Aérien : la justice américaine bloque la fusion des compagnies Spirit et JetBlue

Un tribunal fédéral américain a rejeté le projet de fusion entre les compagnies aériennes Spirit et JetBlue. En créant un nouveau gros acteur, les deux entités se targuaient « d'améliorer la concurrence » et « d'apporter des prix plus faibles aux clients ». À l'inverse, le juge estime que l'opération serait négative pour les consommateurs américains.
Le rachat de Spirit par Jetblue avait été conclu entre les deux entreprises en juillet 2022 après plusieurs mois de rebondissements et de surenchères entre JetBlue et une autre compagnie, Frontier.
Le rachat de Spirit par Jetblue avait été conclu entre les deux entreprises en juillet 2022 après plusieurs mois de rebondissements et de surenchères entre JetBlue et une autre compagnie, Frontier. (Crédits : Jim Young)

Elle aurait été la cinquième plus grosse compagnie aérienne américaine derrière American, United, Delta, Southwest. La compagnie issue de la fusion entre Spirit et JetBlue ne verra pour le moment pas le jour. Un tribunal fédéral de Boston, dans le nord-est des États-Unis, a rejeté ce projet ce mardi 16 janvier, qui aurait dû être finalisé au cours de ce premier semestre.

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Selon la décision du juge William Young, que l'AFP a pu consulter, l'opération entraînerait « des prix en moyenne plus élevés pour les clients » et « l'élimination de Spirit nuirait aux voyageurs soucieux des coûts et qui comptent sur les tarifs bas » de la compagnie.

« La compagnie créée par la fusion de JetBlue et Spirit viendrait sûrement ajouter de la concurrence sur les plus grandes compagnies du pays. Néanmoins, dans le même temps les consommateurs qui comptent sur le modèle bas coût spécifique de Spirit seraient touchés », a détaillé le juge Young dans sa décision.

Bataille de points de vue

Dans un communiqué commun, les deux compagnies ont déclaré être « en désaccord » avec la décision judiciaire.

« Nous pensons toujours que notre rapprochement est la meilleure solution pour améliorer la concurrence nécessaire et apporter des prix faibles et un service de qualité aux clients tout en augmentant notre capacité à lutter face aux transporteurs américains dominants », écrivent-elles dans le communiqué.

Les deux entreprises ont par ailleurs précisé étudier « la décision ». « Nous évaluerons quelles sont nos options dans le cadre du processus légal », ont-elles souligné.

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A contrario, le ministre américain de la Justice, Merrick Garland, s'est réjoui du verdict. « Cette décision est une victoire pour les dizaines de millions de voyageurs qui auraient dû faire face à des prix plus élevés et moins de choix », a-t-il réagi dans un communiqué. Son de cloche identique du côté du président américain. Sur son compte X (ex-Twitter), Joe Biden a également salué une « victoire pour le consommateur » et assuré sa volonté de « continuer à se battre pour protéger les consommateurs et appliquer les lois visant les pratiques anticoncurrentielles ».

La décision a par ailleurs entraîné des réactions diverses de la part des marchés. À la clôture de Wall Stret, le titre JetBlue terminait en hausse de 4,91%, à 5,13 dollars, alors que celui de Spirit chutait lourdement de 47,12%, à 7,92 dollars.

Une fusion dans le viseur du gouvernement

Cette décision fait suite à une plainte déposée en mars par le département américain de la Justice. Ce dernier avait saisi la justice pour bloquer le rachat de Spirit par JetBlue, conclu entre les deux entreprises en juillet 2022 après plusieurs mois de rebondissements et de surenchères entre JetBlue et une autre compagnie Frontier. C'était finalement la première qui l'avait emporté, avec une offre à 3,8 milliards de dollars, en ayant conscience que les autorités de la concurrence seraient sans doute réticentes à l'égard de ce rapprochement.

C'est notamment le cas du ministère de la Justice, pour qui ce rachat engendrerait une hausse du tarif moyen et réduirait l'offre proposée aux passagers.

« Nous pensons que le ministère de la Justice se trompe sur la loi et qu'il ne comprend pas que cette fusion créera un concurrent national de poids, à bas prix », face aux quatre compagnies dominant actuellement le secteur, affirmait en octobre le directeur général de JetBlue, Robin Hayes.

Selon les chiffres fournis par les deux partenaires à l'été 2022, la nouvelle entité aurait détenu 9% de parts du marché américain se plaçant ainsi derrière le « Big Four » en nombre de sièges proposés. American, United, Delta et Southwest contrôlent actuellement 80% du marché aux États-Unis, d'après les autorités, devant Alaska Airlines, JetBlue et Spirit.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le ministère de la Justice met des bâtons dans les roues de JetBlue. Il l'avait déjà visé en 2021 concernant un accord de partenariat conclu l'année précédente avec American sur les lignes partant et à destination de Boston et New York. Un partenariat auquel la compagnie a renoncé en juillet dernier, après une décision de justice en sa défaveur, préférant se concentrer sur sa fusion avec Spirit plutôt que faire appel.

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Sur fond de pratiques anticoncurentielles

Plus globalement, depuis l'arrivée au pouvoir de Joe Biden, les autorités américaines chargées de lutter contre les pratiques anticoncurrentielles ont durci leur position. Le gouvernement de l'actuel président a en effet adopté une posture beaucoup plus offensive que la plupart de ses prédécesseurs en matière de protection de la concurrence et s'est opposé à plusieurs fusions, avec plus ou moins de réussite.

Il a notamment obtenu, au printemps 2022, le blocage du rachat du géant de l'édition Simon & Schuster par son concurrent Penguin Random House. Préalablement, il avait poussé les courtiers en assurance Aon et Willis à renoncer à leur union. Il a, en revanche, été débouté dans plusieurs autres dossiers, notamment le rachat d'EverWatch Corp par Booz Allen Hamilton dans l'industrie de la défense, ou celui du spécialiste de réalité virtuelle Within Unlimited par Meta (Facebook).

(Avec AFP)

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