Une entreprise bourguignonne participe à la construction du métro automatisé de Sydney

La société Metalliance, basée en Saône-et-Loire, livrera 12 engins mobiles en Australie. Ces wagons roulants permettront de transporter le matériel nécessaire pour réaliser le tunnel du futur métro de Sydney Ouest (11 kilomètres de tunnels entre Parammatta et le centre-ville), projet qui verra le jour en 2025.
Le porteur multi roues de Metalliance est capable de transporter des charges lourdes, jusqu'à 180 tonnes.
Le porteur multi roues de Metalliance est capable de transporter des charges lourdes, jusqu'à 180 tonnes. (Crédits : Métalliance)

Des wagons à double cabines qui ne roulent pas sur des rails. Telle est l'innovation de la société Metalliance (150 salariés ; 32 millions de CA), rachetée par le groupe Gaussin en 2020, et basée en Saône-et-Loire. Cette technologie « véritable couteaux suisses des engins mobiles de logistiques de chantier », reconnue dans le monde entier, lui permet de participer à de nombreux chantiers internationaux, comme celui du métro de Sydney.

L'entreprise bourguignonne entretient des liens forts avec ses partenaires australiens depuis plusieurs années. Celle-ci avait déjà été sollicitée lors des premières phases du projet de métro de Sydney, en fournissant une quarantaine de véhicules appelés « multi-services » ou VMS. En juin dernier, ce sont douze engins mobiles - d'une valeur de 500.000 euros chacun - qui lui ont été commandés pour acheminer le matériel à l'intérieur du tunnel. Soit environ six mois d'activité avec 50% des effectifs à temps plein sur ce projet. « Les premiers porteurs multi roues devraient être livrés d'ici la fin de l'année », assure Patrick Dubreuille, directeur général de Metalliance. Chaque année, une soixantaine d'engins VMS sortent de l'usine.

Un gain de temps pour les chantiers estimé entre 30 et 40%

Concrètement, comment cela fonctionne ? Pour construire son tunnel, le tunnelier doit transporter chaque anneau du tunnel constitué en plusieurs voussoirs (éléments en béton préfabriqué). Ce dernier creuse et vient poser ces éléments qui constituent au fur et à mesure un tube. Le porteur multi roues de Metalliance - qui est capable de transporter des charges lourdes, jusqu'à 180 tonnes - circule sur ce même tube.

Grâce à cette innovation, le tunnelier peut délivrer son projet dans un temps beaucoup plus court que s'il avait utilisé l'ancienne technologie avec le système à rails. Patrick Dubreuille estime que ce gain de temps est de l'ordre de 30 à 40% sur un chantier : « Le fait de ne pas rouler sur les rails permet d'une part de ne pas avoir ce temps de pose et de dépose des rails ; et d'autre part, de pouvoir réaliser tous les travaux annexes qui sont nécessaires à la finalisation d'un tunnel routier ou ferroviaire, sans attendre que le tunnelier est terminé. »

Des projets d'envergure pour les métropoles qui s'étendent

« Nos projets se situent surtout dans les métropoles qui ont tendance à s'agrandir et où les espaces souterrains sont privilégiés par rapport aux espaces aériens qui deviennent saturés », souligne Patrick Dubreuille. Par exemple, Métalliance a remporté la majorité des marchés du projet du Grand Paris. L'export à l'international représente 80% de son activité.

Ces engins mobiles sont fabriqués dans les usines bourguignonnes de Saint-Vallier et de Génelard, puis exportés à l'international vers l'Australie, mais également vers l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud et l'Asie du Sud-Est.

L'entreprise peut, entre autres, s'enorgueillir d'avoir réalisé des projets d'envergure comme le projet de remplacement du viaduc de Seattle. Metalliance avait fabriqué des « trains à pneus » qui supportaient 180 tonnes de charges pour des tunnels allant jusqu'à 17 mètres de diamètre. Mais aussi des plus petits projets comme pour le chantier du métro de San Francisco, avec des trains à pneus pour des tunnels de 5 mètres de diamètre.

Un marché de niche qui porte ses fruits

Depuis quinze ans, Metalliance s'est positionné sur ce marché de niche. « Nous sommes l'inventeur de ce concept. Avant, les engins mobiles dédiés aux chantiers routiers ou ferroviaires roulaient uniquement sur les rails », précise Patrick Dubreuille. Aujourd'hui, Metalliance partage 60% du marché avec son principal concurrent, TMS (filiale de Herrencknecjt), dont la maison mère se situe en Allemagne.

Créé en 1923, l'entreprise - considérée aujourd'hui comme l'expert français des matériels pour tunnels - était à l'origine spécialisée dans la construction de machines spéciales, telles que des portiques, des systèmes de manutention, des engins sur chenilles, ou des engins sur rails, etc... Ces réalisations représentent désormais une faible part de son chiffre d'affaires (15 à 20 %).

L'avenir de la société s'ouvre aussi à d'autres horizons vers la construction de tracteurs portuaires et logistiques à propulsion électrique et hydrogène/électrique sur l'ancien site de Konecranes, racheté en avril dernier à Saint-Vallier par le groupe Gaussin.

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