Prix alimentaires : l'Etat veut remettre les industriels et les distributeurs autour de la table

Dans un courrier adressé aux enseignes et aux industriels, l'exécutif demande aux acteurs de la grande distribution de se remettre autour de la table afin de reprendre des négociations commerciales. Objectif affiché, poursuivre la lutte contre l'envolée des prix dans les rayons. La principale organisation patronale de l'agroalimentaire a dit prendre acte de ce courrier, tout en rappelant que ces dispositions sont déjà prévues dans les contrats.
Bruno Le Maire et Olivia Grégoire ont demandé aux supermarchés et à leurs fournisseurs industriels de « s'inscrire de façon volontaire » dans une « perspective de renégociation infra-annuelle des contrats ».
Bruno Le Maire et Olivia Grégoire ont demandé aux supermarchés et à leurs fournisseurs industriels de « s'inscrire de façon volontaire » dans une « perspective de renégociation infra-annuelle des contrats ». (Crédits : Reuters)

Les industriels et les supermarchés vont-ils répondre favorablement à l'appel du gouvernement ? Dans un courrier révélé par Les Echos jeudi soir, et consulté par l'AFP, le gouvernement a demandé l'ouverture d'une nouvelle séquence de négociations commerciales pour faire baisser les prix en rayons « chaque fois que cela sera objectivement justifié ».

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Tous deux signataires de cette lettre, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire ont demandé aux supermarchés et à leurs fournisseurs industriels de « s'inscrire de façon volontaire » dans une « perspective de renégociation infra-annuelle des contrats », déterminant les conditions de ventes des denrées qui garnissent les rayons des supermarchés.

Des dispositions déjà prévues dans les contrats

Objectif affiché, faire en sorte « que les prix de cession soient revus à la baisse à chaque fois que cela sera objectivement justifié », détaillent les ministres. Ces derniers demandent ainsi aux industriels d'« examiner avec la plus grande attention les demandes de renégociation qui leur seront transmises dès les premiers signes de décrue de l'inflation à l'amont ».

« Nous engageons les distributeurs à veiller à ce que les réductions de prix qui pourront résulter de cette renégociation soient, le moment venu, restituées aux consommateurs, intégralement et sans délai », assènent encore Bruno Le Maire et Olivia Grégoire dans ce courrier adressé notamment à l'Ania, la principale organisation patronale de l'agroalimentaire, et à l'Ilec, représentant de nombreux industriels vendant sous marque nationale (comme Nestlé, Danone ou L'Oréal).

Interrogée par l'AFP, l'Ania indique avoir « bien pris acte de ce courrier qui rappelle ce qui est déjà prévu dans les contrats ». Ces derniers comportent, selon elle, « des clauses de renégociations ou de révisions » qui prévoient une renégociation, si les baisses de prix sont « avérées et objectivées pour les entreprises ».

Une envolée des prix alimentaires...

Le courrier adressé par Bercy n'est donc pas une surprise. D'autant plus que le gouvernement avait annoncé début mars qu'une réouverture de ces négociations interviendrait courant 2023, « de façon à ce que la baisse des prix de gros que nous observons sur les marchés » puisse « se traduire » aussi en rayons, soulignait Bruno Le Maire.

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Le ministre avait alors souhaité que « les négociations commerciales entre les industriels et les grands distributeurs rouvrent dès le mois de mai », alors que Bercy les avait jusqu'alors envisagées en juin. « Je vois que tous les produits alimentaires baissent sur les marchés » de gros, avait observé Bruno Le Maire, qui jugeait que cette situation devrait permettre de faire reculer les prix au détail de l'alimentation.

Chaque année, les supermarchés négocient avec leurs fournisseurs les conditions auxquelles ils leur achèteront, pour l'année à venir, leur production qui garnira les rayons des magasins. Les dernières négociations en date, achevées le 1er mars, ont abouti dans la douleur à une hausse moyenne de quelque 10% des prix payés par les supermarchés aux industriels. Elle résulte de la prise en compte de l'augmentation des coûts de production (énergie, transports, matières premières, emballages...), selon les deux camps.

... Qui risque de se poursuivre ?

Mi-mars, le président de Système U, Dominique Schelcher, avait appelé le gouvernement à réformer ce système, souhaitant que la discussion soit « permanente entre producteurs et commerçants pour prendre en compte l'évolution du prix des matières premières ».

Le courrier adressé par Bruno Le Maire et Olivia Grégoire intervient alors que le Parlement a adopté fin mars une proposition de loi du député Renaissance Frédéric Descrozaille, qui modifie à titre expérimental les relations commerciales entre les supermarchés et leurs fournisseurs. Elle prévoit notamment la prolongation de l'interdiction de vendre des aliments à « prix coûtant ».

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Selon l'UFC-Que Choisir, les consommateurs sont les principaux perdants de cette disposition. Une Commission du sénat avait ainsi estimé que les opérations promotionnelles à prix coûtant auraient pu représenter 600 millions d'euros d'économies potentielles chaque année pour les clients des grandes surfaces.

Le projet de loi prévoit également l'encadrement des promotions sur les produits « DPH » : droguerie, parfumerie, hygiène, entretien. Couches, shampoing, cotons, maquillage et autres rasoirs ne pourront plus faire l'objet de remises supérieures à 34%. La mesure n'entrera toutefois en vigueur qu'au 1er mars 2024. Cette fois, il s'agit de protéger les revenus des fabricants de ces produits. Selon des experts du secteur, la mesure va également peser sur le pouvoir d'achat des consommateurs qui achètent bien souvent ces produits lors d'opérations promotionnelles, profitant de remises largement supérieures à 34%.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 07/04/2023 à 15:22
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C'est le consommateur qui a seul le pouvoir de faire baisser les prix. Si c'est trop cher, il ne faut pas acheter. Les fournisseurs et distributeurs seront alors obligés de baisser leurs prix pour vider leurs stocks. Corollaire, il faut absolument ...

à écrit le 07/04/2023 à 9:00
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Ce sont des gesticulations qui ne mènent à rien, qui ne servent à rien. La montée des prix de l'alimentaire est inéluctable en France : Et oui, l'argent ne se mange pas, trop de gens ont tendance à l'oublier. Imprimer des billets, c'est facile, faire...

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