
La prise de conscience de l'urgence environnementale et le regard critique des Français face à la société de consommation peinent encore à engendrer une modification significative des comportements en matière d'économie circulaire. C'est ce que montre une étude réalisée en 2019, avant la crise du coronavirus, dans cinq pays européens (Allemagne, Belgique, France, Pologne, Royaume-Uni) par L'Observatoire société et consommation (L'Obsoco) pour la société d'emballage DS Smith.
Avec les Polonais, les Français sont en effet les plus nombreux, parmi les habitants des cinq pays étudiés, à penser que "les questions environnementales sont l'enjeu majeur auquel doivent faire face les sociétés humaines". Ils ne sont en outre que 27% à estimer que "le bilan de la mondialisation est globalement positif", alors que dans les autres pays cette conviction n'est jamais partagée par plus de 40% de la population. 64% des Français affirment encore avoir intégré la protection de l'environnement dans leurs comportements de consommation: plus que les Allemands, les Belges et les Anglais.
Pourtant, avec les Belges, les Français sont les plus nombreux (25%) à affirmer ne pas être préoccupés par la question des emballages. Plus d'un Français sur quatre affirme d'ailleurs jeter "au moins une fois par semaine" dans ses ordures ménagères ordinaires des déchets bien recyclables en France: conserves et canettes, papiers et cartons, briques, bouteilles en plastique.
Peu d'appétence pour les produits incorporant de la matière recyclée
Les Français sont aussi ceux, parmi les Européens interrogés, qui disent être le moins attentifs, lors de l'achat de produits alimentaires, à "l'absence d'emballages superflus", à "la minimisation des matières consommées dans les emballages (poids, volume...)", ainsi qu'à "la présence de matériaux recyclés dans les emballages" ou au "caractère recyclable des matériaux utilisés". Les meilleurs élèves, sur tous ces points, sont selon l'étude plutôt les Britanniques. La France est ainsi le pays où l'appétence pour les produits incorporant de la matière recyclée est la plus faible, notamment lorsque ces derniers sont plus chers.
L'étude fait aussi émerger en creux deux explications possibles de cet intérêt relativement faible pour les emballages en France. Parmi les cinq peuples interrogés, les Français sont ceux qui se sentent le moins bien informés sur les bonnes pratiques en matière de tri des emballages, sur leur recyclabilité comme sur l'incorporation de matériaux recyclés. Et alors qu'en Allemagne, en Pologne et au Royaume-Uni le martèlement par les médias "des problèmes que posent les emballages" est le facteur clé de la préoccupation qu'ils suscitent, en France et en Belgique c'est plutôt une autre considération qui prime, selon l'étude: l'acceptabilité sociale.
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