Nominal... Contrairement à son premier vol en 1996, le dernier vol d'Ariane 5 a été nominal tout au long de son ultime voyage. Résultat, ce lanceur légendaire a tiré dans la nuit de mercredi à jeudi sa révérence sur un succès total à l'occasion de son 117ème vol (VA261). « Ariane 5 vient d'entrer dans l'Histoire spatiale mondiale. Ce dernier succès démontre une fois encore son extrême fiabilité au service de la souveraineté européenne et clôt une carrière exceptionnelle marquée par une succession d'exploits technologiques et industriels », a constaté le président exécutif d'ArianeGroup, Martin Sion, cité dans le communiqué d'Arianespace publié dans la nuit de mercredi à jeudi.
Le fil d'Ariane 5 définitivement rompu
En dépit de ses débuts difficiles (deux échecs et deux échecs partiels sur les quatorze premiers lancements), Ariane 5 a été un formidable lanceur pour l'Europe. Fiable (98,4% sur les 116 vols avant le vol du 6 juillet) et performant avec 239 satellites mis sur orbite en 27 ans d'existence toute version confondue mais en revanche pas assez compétitive au niveau des coûts. Ce lanceur est aussi le reflet cruel d'un manque d'ambition certain de l'Europe spatiale et de l'Europe politique tout court avec l'arrêt du programme de la navette Hermès (21 tonnes) en 1992 à l'époque où on parlait pourtant encore de vol habité pour l'Europe. Trop avancé dans son développement, Ariane 5, qui devait mettre sur orbite Hermès, a finalement été reconverti avec succès sur le plan opérationnel en lanceur commercial. Mais il a nettement pêché par son manque de compétitivité qui a été accentué par le retour géographique, un principe néfaste à la compétitivité des lanceurs européens.
Mais ce lanceur exceptionnel mérite sans l'ombre d'un doute de porter son nom, Ariane. Il a servi de guide à l'Europe spatiale pendant près de 30 ans et lui a permis de se tirer d'une situation difficile dans les années 1990, puis dans les années 2000 en dominant le marché des lancements de satellites de télécoms jusqu'à la fin des années 2010. A Ariane 6 de prendre le relais quand ce lanceur sera enfin prêt.
Syracuse 4B et Heinrich-Hertz mis sur orbite
Pour sa dernière mission, Ariane 5 a emporté à son bord les satellites Heinrich-Hertz et Syracuse 4B au profit respectivement de l'Agence spatiale allemande (DLR) pour le gouvernement allemand et la Direction générale de l'armement (DGA) pour le ministère des Armées. Le lanceur lourd européen a placé les deux charges utiles en orbite géostationnaire. Ces deux satellites répondront aux besoins croissants des instances militaires et institutionnelles en matière de télécommunications.
« Cette mission est emblématique de la capacité d'Ariane 5 de réaliser des lancements doubles, qui ont été au cœur de son succès avec 197 satellites placés en orbite géostationnaire sur un total de 239 déployés. Au moment où elle tire sa révérence, Ariane 5 aura servi 65 clients institutionnels et commerciaux originaires de 30 pays différents. Ses succès préfigurent la carrière prometteuse d'Ariane 6 », a rappelé le président exécutif d'Arianespace, Stéphane Israël, cité dans le communiqué.
Le satellite de télécoms militaire Syracuse 4B, qui doit être totalement protégé contre les menaces militaires les plus élevées (nucléaire, brouillage et cyber), va compléter le programme de défense Syracuse après le lancement de Syracuse 4A à bord de la mission VA255 en octobre 2021. Airbus Defence and Space et Thales Alenia Space ont uni leurs forces pour apporter leur expertise à ce programme de télécommunications militaire de dernière génération. Pour sa part, le satellite Heinrich-Hertz développé et conçu par OHB Systems est la première mission allemande dédiée à la recherche et l'expérimentation de nouvelles technologies et configurations de télécommunications en orbite. Les technologies embarquées permettront de relever les futurs défis en matière de télécommunications par satellite.
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