
« Quand un porteur de projet vient dans mon bureau, il veut savoir trois choses : les subventions qu'il peut avoir, s'il y a du foncier et s'il peut l'avoir rapidement », témoigne Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l'Industrie. Afin de mener à bien sa quête de réindustrialisation, la France compte proposer à terme aux porteurs de projets industriels une carte de 50 sites industriels clés en main.
« Aujourd'hui, nous avons 280.000 hectares de surfaces industrielles. Pour tenir nos objectifs de réindustrialisation, nous devons en ajouter 20.000 de plus », poursuit le ministre. Avec sa carte de France des sites prêts à l'accueil d'activités industrielles, le locataire de Bercy espère ainsi en identifier au moins 2.000 dans le pays, assez rapidement.
« Par exemple, le projet d'implantation de Soitec dans la région de Grenoble a pris 18 mois entre l'annonce du projet et l'inauguration de l'usine. Un tel délai en France est une exception, mais cette exception doit devenir la norme », prévient Roland Lescure.
Pour rendre concrète cette ambition, ce dernier mise sur les intercommunalités. Présent à Orléans ce jeudi 12 octobre, à l'occasion de la 33ème convention des Intercommunalités de France, Roland Lescure a présenté sa méthode aux présidents de communautés de communes, d'agglomération et de métropoles.
Il n'y aura pas 50 sites dès 2024
Pour les mobiliser, le ministère de l'Industrie compte lancer un appel à candidatures, avec des relevés périodiques. « Mais soyons clair, il y a 1.254 intercommunalités en France. Elles n'auront pas toutes un site industriel clé en main labellisé France 2030 », nuance le cabinet du ministre. L'exécutif ne s'interdit pas non plus d'associer les conseils régionaux et les préfectures dans cette mission de sourcing (référencement).
« Nous allons identifier des sites avec des stades de maturité différents et de taille différentes, de 5 à 200 hectares. Certains nous ont déjà été remontés et semblent bien avancer dans le processus. Nous aurons quelques sites prêts pour une commercialisation dès le début de l'année 2024 », promet le cabinet de Roland Lescure.
L'entourage du ministre est lucide : il sera difficile de proposer 50 zones de foncier industriel disponibles à court terme. Entre les indispensables raccordements au réseau d'eau et/ou d'électricité, la nécessité de mener des études archéologiques, voire des travaux de dépollution dans certains cas, Roland Lescure et ses équipes comptent rendre accessibles ces fonciers avant la fin du quinquennat en cours, soit en 2027. « Les sites seront classés par catégories : ceux disponibles dès maintenant, ceux qui le seront en 2025, puis 2026, etc », précise-t-on à Bercy.
Une première édition peu convaincante
Pourtant, cette initiative n'est pas la première du genre dans l'Hexagone. Entre 2020 et 2021, le gouvernement a labellisé 127 sites industriels « clés en main ». A demi-mot, le cabinet de Roland Lescure reconnaît toutefois que la sélection n'a pas été menée de manière idéale et que certains paramètres déterminants d'un terrain de la sorte n'ont pas toujours été pris en compte avant d'être labellisé.
« Nous sommes en train de récupérer des retours d'expérience pour chacun de ces 127 sites industriels. Tous n'ont pas trouvé preneur, car nous n'avons pas assez cadré sur les critères de sélection au départ. Avec cette nouvelle génération de sites clés en main pour l'industrie, l'idée est 'dérisquer' chaque terrain en arrivant à des stades de maturité entre 70 et 80%. Nous allons mettre en place un processus d'accompagnement pour soutenir les intercommunalités jusqu'à la commercialisation », détaille le cabinet.
Certains sites de la première génération pourraient être intégrés à la carte des 50 attendue au début de l'année 2024. Pour mener à bien cet accompagnement et faciliter la commercialisation de ces nouveaux fonciers industriels, le gouvernement a fléché 200 millions d'euros par an, et sur cinq ans, apportés par la Banque des Territoires. Des enveloppes du « Fonds vert » pourraient aussi être utilisées.
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