Coup de théâtre dans le dossier Orange Bank : le fonds Ripplewood dépose une offre de reprise

Alors que les négociations sociales sont tendues au sein d’Orange Bank, après la décision prise par Orange en juin dernier d’arrêter l’activité et de transférer son portefeuille clients vers BNP Paribas, le fonds d’investissement Ripplewood aurait finalement déposé une offre de reprise, y compris pour les 700 salariés. Une offre qui a été présentée ce jeudi au conseil d'administration d'Orange Bank.
Le fonds de commerce d'Orange Bank est de l'ordre de deux millions de clients, à la fois bancaires mais aussi dans l'assurance de mobile.
Le fonds de commerce d'Orange Bank est de l'ordre de deux millions de clients, à la fois bancaires mais aussi dans l'assurance de mobile. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Article réactualisé le 22 décembre avec des précisions sur Ripplewood

Alors que La Banque Postale a annoncé, à son tour, son intention de fermer l'activité de sa banque en ligne, Ma French Bank, l'opérateur télécom Orange, qui avait opté en juin dernier pour l'extinction de sa filiale Orange Bank, via un transfert du portefeuille vers Hello Bank ! (BNP Paribas), doit gérer, six mois plus tard une bronca des élus du personnel.

Mercredi, le comité social d'entreprise (CSE) d'Orange Bank venait en effet d'apprendre de la direction que le fonds d'investissement américain Ripplewood avait récemment déposé une offre de reprise d'Orange Bank avec ses 700 salariés.

Ce fonds, comme d'autres, avait pourtant regardé le dossier au printemps dernier, sans donner suite. Cette offre de reprise a été formellement déposée par un SPAC (Special purpose acquisition conduct), Iris Financial, société cotée à Amsterdam à l'initiative de Ripplewood, et qui a levé 230 millions de dollars en avril 2022 lors de son introduction en Bourse. Ces fonds ont été déposés sur un compte bloqué en vue d'une acquisition, dans un délai de 24 mois à compter de mai 2022.

L'opérateur télécom avait justifié sa décision d'arrêter l'aventure Orange Bank par une perte d'exploitation cumulée de plus d'un milliard d'euros depuis le lancement en novembre 2017 et par une nouvelle stratégie de recentrage du groupe sur son cœur de métier.

Pas de reclassement à 100 %

Pourtant, la direction a toujours affirmé que la performance commerciale de la banque était au rendez-vous. Mais, surtout, nous avait confié au printemps dernier un dirigeant du groupe, combien Orange Bank était un motif de fierté en interne : « cette fierté d'aller en conquête a créé beaucoup de valeur », avait-il dit, tout en reconnaissant qu'il fallait arrêter les frais sur un marché « de spécialistes » qui avait beaucoup changé depuis le lancement.

Les syndicats, dont le SNB/CFE-CGC majoritaire, ont toujours contesté cette stratégie de repli, considérant la rentabilité du projet possible d'ici trois ans. Maintenant, c'est le volet social qui tend les choses, malgré les assurances de reclassement données cet été par la direction. « Il n'y aura jamais 100 % des postes en reclassement dans le groupe Orange », s'alarme un représentant du personnel.

Climat social tendu

Pour l'heure, seuls 185 postes fermes en reclassement ont été proposés sur le principal site de la banque en ligne à Amiens, sans précision sur le contenu de ces postes. « En fait, nous sommes sur un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) en plusieurs vagues jusqu'au troisième trimestre 2026, et les salariés proches de la retraite ne sont pas inclus. En résumé, les moyens mis en œuvre ne sont pas à la hauteur du groupe », regrette un représentant du personnel.

Ces inquiétudes s'inscrivent d'ailleurs dans un climat social qui ne cesse de se dégrader dans l'entreprise, avec des salariés lassés des réorganisations à répétition, comme par exemple dans la division stratégique d'Orange Business (ex Orange Business Services).

Une offre examinée par le conseil d'Orange Bank ce jeudi

Dans ce cadre, selon les syndicats, l'offre de reprise du fonds américain doit être « loyalement » examinée, notamment sur son volet social, « même si cela devait rallonger le temps de la consultation ». Toutefois, le CSE n'a pas émis d'avis sur cette offre, ni favorable, ni défavorable.

Selon les travaux du CSE, le scénario de la continuité de l'activité serait d'un coût estimé entre 330 et 340 millions d'euros, et encore sur la base d'hypothèses « pessimistes », et la rentabilité pourrait être envisagée dès 2025. Au passage, les syndicats pointent les coûts de distribution facturés à Orange Bank par Orange qui se soldent, selon eux, par un coût d'acquisition « nettement supérieur » à celui de la concurrence.

En revanche, note le CSE, la différence entre le coût de l'extinction, estimé autour de 200 millions, et celui d'une reprise par le fonds américain (230 millions d'euros), est minime, surtout pour un groupe qui dégage peu ou prou 3 milliards d'euros de cash-flow par an.

De son côté, Orange Bank confirme avoir reçu cette offre, dans le cadre de la procédure Florange (qui impose la recherche d'un repreneur dans le cadre d'un projet de fermeture). « Cette offre a fait l'objet d'une présentation au CSE le 20 décembre et a été présentée au conseil d'administration d'Orange Bank ce 21 décembre » , précise Orange Bank. Le conseil ne s'est pas encore formellement prononcé sur cette offre. Mais, selon les syndicats, cette offre a été fraichement accueillie alors que le groupe était déjà bien engagé sur son partenariat avec BNP Paribas.

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Commentaires 2
à écrit le 22/12/2023 à 11:19
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Les salariés d’orange ne remercient pas S.Richard, ex PDG condamné à 1 an de prison pour détournements de fonds publics, pour son enième fiasco

à écrit le 21/12/2023 à 19:19
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"alors que la direction ne se déclare pas intéressée" Ben va falloir s'expliquer !

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