Le transport maritime du pétrole et du gaz va devenir plus cher

Dans son rapport annuel sur le transport maritime, la Cnuced avertit que la tension sur les capacités de tankers va soutenir les prix du transport du pétrole, tandis que la demande européenne met sous pression ceux du transport de GNL.
Robert Jules
L'âge moyen des pétroliers est passé de 16,4 ans en 2011 à 19,7 ans en 2022 (contre 13,7 ans pour les porte-conteneurs), ce qui pourrait accentuer la tendance à la réduction des capacités d'autant que les investissements dans la construction marquent le pas.
L'âge moyen des pétroliers est passé de 16,4 ans en 2011 à 19,7 ans en 2022 (contre 13,7 ans pour les porte-conteneurs), ce qui pourrait accentuer la tendance à la réduction des capacités d'autant que les investissements dans la construction marquent le pas. (Crédits : Reuters)

Le transport maritime est un bon indicateur de la santé de l'activité économique mondiale. Or, note la Cnuced dans son rapport annuel sur le secteur, 2022 s'est caractérisée par un « environnement complexe ». Deux événements ont été particulièrement perturbateurs: le premier pays exportateur, la Chine, a vu son activité ralentir, en raison de sa politique particulièrement stricte de « zéro Covid », qui « a entraîné la fermeture d'usines et perturbé l'activité manufacturière, le secteur de la logistique et les chaînes d'approvisionnement ». Le second est l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe le 24 février, qui a entraîné la fermeture partielle des ports de la mer Noire.

En outre, précise la Cnuced, sont venues s'ajouter des grèves de travailleurs dans plusieurs ports internationaux, en particulier en Afrique du Sud, en Allemagne, en Corée du Sud et au Royaume-Uni. Les activités du transport maritime ont également été perturbées par des « phénomènes météorologiques extrêmes » : inondations, ouragans et vagues de chaleur en Australie, au Brésil, au Pakistan, en Afrique de l'Est, en Europe et aux États-Unis. « Au quatrième trimestre de 2022, les économistes ont revu à la baisse les prévisions de croissance de l'économie mondiale, sur laquelle plane le spectre de la récession et de la stagflation », souligne le rapport.

Les prix du transport maritime devraient augmenter à nouveau

Pourtant, les prix du transport maritime du pétrole et du gaz devraient augmenter. Après avoir connu un plus bas historique en 2021, à 6.416 dollars par jour en moyenne (contre près de 70.000 dollars par jour au pic de 2020, à multiplier par le nombre de jours de transport), le coût du transport de l'or noir qui a commencé à augmenter depuis août devrait continuer à progresser en 2023 « du fait d'un potentiel accroissement de la demande et du volume des échanges de pétrole ainsi que d'une réorganisation des flux pétroliers, conséquence de la guerre en Ukraine », indique le rapport (voir graphique).

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fret pétrole

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En effet, la Russie est le premier exportateur de gaz naturel et le deuxième exportateur de pétrole. Or, les sanctions déjà imposées à Moscou vont s'intensifier. A partir du 5 décembre, les pays de l'Union européenne (mis à part quelques exceptions comme la Hongrie) ne devraient plus importer une seule goutte de pétrole brut de Russie (pour les produits raffinés, ce sera le 5 février prochain), et ceux du G7 imposer un prix plafond à ces importations. Aujourd'hui, une partie du brut russe est déjà livrée à la Chine et l'Inde, un mouvement qui devrait donc s'amplifier et mobiliser des capacités supplémentaires de transport maritime en raison des plus grandes distances parcourues. Cela aura pour effet « d'accroître les prix du pétrole, l'inflation et le coût de la vie, en plus d'accentuer l'incertitude économique et la frilosité des investisseurs », avertit le rapport.

Flotte de tankers vieillissante et réduction des capacités

Les prix vont également être soutenus par le désarmement de navires pétroliers qui ne respectent pas certaines normes environnementales. A partir du 1er janvier 2023, un indice de rendement énergétique des navires existants (EEXI) et l'indicateur d'intensité carbone (CII) de l'Organisation maritime internationale (OMI) vont s'appliquer. Ils visent à réduire l'intensité carbone de tous les navires de 40% d'ici à 2030 par rapport à 2008.

Or, la flotte des tankers est vieillissante. L'âge moyen des pétroliers est passé de 16,4 ans en 2011 à 19,7 ans en 2022 (contre 13,7 ans pour les porte-conteneurs), ce qui pourrait accentuer la tendance à la réduction des capacités d'autant que les investissements dans la construction marquent le pas. En 2021, les capacités de pétroliers délivrées étaient en baisse de 12%, et celle inscrites dans les carnets de commandes de 13,5%, atteignant un plus bas historique.

GNL en plein boom

Ce n'est pas le cas pour le gaz naturel, plus précisément sous sa forme liquéfiée (GNL). L'année dernière, les capacités de méthaniers délivrées étaient en hausse de 54% et, en termes de carnet de commandes, de 26%. Le GNL est en plein boom.

« Les navires dont la croissance du tonnage a été la plus rapide ont été les transporteurs de gaz liquéfié, suivis par les porte-conteneurs et par les transporteurs de vrac », indique le rapport.

En 2021, les exportations de GNL ont augmenté de 5,6%, après 0,4% en 2020, notamment en raison de la demande asiatique (+ 7%), particulièrement chinoise (+16,8%). Elles ont continué à progresser en 2022, en particulier en raison des besoins des pays européens qui doivent compenser la chute des livraisons russes qui étaient principalement délivrées, avant février 2021, par gazoducs.

Dans ses dernières perspectives, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit que les importations européennes de GNL augmenteront de plus de 60 milliards de mètres cubes (bcm) cette année, soit plus du double de la capacité d'exportation mondiale de GNL, ce qui maintiendra le commerce international de GNL sous forte pression à court et moyen terme.

Robert Jules

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Commentaire 1
à écrit le 30/11/2022 à 1:26
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"Le transport maritime est un bon indicateur de la santé de l'activité économique mondiale" Certains vont tout faire pour le plomber entre la taxe carbone, le prix des hydrocarbures, le dogme de la transition énergétique à marche forcée et le combat...

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