La fintech Younited déboule sur le marché du paiement fractionné, nouvel eldorado du crédit à la consommation

La fintech, spécialisée dans le crédit à la consommation en ligne, vient de lever 170 millions de dollars auprès d’investisseurs et entre ainsi dans le club très prisé des licornes. Elle compte diversifier sa solution Younited Pay de paiement étalé sur des durées courtes et des petits montants. Et marcher ainsi sur les plates-bandes des acteurs du paiement fractionné.
Thomas Beylot, Charles Egly et Geoffroy Guigou ont imaginé en 2009 Younited pour rendre le crédit à la consommation moins cher et plus simple.
Thomas Beylot, Charles Egly et Geoffroy Guigou ont imaginé en 2009 Younited pour rendre le crédit à la consommation moins cher et plus simple. (Crédits : YC)

Le secteur des paiements continue d'attirer les investisseurs. La fintech française Younited, spécialisée dans la distribution de crédit à la consommation, vient de boucler un nouveau tour de table de 170 millions de dollars, auprès de ses actionnaires historiques (Eurazeo, Bpifrance, AG2R) et de deux nouveaux investisseurs, Goldman Sachs AM et Bridgepoint. Depuis sa création en 2009, la startup, qui dispose d'un agrément bancaire, aura levé 400 millions de dollars. Et cette dernière opération lui permet d'accéder au statut de licorne (plus d'un milliard d'euros de valorisation), qui fait désormais rêver toutes les places européennes.

« A date, avec 2,6 milliards d'euros de crédits distribués depuis 2013 auprès d'un demi-million de clients, notre objectif aujourd'hui est très simple : c'est celui de grossir alors que nous avons moins d'1% de part de marché en France, grossir fortement auprès des particuliers, dans les cinq pays où nous sommes présents, mais aussi signer de nouveaux partenariats en B2B », résume Charles Egly, patron et cofondateur de Younited.

Au départ, Younited s'est lancée sur un modèle collaboratif de crowdfunding, en collectant de l'épargne auprès des particuliers ou des institutionnels pour proposer des crédit à la consommation amortissables, plutôt sur des durées longues, de 24 à 48 mois, pour des montants de 1.000 à 50.000 euros.

Il a très tôt adopté l'open banking, via un partenariat avec Linxo en 2018, pour permettre la capture de données bancaires (avec l'autorisation du client) afin de renforcer un scoring automatisé. Enfin, il a développé une activité B2B, Younited Partners, en proposant, en marque blanche, sa plateforme technologique à d'autres néobanques, comme récemment Orange Bank, ou à d'autres fintech (N26, Lydia...), voire à des marchands ou des opérateurs télécoms.

Une offre gratuite sur les durées courtes

Younited a ainsi réussi à développer une plateforme de crédit pour les TPE en trois semaines, en pleine crise sanitaire, pour le compte de Bpifrance. Et la startup a conclu un partenariat avec Microsoft permettant aux acheteurs Xbox d'étaler leur paiement, selon une formule de crédit qui ressemble fort à du paiement fractionné. Le même modèle est appliqué en partenariat avec Free pour financer la box haut de gamme Delta.

Le paiement fractionné sous la forme de crédit étalé est d'ailleurs l'axe de développement d'United Pay. De quoi doper un peu plus la valorisation de la fintech tant le paiement fractionné est devenu le nouvel eldorado du crédit à la consommation. Même le projet de régulation de la future directive européenne sur le crédit à la consommation ne semble pas effrayer Younited, déjà habitué à distribuer ses crédits sous contrainte réglementaire.

« Nous allons désormais nous lancer sur du crédit de courte durée, de moins de six mois, et de petits montants, un service que nous proposerons gratuitement aux clients et aux marchands », annonce Charles Egly. Dans son mode opératoire, ce n'est pas tout à fait du paiement fractionné, mais cela y ressemble fort. Mais du coup, la solution Younited Pay, déjà opérationnelle auprès de certains partenaires pour des paiements de 3 à 48 mois, se trouvera de plus en plus en concurrence frontale non seulement avec les acteurs historiques comme Oney Bank ou Floa Bank, mais aussi avec les nouveaux venus, comme KlarnaPaypalAlma ou Pledg.

Accroître la notoriété de la marque

« Sur l'activité B2C, nous sommes aujourd'hui rentables en France depuis 2019 et, en Italie, depuis fin 2020. Il reste donc l'Espagne, le Portugal et l'Allemagne. Sur l'activité en B2B, nous sommes toujours dans une logique d'investissement. Nous souhaitons parvenir à équilibrer nos revenus entre les activités B2C et B2B d'ici 2023 », avance Charles Egly.

La levée de fonds vise d'ailleurs à consolider la présence de la fintech sur ses marchés européens et à conquérir de nouvelles enseignes. La société devra également muscler ses effectifs, notamment sur le plan technologique, et compte ainsi recruter 200 personnes d'ici la fin 2022 (sur un effectif actuel de 440 salariés).

Une part du financement sera également consacrée à la notoriété de la marque. « Nous sommes bien identifiés dans l'écosystème mais nous souffrons toujours d'un déficit de notoriété auprès du grand public. C'est pourquoi nous allons lancer une nouvelle campagne média TV », explique le dirigeant.

La bataille ne fait donc que commencer alors qu'un nombre croissant d'acteurs se bousculent sur le marché du paiement fractionné et du crédit en ligne. « A terme, il ne devrait rester que cinq ou six acteurs sur le marché », nous confie un professionnel du crédit. Younited compte bien figurer dans le lot.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.