Eolien en mer, hydrogène, foncier... Comment le port de Nantes Saint-Nazaire amorce sa transition énergétique

La transition énergétique est au cœur de la stratégie déployée par le port de Nantes Saint-Nazaire (Pays de la Loire). Celui-ci mise notamment sur le développement de la filière des énergies marines renouvelables. Il s’engage également dans la décarbonation de ses installations portuaires. Où en sont ses projets ? On fait le point à mi-parcours de sa feuille de route.
Une esquisse de ce à quoi ressemblera le projet Éole, un long linéaire de quai sur le port de Saint-Nazaire.
Une esquisse de ce à quoi ressemblera le projet Éole, un long linéaire de quai sur le port de Saint-Nazaire. (Crédits : F.Badaire -vue 3D Jacques Rouzeval)

Il y a un peu plus de deux ans, le 3 décembre 2021 précisément, le conseil de surveillance de Nantes Saint-Nazaire Port a adopté le projet stratégique 2021-2026. Dans le détail, ce dernier repose sur trois piliers : réussir la transition énergétique et écologique, conforter le rôle de porte maritime du Grand Ouest et servir le développement économique et social de l'estuaire de la Loire. Le tout décliné en un programme de 30 actions. À mi-parcours, trois-quarts d'entre elles ont été engagées, indiquent les responsables de l'infrastructure portuaire.

Une nouvelle base d'intégration d'éoliennes flottantes

Après le déploiement du premier champ éolien en mer en 2022, le port prévoit désormais une montée en puissance dans le développement des énergies marines renouvelables. Il s'apprête d'ailleurs à accueillir, dès cette année, les premiers composants du futur champ éolien offshore des Îles d'Yeu et de Noirmoutier : 62 éoliennes au total.

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Parmi ses projet phare : Eole. L'ambition ? Construire une base industrielle d'intégration d'éoliennes, dédiée à l'éolien posé et flottant, d'une puissance de 20 à 25 MW. A ce stade, la base d'intégration serait caractérisée par plus de 700 mètres de quai d'une capacité de 15 à 30 tonnes par mètre carré, 12 à 14 mètres de tirant d'eau, susceptible d'accueillir des objets de plus de 300 mètres de haut.

Parallèlement à des études géotechniques débutées en 2023, de courantologie, d'agitation et hydrosédimentaires, le dimensionnement du projet, ainsi que les inventaires faune, flore, habitats ont été lancés. Cette année, le projet sera soumis à concertation, à travers la saisine de la Commission Nationale du Débat Public.

Le port mise aussi sur l'hydrogène

Au même titre que les éoliennes en mer, l'hydrogène sera amené à prendre une place décisive dans le projet stratégique du port de Nantes Saint-Nazaire. Et pour cause, ce dernier s'est fixé pour objectif de devenir le premier grand port hydrogène de l'Atlantique.

Pour ce faire, une unité de production et de distribution d'hydrogène renouvelable de 250 MW (soit une production annuelle de 30.000 tonnes par an d'hydrogène renouvelable) va voir le jour à horizon 2028.

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C'est l'entreprise nantaise Lhyfe qui a été retenue, dans le cadre de l'AMI Hydrogène, pour implanter ce site visant à décarboner le transport maritime. En outre, Nantes Saint-Nazaire Port poursuit les discussions avec EDF pour le développement, dans l'estuaire de la Loire, d'une filière de production de carburants d'aviation durables synthétiques. Ce projet industriel baptisé « Take Kair » représente un investissement de 750 millions d'euros.

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Une future zone industrielle bas carbone

Autre aspiration du port : atteindre la neutralité carbone sur la zone portuaire à horizon 2050. Dans le cadre du programme France 2030 et de l'appel à projet Zone Industrielle Bas Carbone (ZIBaC), pour accélérer « la décarbonation et la transition énergétique du territoire industriel », une trentaine de projets ont été présentés par le port.

C'est l'association des Industriels de Loire Estuaire (AILE), Saint-Nazaire Agglomération, la Communauté de Commune Estuaire et Sillon, la région des Pays de la Loire et Nantes Saint-Nazaire Port, réunis sous l'association ADELE, qui seront en charge de ce projet dont les grands axes seront dévoilés le 19 février prochain.

La valorisation du foncier

Autre relais de croissance identifié et inscrit dans son projet stratégique 2021-2026 : la valorisation du domaine foncier et la conduite de projets immobiliers logistiques et tertiaires. D'après les responsables du port, cette source de revenus doit permettre de construire un nouveau modèle économique moins dépendant des trafics maritimes liés aux énergies fossiles.

Après la livraison de six bâtiments métallo textiles au pied du pont de Saint-Nazaire, l'aménagement de plateformes logistiques plug & play (prête à l'emploi) se poursuit pour accueillir des entrepôts logistiques secs et de logistique industrielle. Une parcelle de 9 hectares sur la partie ouest du pôle industriel de Montoir-de-Bretagne est en cours de préchargement. Les aménagements de terre-pleins et de structures se dérouleront ensuite en deux temps, début 2025 pour la première phase ; mi-2026 pour la seconde. Sur la zone Est, un aménagement similaire est à l'étude sur une parcelle de 6 hectares.

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D'anciens sites portuaires, situés en cœur de ville, vont également faire l'objet d'une réhabilitation. C'est le cas du hangar 12, le long du quai d'aiguillon à Nantes. Il va laisser place à un bâtiment nouveau, présenté comme « exemplaire sur le plan environnemental ». Le projet lauréat sera désigné dans les prochains mois. D'autres projets de valorisation immobilière sont par ailleurs à l'étude sur le secteur de l'Île de Nantes.

Et alors que Montoir-de-Bretagne accueille depuis un an une centrale solaire au sol de 14.000 panneaux solaires disposés sur une surface de 9 hectares, exploités par Engie Green, un second projet, porté par l'énergéticien Amarenco, sur une surface de 13,9 hectares, est en cours d'études administratives.

Enfin, le premier prototype de centre de données flottant, conçu par l'entreprise DENV-Rn, entrera lui en service au premier trimestre 2024 sur ce même quai nantais. Ce data center, à faible empreinte carbone, sera alimenté en partie par des énergies renouvelables via des dispositifs de production d'énergie in situ.

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