Hôtellerie-restauration : les patrons proposent +10,5% d'augmentation de salaires, les syndicats réclament le triple

Comment redonner de l'attractivité à un secteur où les conditions de travail sont notoirement pénibles, et convaincre les salariés de revenir? Les organisations patronales de la branche ont proposé hier soir une grille des salaires commune avec une moyenne d'augmentation de 10,5%, vantant une offre améliorée par rapport à celle d'octobre. Pour les représentants de salariés, le compte n'y est pas, loin de là. Explications.
(Crédits : Reuters)

Augmenter les salaires dans l'hôtellerie-restauration sera-t-il suffisant pour convaincre les salariés de revenir travailler dans cette branche notoirement connue pour ses conditions de travail difficiles (petits salaires, grandes amplitudes horaires)? C'est ce que pensent les organisations patronales de la filière qui ont proposé jeudi une nouvelle grille des salaires avec une moyenne d'augmentation de 10,5%, lors des négociations avec l'ensemble des syndicats de la branche. La principale organisation patronale du secteur, l'UMIH, explique dans un communiqué avoir même rehaussé la précédente offre:

"Les organisations professionnelles du secteur (GNC, GNI, SNRTC, UMIH) ont présenté une grille des salaires commune avec une moyenne d'augmentation de 10,5%, soit au-delà de ce qui avait été annoncé début octobre. »

Une offre de façade, selon FO

Qu'en pensent les intéressés ? Pas que du bien. Par exemple, Nabil Azzouz (FO, 3e syndicat de la branche), au sortir de la réunion, estime que cette offre est une offre de façade, car en réalité, de 60% à 80% des salariés devront se contenter de 3 à 4% d'augmentation, ce qui "ne rattrape même pas l'inflation":

« Ils viennent juste avec une grille qui ne répond pas aux attentes (...) La masse des salariés des premiers niveaux, qui concerne entre 60% et 80% du personnel, va bénéficier de 3% à 4% d'augmentation seulement. Cela ne rattrape même pas l'inflation. En plus, c'est cette population qui part en masse et qu'on essaye d'attirer », a-t-il souligné auprès de l'AFP.

En outre, le syndicaliste pointe un nouvel écart "inquiétant" apparu dans cette grille:

"Il y a 20% d'augmentation prévue pour les niveaux 5, c'est-à-dire les patrons. Il faut être rationnel, cette orientation est inquiétante."

Du côté de la CGT, premier syndicat de la branche, même analyse, même son de cloche: pour Arnaud Chemain, "le compte n'y est pas", a-t-il confirmé:

"C'était plus une réunion qu'une négociation. La CGT et la CFDT (2e syndicat) ont fait des contre-propositions et les employeurs nous ont répondu qu'ils n'avaient pas de mandat de leurs conseils d'administration pour négocier. On a senti une grosse crispation".

"Selon leur proposition, le bas de l'échelle gagne 3,5%. Cela représente 48,50 euros brut par mois en plus. Dans les niveaux plus élevés, les augmentations sont plus significatives", a-t-il lui aussi relevé.

Les syndicats répliquent en demandant... le triple

Très remontés, les syndicats de salariés ont donc répliqué par une contre-proposition de grille des salaires comportant une augmentation moyenne de 34,50%.

Le représentant CGT explique : "Nous avons proposé 25% d'augmentation et la CFDT a été encore plus gourmande."

Du coup, à la CFDT, Stéphanie Dayan précise:

"Notre proposition était la plus élevée, mais sans 13e mois. Et quand on retire les cadres, on est à 24%."

"J'ai dit que nous souhaitions une augmentation modérée si elle s'accompagnait de la mise en place du 13e mois", précise à son tour son collègue de FO.

Lire aussi 4 mnSalaires, pénibilité: les attentes des travailleurs de l'hôtellerie-restauration

C'est trop pour le négociateur de l'UMIH : "Je n'ai jamais vu ça"

Au final, c'est une demande d'augmentation moyenne de 34,5% qui a été adressée au patronat de la branche par les syndicats. Réaction de l'UMIH au nom des quatre organisations professionnelles:

"Côté salarié, pour seule réponse, une contre-proposition de grille des salaires avec une augmentation moyenne de 34,50% nous a été présentée" (...) "Cette proposition est déconnectée de la réalité économique et financière des entreprises, en cette période de sortie de crise."

Et Thierry Grégoire, le négociateur de l'UMIH, joint par l'AFP, n'est pas loin de piquer une colère :

"La négociation n'est pas un chantage", a-t-il déploré, "je n'ai jamais vu ça. Beaucoup de salariés sont dans des niveaux intermédiaires et on a encore un million de salariés qui méritent d'être revalorisés."

Après les salaires, ouverture du volet "conditions de travail"

Comment va se jouer la suite ? Pour Stéphanie Dayan (CFDT), "des choses vont maintenant se décanter en bilatérales, on a quatre semaines pour avancer tranquillement".

Du côté patronal, ça s'annonce moins tranquille : le négociateur de l'UMIH prévient en ces termes les syndicats, qu'il appelle à la responsabilité :

"On est prêt à rediscuter, mais pas à ces niveaux. On a un agenda avec deux calendriers: la grille des salaires puis des négociations sur le reste et les conditions de travail. Ce serait irresponsable de ne pas signer une nouvelle grille avant la fin de l'année."

Ces négociations sont suivies de près par le ministère du Travail alors que ce secteur a été particulièrement fragilisé par la crise sanitaire. La prochaine réunion est prévue pour le 16 décembre.

Lire aussi 3 mnSalaires : hôtels, cafés, restaurants..."doivent se remettre en question", dit Elisabeth Borne qui attend des propositions

(Avec AFP)

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Commentaires 8
à écrit le 20/11/2021 à 11:42
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Les restaurateurs et Sarko nous ont enfumé il y a 10 ans avec la tva … ils n ont pas augmenté les salaires comme ils s y étaient engagés… qu ils ds assument et ces demerdent… Perso je ne vais plus que dans des restau qui ne revendent pas du métro et...

à écrit le 20/11/2021 à 11:41
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Les restaurateurs et Sarko nous ont enfumé il y a 10 ans avec la tva … ils n ont pas augmenté les salaires comme ils s y étaient engagés… qu ils ds assument et ces demerdent… Perso je ne vais plus que dans des restau qui ne revendent pas du métro et...

à écrit le 19/11/2021 à 14:04
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Les pauvres serveurs, ils se sont laissé entraîner dans le train train d'un boulot sans se rendre compte qu'on peut vivre ailleurs. Le repère c'est 1600€ nets par mois, la somme avec laquelle tu as le droit d'éxister.

à écrit le 19/11/2021 à 13:16
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Pour le secteur de l’hôtellerie-restauration, le manque d’attractivité du métier est notamment lié aux salaires, jugés insuffisants. Les rémunérations du secteur « ne sont pas à la hauteur », considère de son côté la ministre du Travail Élisabeth Bor...

à écrit le 19/11/2021 à 13:07
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Il faut aller taper à la porte de Jean Castex et lui demander des chèques : il en a une infinité et son compte bancaire personnel est plein à craquer ! MDR !

à écrit le 19/11/2021 à 10:40
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les restaurateurs sont de vrais radins, quand sarkozy a baissé la TVA de 20% à 5,5%, pratiquement aucun salarié n'a vu son salaire augmenté. restaurateurs = rapes.

à écrit le 19/11/2021 à 9:21
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Non mais c'est vrai les patrons ne se rendent vraiment pas compte ! le control de tous ces pass sanitaires, c'est du boulot en plus !

à écrit le 19/11/2021 à 9:19
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Les patrons ne veulent pas que leurs employés reviennent, petits patrons, gros patrons ils ont tous des oursins dans les poches mais ont ils le choix avec des mégas riches qui ne payent pas leurs impôts en France alors qu'ils y ont fait leurs fortune...

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