé avec feu Richard Rogers le Centre Pompidou en 1977, le japonais Shigeru Ban, qui a co-réalisé la Seine Musicale à Boulogne-Billancourt ou encore les norvégiens de Snøhetta qui ont livré le dernier siège du journal Le Monde près de la gare d'Austerlitz.
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