Ryanair profite du boulevard laissé par Air France pour débouler en régions

La compagnie low-cost irlandaise a annoncé l'ouverture de deux bases d'exploitation en France, à Marseille et à Bordeaux.
Fabrice Gliszczynski
Disposer d'une base d'exploitation apporte évidemment beaucoup plus d'efficacité pour une low-cost qui veut monter en puissance sur un aéroport.
Disposer d'une base d'exploitation apporte évidemment beaucoup plus d'efficacité pour une low-cost qui veut monter en puissance sur un aéroport. (Crédits : Wolfgang Rattay)

C'est un coup très dur pour le groupe Air France. Déjà attaqué en région par les compagnies low-cost Easyjet et Volotea, Air France observe, impuissant, le développement à marche forcée de l'ogre Ryanair sur le marché français. Alors qu'elle ne comptait aucune base d'exploitation dans l'Hexagone jusqu'ici, la compagnie irlandaise a annoncé coup sur coup ce jeudi 27 septembre l'ouverture, au printemps 2019, d'une base d'exploitation à Marseille et à Bordeaux avec deux Boeing 737-800  basés dans chacun de ces deux aéroports qu'elle dessert déjà.

Un fort levier de développement

La création d'une base implique que les personnels navigants et les avions "dorment" localement. Sur le plan commercial et opérationnel, elle constitue un fort levier de développement. Elle permet d'assurer le premier vol du matin au départ d'un aéroport et de pouvoir faire ainsi un aller-retour journée, très demandé par la clientèle affaires, un segment de marché que cible justement aujourd'hui Ryanair. Disposer d'une base d'exploitation apporte évidemment beaucoup plus d'efficacité pour une low-cost qui veut monter en puissance sur un aéroport.

Deuxième tentative à Marseille

A Marseille, il s'agit de la deuxième tentative. La compagnie avait en effet créé une base en 2007 mais avait dû la fermer en 2010, après avoir été accusée, puis condamnée en 2014 (cette condamnation a été annulée mi-septembre), pour travail dissimulé. Basés à Marseille, les personnels navigants de Ryanair avaient des contrats de droit irlandais et ne payaient aucune charge en France, contrairement aux dispositions d'un décret de 2006 obligeant toute compagnie basée à employer du personnel sous contrat français. Ryanair estimait que, dans la mesure où ses avions étaient immatriculés en Irlande, ses personnels devaient travailler sous contrat irlandais. La Cour de cassation vient d'annuler la condamnation de Ryanair et un autre procès va avoir lieu. Peu importe, Ryanair revient à la charge en promettant des contrats français pour ses navigants.

Seize nouvelles lignes seront créées à Marseille et 11 à Bordeaux. Dans les deux cas, la compagnie estime que l'activité liée aux deux avions basés représentera la création de  60 nouveaux emplois directs, pilotes et personnels de cabine.

Ce n'est qu'un début pour la compagnie irlandaise. Deux autres bases en France devraient être annoncées cet hiver. D'ici à deux ans, Ryanair entend baser dans l'Hexagone une trentaine d'avions afin de doubler son trafic en France d'ici à 4 ans, à 20 millions de passagers.

Quel avenir pour HOP et Transavia?

Le coup est rude pour Air France. En comptant la flotte d'Easyjet (34 avions basés aujourd'hui), celle de Volotea ou de Vueling, Air France aura en face d'elle une offre low-cost basée supérieure à celle de sa filiale régionale HOP (66 avions). Les low-cost semblent avoir un boulevard devant elles. HOP est en grande difficulté et Transavia France, la low-cost d'Air France est, à l'exception de Lyon et de Nantes, absente des aéroports régionaux.

La crise de gouvernance qu'a rencontrée Air France-KLM a retardé la prise de décision sur la restructuration et le repositionnement de HOP et le développement de Transavia au-delà du seuil de 40 avions fixé dans un accord avec le syndicat national des pilotes d'Air France, lequel seuil sera atteint d'ici à deux ans. Sachant que le nouveau directeur général du groupe, Ben Smith, devra au préalable régler le conflit salarial à Air France, avant de lancer son plan stratégique et que certains dossiers clés nécessiteront des négociations avec les pilotes dont l'expérience a montré qu'elles pouvaient être très longues, la partie n'est-elle déjà pas perdue pour Air France en régions ? Car, quand bien même les décisions seraient rapidement prises pour faire sauter le verrou des 40 avions et repositionner HOP, derrière, il faudrait encore trouver des avions rapidement et avoir les moyens de les financer.

Le conseil d'Air France-KLM va entériner aujourd'hui une nouvelle gouvernance censée relancer le groupe. Or, ce 27 septembre 2018 pourrait devenir le point de non retour pour Air France en région.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 18
à écrit le 30/09/2018 à 15:21
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Le type de desserte quon est en droit d'attendre des opérateurs du secteur aérien devrait être autre chose que la rentabilité optimale. Aujourd'hui, un besoin lié à du tourisme peut primer sur un besoin lié à du développement économique. La preuve ?...

à écrit le 28/09/2018 à 14:18
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Dans le temps, il y avait Air Inter, monopole d’Etat, qui régnait sans partage et au prix fort sur tout le trafic intérieur. Maintenant, on a des compagnies privées : EasyJet, RyanAir, Transavia, etc... qui ont pris le marché en traitant mieux leurs ...

le 28/09/2018 à 19:04
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Ryanair et Easy jet traitent mieux leur clients..... Ça pourrait faire rire.

à écrit le 28/09/2018 à 13:29
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Avec quels pilotes? Ils ont une hémorragie de PNT (je ne parle pas des grévistes) qui rejoignent les autres compagnies qui elles ne méprisent pas leur personnel. C’est ambitieux comme programme...

à écrit le 28/09/2018 à 11:31
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perso je boycotte cette compagnie un point c'est tout. Nous avons tous un pouvoir énorme pour faire plier les compagnies ou n'importe quelle entreprise! Utilisons le. Par ex: une low cost oblige à n'avoir qu'un seul bagage (valise et sac à main) ma ...

à écrit le 28/09/2018 à 10:31
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Ce qui limite la croissance de TRANSAVIA,c'est avant tout le manque de pilotes car tous les nouveaux embauchés ont maintenant des contrats AF. L'exploitation AF et HOP est perturbée aussi au quotidien par le manque de pilotes (merci DE JUNIAC),donc R...

le 28/09/2018 à 13:26
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Vous avez hélas raison, le manque de pilote freine la croissance du groupe. Bravo le manque d’anticipation des cadres AF... à quoi servent les DRH?

à écrit le 28/09/2018 à 9:21
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La compagnie aérienne Ryanair est touchée ce vendredi par une nouvelle grève dans six pays européens qui doit perturber les vols de plus de 40 000 passagers. La compagnie aérienne à bas coûts Ryanair prévoit l'annulation de 250 vols sur les 2 400 pr...

à écrit le 27/09/2018 à 19:44
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La limitation du nombre d'appareils chez Transavia est une absurdité économique !! Les pilotes du SNPL travaillant CONTRE leur employeur, ils doivent penser qu'il est préférable de créer des emplois chez les concurrents plutôt que chez AF-KLM !!!

le 27/09/2018 à 23:26
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Les pilotes Transavia proviennent maintenant tous d’Air France. Donc les pilotes d’AF sont nécessairement d’accord avec un développement de Transavia car ce sont eux qui piloteront les avions. Renseignez vous un peu avant d’accuser le SNPL de tous l...

le 28/09/2018 à 0:02
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Air France doit être l'une des seules sociétés au monde dans laquelle les syndicats en limite l'expansion. C'est l'exception française que le monde entier nous envie sans bêtement jamais l'imiter

le 28/09/2018 à 10:40
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Êtes-vous en train de prétendre que Transavia France peut mettre en service autant d'appareils que la compagnie le souhaiterait sans que le SNPL AF ne puisse s'y opposer ? Êtes-vous en train de prétendre que le chiffre d'une limite à 40 appareils est...

le 28/09/2018 à 13:25
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La limitation à 40 avions n’est pas une limitation mais un point de rendez vous. Il est hors de question de bloquer la croissance de Transavia. Ça a pris du temps pour rentrer dans le crâne du SNPL mais cela fait quelques années que c’est acquis. ...

à écrit le 27/09/2018 à 16:53
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Hop! n'est pas une compagnie à bas-coûts. Elle et Ryanair ou easyJet ne sont absolument pas en concurrence.

le 28/09/2018 à 0:04
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Vous raison Hop c'est du hight cost avec un service low cost.

à écrit le 27/09/2018 à 14:57
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Après s'être gavé impunément d'argent public dans nos aéroports de province, Ryanair peut se permettre un investissement massif là ou les concurrents ( EasyJet, Air France,...) devront investir prudemment. Les quelques emplois français permettront d...

à écrit le 27/09/2018 à 14:49
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Encore un article commandé

à écrit le 27/09/2018 à 14:08
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Il y a de nombreuses années que ce point de non retour est dépassé , Un exemple :je vais aller fin novembre de MRS à LON : moins de 100 euros et 2 heures en vol direct easyjet ; plus de 400 et 4 heures avec AF en correspondance à PARIS . Le choix e...

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