Les directeurs d'Ehpad réclament 20.000 recrutements contre les 3.000 prévus dans le budget Sécu

Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 prévoit le recrutement de 3.000 aides-soignants et infirmiers supplémentaires dans les Ehpad, Jean-Pierre Riso, le président de la Fnadepa, l'une des principales associations de directeurs d'Ehpad, plaide pour que ce chiffre soit porté à... 20.000 pour que les établissements puissent faire face aux difficultés « inouïes » auxquelles ils sont confrontés.
Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa réclame au gouvernement le financement dès l'an prochain 20.000 recrutements dans ce secteur.
Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa réclame au gouvernement le financement dès l'an prochain 20.000 recrutements dans ce secteur. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

« Les vieux méritent mieux! Nous alertons depuis des années sur cette situation, mais nous avons le sentiment de n'être jamais entendus, jamais prioritaires. » Tel est l'appel lancé, mardi lors d'une conférence de presse, par Jean-Pierre Riso, le président de la Fnadepa, l'une des principales associations de directeurs d'Ehpad.

Selon lui, les maisons de retraite sont confrontées à des difficultés « inouïes » de recrutement et à l'épuisement des salariés en poste, une situation encore aggravée par le départ de nombreux professionnels. Et des difficultés économiques s'y sont ajoutées, dues à l'inflation et à la non-compensation intégrale par l'État des augmentations de salaire récemment accordées aux salariés.

Une « feuille de route » qui arrive trop tard

Pour l'association, qui regroupe environ 1.400 des 10.000 directeurs d'Ehpad, résidences autonomie et résidences seniors, pas question d'attendre le délai de six mois que s'est accordé Jean-Christophe Combe, le ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées nommé le 4 juillet dernier, pour présenter une « feuille de route » destinée à répondre à la crise, comme il l'a annoncé mi-septembre. Ce calendrier a, en effet, ulcéré les représentants du secteur qui réclament des « mesures d'urgence ».

D'autant que, pour élaborer cette « feuille de route », le ministre entend mener des « ateliers citoyens » avec une première réunion avec les représentants du secteur prévue le 11 octobre, selon l'entourage de Jean-Christophe Combe. Or, sur ce sujet, de nombreuses concertations ont déjà eu lieu depuis des années, a observé Jean-Pierre Riso: « Tout a été dit, tout a été écrit. Nous considérons que cette énième concertation ne sert à rien et nous n'avons donc pas prévu d'y participer », a-t-il affirmé, mardi.

Des besoins estimés à 20.000 recrutements, soit presque 7 fois plus que prévu

Le président de la Fnadepa réclame donc au gouvernement le financement dès l'an prochain de 20.000 recrutements dans ce secteur, au lieu des 3.000 prévus dans le budget de la « Sécu ». Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023 présenté en Conseil des ministres le 26 septembre dernier, ambitionne de faire progresser les dépenses pour la prise en charge des personnes âgées et handicapées jusqu'à 30 milliards d'euros l'année prochaine.

Cette somme prévoit, en effet, que « les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) vont bénéficier de 3.000 aides-soignants et infirmiers supplémentaires en 2023 ».

« D'ici 2027, 50.000 postes doivent être créés dans ces établissements », est-il cependant précisé sur le site vie-publique.fr.

En outre, « afin que les maisons de retraite puissent compenser l'impact de l'inflation sur leurs charges non-salariales, 440 millions d'euros de crédits supplémentaires sont budgétés. Elles auront également accès, comme les particuliers, au "bouclier tarifaire" ».

Le PLFSS prévoit également qu'« à la suite de l'affaire "Orpéa" [dévoilée par le livre-enquête, Les Fossoyeurs, du journaliste Victor Castanet en janvier 2022, Ndlr], les Ehpad seront mieux contrôlés avec l'édiction de nouvelles règles de transparence et de régulation financière », précisant qu'en 2022, « un plan de contrôle des 7.500 Ehpad a déjà été lancé, et des mesures réglementaires ont été prises ».

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Les recommandations de la Cour des comptes

Au-delà des contrôles, c'est bien le manque de personnel qui explique les faiblesses de ces établissements soulignait, néanmoins, la Cour des comptes dans son rapport annuel en février 2022.

L'institution alertait notamment sur le manque de personnel médical. Sur les 377.000  postes à temps plein que comptent ces résidences, les médecins représentent moins de 1%, les infirmiers 11% et les aides-soignants 33%. Le taux d'absentéisme y est par ailleurs élevé, autour de 10%, indiquait-elle, regrettant qu'à défaut, les Ehpad embauchent du personnel pas assez qualifié.

Dans son rapport, la Cour des comptes appelait donc l'exécutif à lancer rapidement des travaux de modernisation dans ces structures avec, comme priorité, d'améliorer les conditions de travail des personnels, notamment via la formation, l'acquisition des compétences, mais aussi en engageant des réflexions autour des plannings ou des progressions de carrière.

Elle préconisait également de repenser l'organisation des établissements sur le territoire pour qu'ils ne soient pas trop isolés et de mettre en place une meilleure articulation entre les Ehpad et les filières de soins, ainsi que les établissements de santé.

(avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 05/10/2022 à 17:30
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