Aéronautique : Boeing va verser 425 millions de dollars d'avance à son sous-traitant Spirit

L'objectif de cette manœuvre financière : maintenir un niveau de production permettant à Boeing d'honorer ses commandes envers ses propres clients, après avoir enregistré une baisse des livraisons d'appareils sur les premiers mois de l'année.
Selon les termes de l'accord, Spirit AeroSystems doit rembourser Boeing par tranches, entre le 12 juin et le 16 octobre de cette année.
Selon les termes de l'accord, Spirit AeroSystems doit rembourser Boeing par tranches, entre le 12 juin et le 16 octobre de cette année. (Crédits : Peter Cziborra)

Alors qu'il fait face à des difficultés de production depuis plus d'un an, Boeing veut tenter de redresser la barre. Et cela passe par une avance de 425 millions de dollars à son sous-traitant Spirit AeroSystems, qui manufacture les fuselages et d'autres grandes pièces rentrant dans la structure des appareils, dont l'avion vedette... mais aussi dans la tourmente, le 737.

« Boeing versera à Spirit, à titre d'avance, les montants dus en vertu » de plusieurs accords commerciaux, est-il indiqué dans un document boursier publié ce mardi par Spirit et versé au régulateur américain des marchés, la SEC.

Le texte stipule que « Spirit doit utiliser les avances dans le seul but de rester prêt à produire des produits (tels que définis dans les contrats) aux tarifs requis par Boeing ». Il est également précisé que « Spirit maintiendra un taux de production qui réponde à la demande de production contractuelle de Boeing ». Selon les termes de l'accord, le sous-traitant doit rembourser le constructeur par tranches, entre le 12 juin et le 16 octobre de cette année.

Honorer les commandes

Le but de Boeing est de maintenir le niveau de production de son sous-traitant dans l'optique d'honorer ses commandes envers ses propres clients. « Nous continuons à travailler avec Spirit pour améliorer la qualité, stabiliser les opérations et soutenir nos clients », a commenté le constructeur dans un email à l'AFP.

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Les livraisons d'avions de Boeing ont marqué un fort recul au premier trimestre par rapport à la même période de l'année précédente. Sur les trois premiers mois de l'année, l'avionneur a remis 83 avions à leurs propriétaires - dont 66 exemplaires du 737 MAX - contre 130 un an plus tôt. Pendant ce temps-là, son concurrent, le français Airbus, a livré 142 appareils (contre 127 sur la même période en 2023).

Boeing doit d'ailleurs publier ce mercredi ses résultats financiers pour le premier trimestre. Une baisse importante du chiffre d'affaires, et probablement de la rentabilité, sont d'ores et déjà attendues du fait de ce recul des livraisons.

Boeing dans la tourmente...

Boeing traverse une période de turbulences en raison de nombreux incidents qui se sont récemment produits sur ses avions. Le dernier en date : un capot moteur qui s'est détaché en plein décollage sur un appareil de la Southwest Airline début avril, sans faire de blessés. L'incident qui a le plus marqué les esprits restent celui de début janvier, lorsqu'une porte-bouchon s'est détachée en plein vol de la carlingue sur un 737 MAX 9 de la compagnie Alaska Airlines, ne faisant heureusement que quelques blessés légers.

Suite à la récurrence de ces incidents, plusieurs enquêtes ont été lancées contre Boeing, mettant en évidence des problèmes récurrents de « non-conformité ». La première série d'auditions de la commission d'enquête s'est d'ailleurs tenue la semaine dernière à Washington, et a révélé des témoignages glaçants d'employés du constructeur.

« À moins qu'une action soit menée et que les dirigeants soient mis devant leurs responsabilités, chaque personne montant à bord d'un Boeing est à risque », a ainsi déclaré Sam Salehpour, un ingénieur qualité chez Boeing depuis dix-sept ans.

Avec trois autres salariés, il a témoigné pendant près de deux heures pour prévenir de « graves problèmes » de production des modèles 737 MAX, 787 Dreamliner et 777. Des accusations que l'avionneur a immédiatement rejetées, défendant ses avions et se disant toujours « confiant dans la sécurité et la durabilité des 787 et 777 ».

Son sous-traitant aussi en difficulté

Spirit n'est pas en reste côté procédure : fin mars, le parquet général du Texas a ouvert une enquête contre lui, au motif que « des problèmes récurrents sur certaines pièces » ont été repérés. « Des défauts apparents de fabrication ont conduit à de nombreux incidents inquiétants ou dangereux » sur des modèles de 737, a ainsi précisé le procureur général texan Ken Paxton.

La justice demande au sous-traitant de produire « des documents correspondant au traitement des défauts dans ses produits », et outre le contrôle qualité, l'enquête s'intéresse aussi à son mode d'organisation et de direction.

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Face à cette série de problèmes, les deux entreprises sont entrées en discussions début mars dans la perspective d'un rachat de Spirit par Boeing. « La réunification (...) des opérations de production renforcerait davantage la sécurité de l'aviation, améliorerait la qualité et servirait les intérêts de nos clients, employés et actionnaires », a expliqué le constructeur au moment de cette annonce.

Une réinternalisation d'une partie de la production serait finalement un retour en arrière : l'activité de fuselages d'avions faisait partie du périmètre de Boeing avant qu'elle ne soit cédée en 2005, dans le cadre d'une nouvelle stratégie mise en place avec le lancement du B-787.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 24/04/2024 à 14:49
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Désolé, mais air bus n'est pas français, toujours la salle habitude de s,accaparer les choses des autres en disant " cocorico "

à écrit le 24/04/2024 à 10:42
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Ben oui parce que ya des gens qui achètent encore des boeing... tout va bien.

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