Réuni ce vendredi 12 janvier, le conseil d'administration d'Orange Bank a décidé de ne pas donner suite à l'offre de reprise de RippleWood / Iris Financial, formellement présentée le 13 décembre dernier. « Après avoir analysé attentivement l'offre de RippleWood/IrisFinancial, notamment au travers de sa capacité à garantir la pérennité de l'activité et de l'emploi, le Conseil d'administration d'Orange Bank a décidé à l'unanimité de ne pas donner suite à l'offre de reprise et a confirmé privilégier le projet de fermeture de la banque », confirme un porte-parole d'Orange. Cette décision prise à l'unanimité signifie que le représentant du personnel au sein du conseil a également jugé cette offre insuffisante.
Pourtant, c'est bien à l'initiative des représentants du personnel que le fonds Ripplewood est revenu sur le dossier de reprise d'Orange Bank, en vertu de loi Florange, qui contraint une maison-mère à rechercher un repreneur dans le cas d'un projet de fermeture d'une filiale.
Après avoir décidé d'arrêter les activités d'Orange Bank, lancées pourtant avec fracas en 2017, le groupe Orange a finalement opté en juin dernier, faute de repreneurs jugés sérieux ou suffisamment solides, pour un transfert du portefeuille de clients dans le cadre d'un partenariat commercial avec BNP Paribas. Depuis, le climat social s'est singulièrement détérioré alors que la direction d'Orange avait promis un accompagnement social « exemplaire ».
Un montage exotique
C'est pourquoi les représentants du personnel avaient recontacté les équipes de Ripplewood, qui ont présenté une offre en décembre, qui avait d'ailleurs l'objet d'une présentation devant le comité social et économique (CSE), qui a été modifiée en janvier. Selon une source proche d'Orange Bank, l'offre n'aurait pas été jugée crédible sur de nombreux points, notamment sur les hypothèses de croissance du nombre de clients, et sur les garanties concernant le volet social et le maintien de l'emploi. De plus, le conseil a jugé que Ripplewood manquait d'expérience de reprise dans le domaine bancaire en Europe, son projet de reprise de néobanque Fidor auprès du groupe BPCE n'ayant pas abouti.
Enfin, le montage de reprise a été jugé quelque peu exotique, un peu trop d'ailleurs pour un groupe du CAC 40, dans lequel l'Etat a une participation importante. En effet, le véhicule de reprise était un SPAC (pecial purpose acquisition company), ces fameuses sociétés cotées « chèque en blanc » qui ont alimenté la spéculation à Wall Street en 2020 et 2021, domicilié dans un paradis fiscal, les îles Caïman, avec cinq principaux investisseurs. Et cerise sur le gâteau, Orange aurait dû recapitaliser à nouveau sa filiale en amont du processus de vente. Le groupe Telecom a déjà encaissé près d'un milliard d'euros de pertes d'exploitation cumulées et n'avait donc pas l'intention de remettre des centaines de millions au pot.
Bref, retour du projet initial et les négociations entre les partenaires sociaux vont reprendre pour établir un plan de sauvegarde de l'emploi le « plus exemplaire » possible. Et bien sûr, les discussions avec BNP Paribas vont également reprendre.
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