« Le Tigre est bien l'arme de la haute intensité » (Général Pierre Meyer, commandant de l'ALAT)

Loi de programmation militaire (LPM), retour d'expériences du conflit russo-ukrainien, enjeux opérationnels, enjeux capacitaires à court et long terme... Le commandant de l'Aviation légère de l'armée de terre (ALAT), le général Pierre Meyer, qui nous accordé une interview exclusive à La Tribune à la veille du défilé du 14-juillet*, réaffirme l'utilité et les plus-values capacitaires que représentent les hélicoptères pour les forces armées françaises. A condition de bien les employer en opérations, rappelle-t-il.
« Il est clair que si nous avions employé nos hélicoptères comme les Russes l'ont fait au début de la guerre en Ukraine, nous aurions perdu nos appareils. L'aérocombat à la française est un vol à très basse altitude et surtout une manœuvre dans la profondeur, préférentiellement de nuit, par conditions météorologiques éventuellement dégradées pour créer l'effet de surprise » (Général Pierre Meyer, commandant de l'ALAT).
« Il est clair que si nous avions employé nos hélicoptères comme les Russes l'ont fait au début de la guerre en Ukraine, nous aurions perdu nos appareils. L'aérocombat à la française est un vol à très basse altitude et surtout une manœuvre dans la profondeur, préférentiellement de nuit, par conditions météorologiques éventuellement dégradées pour créer l'effet de surprise » (Général Pierre Meyer, commandant de l'ALAT). (Crédits : Armée de terre)

LA TRIBUNE- Quelle est votre analyse de la loi de programmation militaire (LPM) dans le domaine des hélicoptères, une capacité qui semble-t-il a été rabotée par rapport aux ambitions initiales ? En tant que commandant de l'Aviation légère de l'armée de terre (ALAT), êtes-vous satisfait ?
GENERAL PIERRE MEYER, COMMANDANT DE L'ALAT- Je suis un commandant de l'ALAT optimiste, qu'il s'agisse de nos hélicoptères de reconnaissance et d'attaque (HRA), de nos hélicoptères de transport manœuvre et d'assaut (HMA) mais aussi de notre futur hélicoptère, le Guépard. Dans cette LPM, la pérennisation du Tigre semble en bonne voie en coopération avec l'Espagne. L'armée de Terre conservera ainsi sa cible de 67 Tigre. Les discussions sont en cours et je ne doute pas que nous trouverons un niveau d'ambition technologique commun qui permettra d'employer le Tigre jusqu'aux années 2040/2045 et donc d'attendre son successeur, le système d'attaque de l'aérocombat du futur (SAAF). La LPM voit également la poursuite de la modernisation et de l'homogénéisation de la flotte HMA (+ 8 Caïman) ainsi que l'arrivée des premiers Guépard.

Mais le niveau d'ambition de la modernisation du Tigre a été revu à la baisse avec la fin du standard 3. Sur le plan opérationnel, y aura-t-il des répercussions pour l'ALAT ?
En intégrant les attentes de notre allié espagnol, notre objectif aujourd'hui est de fixer quel sera le niveau d'ambition pour pallier la fin du standard 3. J'ai de bons espoirs que l'on parvienne à un standard permettant à l'ALAT de continuer à disposer de capacités performantes dans le cadre de la haute intensité.

Le Tigre est-il vraiment un hélicoptère conçu pour la haute intensité ?
Sans aucun doute. Le Tigre est conçu pour le combat de haute intensité. C'est un point très important parce qu'on a entendu beaucoup de choses contradictoires dans le cadre de la guerre en Ukraine. J'affirme que le Tigre est bien l'arme de la haute intensité dès lors qu'on l'emploie correctement. L'ALAT a ainsi toujours développé un concept original d'aérocombat, enseigné en école et appliqué en opération y compris de haute intensité. Peu de pays ont ce savoir-faire : les États-Unis et la France, qui est la seule en Europe.

Qu'est-ce qui fait la spécificité de l'ALAT ?
C'est notre concept original d'aérocombat, avec la pratique du vol tactique (proche du sol) de jour et surtout de nuit, en modules constitués, en étroite coordination avec le reste de la manœuvre aéroterrestre. La très grande force de l'ALAT est d'avoir des régiments qui ont à la fois des hélicoptères de reconnaissance et d'attaque et des hélicoptères de manœuvre et d'assaut. Cela nous permet de nous entraîner de manière réaliste et de manœuvrer de manière très cohérente avec l'ensemble de nos moyens. Nous sommes organisés depuis toujours comme cela.

L'arrivée du Guépard dans les forces, et notamment dans l'armée de terre, a été étalée. Cet étalement a-t-il une incidence sur le plan opérationnel ?
Cet étalement n'aura aucun impact significatif même si son arrivée dans les forces va être décalée d'un an. Les armées ont déjà connu des retards dans les grands programmes d'armement. En revanche, plus vite le Guépard arrivera, plus vite cet appareil de nouvelle génération nous permettra d'éviter d'avoir à gérer des flottes d'ancienne et de nouvelle génération. Cette cohabitation, que j'ai d'ailleurs personnellement vécue quand j'étais à la tête de l'opération Harmattan en Libye, est compliquée en matière de soutien des flottes mais aussi en termes d'opérations avec des appareils de différents niveaux en termes d'autonomie, de vitesse, etc... L'arrivée du Guépard marque la finalisation d'une ALAT très cohérente. Avec des Tigre, des Caïman et des Guépard, nous disposerons de trois hélicoptères de nouvelle génération aux capacités similaires en termes d'autonomie, de vitesse, de survivabilité, etc... À noter la plus-value que le Guépard apportera en termes de coopération drones-hélicoptères, d'intégration dans la bulle aéroterrestre et en tant que plateforme de commandement.

Dernier point, la future LPM traite partiellement le renouvellement de la flotte Puma. Là aussi, pas d'impact sur le plan opérationnel ?
À l'horizon 2030, l'armée de Terre devrait conserver sa cible de 115 HMA (81 Caïman, 24 Cougar et 10 Puma). Les études concernant la gestion de la fin de vie de ces 10 derniers Puma et de ses impacts technico-opérationnels sont toujours en cours d'étude. En ce qui concerne leur remplacement, le rapport annexé précise : « en 2035, au moins 105 hélicoptères de manœuvre ». Ceci induira très certainement une étude à l'horizon 2030 qui statuera sur le besoin de remplacer tout ou partie de ces Puma par des Caïman.

Avec l'arrivée du Guépard, la rationalisation de la flotte de l'ALAT va-t-elle avoir un impact positif en termes de support ?
Oui, bien sûr. Cette rationalisation n'a pas qu'un impact positif sur le plan opérationnel. Dans le domaine du maintien en condition, nous aurons effectivement moins d'heures de maintenance à effectuer qu'avec un parc qui vieillit et qui génère des obsolescences. Nous disposerons également d'un système de maintenance de nouvelle génération plus moderne, qui s'appuiera sur des systèmes d'information logistiques numérisés. C'est ce qui existe déjà aujourd'hui sur les flottes Tigre et Caïman. En outre, un autre impact positif sera un engagement plus important de l'industriel sur la performance.

Beaucoup de rapports parlementaires ont été très négatifs sur la disponibilité des hélicoptères. Depuis votre arrivée, avez-vous constaté une amélioration grâce aux contrats verticalisés ? Estimez-vous qu'il y a encore des marges de manœuvre ?
Les efforts impulsés par le ministère ont payé. Le Tigre par exemple, grâce à la verticalisation du contrat de maintenance qui a responsabilisé l'industriel, atteint plus de 60 % de disponibilité. Ce qui n'était pas le cas au départ. L'amélioration de la disponibilité des hélicoptères résulte de la conjonction de plusieurs facteurs. Nous avons ainsi également mis en place une nouvelle organisation en travaillant en plateau et regroupant la direction de la maintenance aéronautique (DMAé), le commandement de l'ALAT, les forces et l'industriel. Cette organisation en plateau nous permet d'anticiper les crises, par exemple celles liées aux pièces de rechange, et apporte une fluidité dans nos interactions. Nous avons été nous-mêmes perfectibles et nous sommes désormais mieux organisés dans les unités. Pour le Caïman, qui part de loin en termes de disponibilité, c'est un peu la même idée...

...C'est curieux parce que c'est un appareil assez récent...
... Oui, mais la situation du Caïman est un peu différente avec une maintenance préventive qui est très importante, contrairement au Tigre qui est plus concerné par une maintenance curative. La disponibilité du Caïman s'améliore de jour en jour. Compte tenu des progrès sur le Tigre, il n'y a aucune raison que la disponibilité du Caïman ne s'améliore pas de la même manière. Nous travaillons actuellement à supprimer quelques interventions préventives trop pesantes sur le Caïman.

Quels sont vos objectifs de disponibilité pour votre flotte ?

Pour chaque flotte, les objectifs sont fixés chaque année en fonction de leur situation technique et de l'activité nécessaire à l'entraînement, aux missions et à l'activité opérationnelle. Une disponibilité moyenne de 70 % garantirait aux équipages et aux troupes appuyées un entraînement de qualité. S'agissant des OPEX, elles restent la priorité absolue avec une disponibilité visée proche de 100 % de disponibilité.

Au niveau opérationnel, cette LPM reflète-t-elle bien les ambitions de l'ALAT ?
Oui majoritairement, car elle permet la poursuite de la modernisation et de l'homogénéisation des flottes d'hélicoptères de l'armée de Terre. L'ALAT disposera ainsi d'appareils aux capacités similaires et interopérables avec l'écosystème Scorpion. En parallèle des travaux LPM, l'armée de Terre a en outre engagé une réforme de son organisation visant à accroître son efficacité. Les axes d'effort de cette réforme comprennent notamment la recherche d'une plus grande efficacité afin de gagner le combat dans la profondeur, une consolidation de la composante d'aérocombat des forces spéciales et une facilitation et accélération l'appropriation de l'innovation technico-opérationnelle. Dans le cadre du premier axe d'effort, la brigade d'aérocombat, objet unique en Europe avec ses trois régiments, son état-major et sa compagnie de commandement et de transmissions, rejoindra un commandement dédié et se verra rattacher le 9e régiment de soutien aéromobile de Montauban pour lui donner une épaisseur logistique.

Au niveau de l'entraînement, atteignez-vous vos objectifs ?
Nous arrivons globalement à atteindre nos objectifs aussi bien quantitativement que qualitativement grâce notamment à des exercices de type Orion. Ce type de grand exercice nous permet de nous réapproprier la haute intensité. Nous avons ainsi déployé un groupement aéromobile composé de 32 machines, ce qui nous a permis de nous entraîner dans un environnement réaliste en termes de menaces, défis logistiques, coordination avec l'ensemble des autres acteurs. L'augmentation progressive de l'activité permet d'envisager une hausse substantielle de la qualité de la préparation opérationnelle, et par là-même de la capacité des équipages à remplir des missions très variées dans des environnements très exigeants.

Quel est votre retour d'expérience de la guerre en Ukraine dans le domaine des hélicoptères ?
Il est clair que si nous avions employé nos hélicoptères comme les Russes l'ont fait au début de la guerre en Ukraine, nous aurions perdu nos appareils. L'aérocombat à la française est un vol à très basse altitude et surtout une manœuvre dans la profondeur, préférentiellement de nuit, par conditions météorologiques éventuellement dégradées pour créer l'effet de surprise.

Une manœuvre que vous avez déjà personnellement réalisé en Libye avec des Tigre et des Gazelle...
... Exactement. Nous sommes entrés en premier à partir de la mer grâce à une manœuvre à base de raids aéromobiles successifs. Ces raids, qui comportaient une phase d'infiltration sur le théâtre et une phase de combat, avant une exfiltration, étaient menés par nuit très noire. Ces engagements se rapprochaient de certaines caractéristiques du combat de haute intensité. Le RETEX (retour d'expérience ndlr) de cette opération a mis en évidence toute la pertinence du concept d'aérocombat.

Une manœuvre rendue toutefois possible qu'après la neutralisation des défenses sol-air.
Oui, bien sûr. Une manœuvre d'aérocombat, donc de l'armée de Terre, en haute intensité, comme celle que nous avons menée, ne peut être conduite qu'après une campagne aérienne conduite par l'armée de l'air afin de créer une attrition suffisante à l'engagement de l'ALAT, qui peut alors manœuvrer avec son ADN « Terre » et rechercher l'ennemi dans le terrain, partout où il se cache. C'est dans ces conditions que l'ALAT apporte une plus-value énorme, d'autant que si la campagne aérienne avait largement amoindri les défenses sol-air, celles-ci n'étaient pas éradiquées pour autant, du fait de la dissémination importante de missiles à courte portée.

Vous avez évoqué l'exercice Orion où vous avez engagé 32 hélicoptères. Cela veut dire que vous retrouvez de la masse. Comment gérez-vous ce retour aux années 70/80 après des années de missions avec peu d'hélicoptères en opération ?
La guerre de haute intensité impose de retrouver une certaine masse critique pour pouvoir réaliser nos missions. Quand j'ai commencé dans l'ALAT, nous étions plus habitués à opérer dans de grands exercices avec plus d'une trentaine d'hélicoptères. Nous nous réapproprions aujourd'hui cette masse critique. Mais la masse ne fait pas tout : la cohérence au sein d'un système de force déjà évoquée est tout aussi importante. Par ailleurs, le point d'équilibre du modèle d'aérocombat dépend intrinsèquement de sa soutenabilité (finances, RH, ...). L'exercice Orion a été l'occasion d'engager un nombre important d'hélicoptères dans la profondeur opérative, dont l'effet décisif est amplifié lorsque la manœuvre est bien coordonnée avec la manœuvre renseignement et les tirs de l'artillerie.

L'hélicoptère est-il capable de jouer un rôle en Ukraine avec des défenses sol-air très aguerries, du brouillage intensif et des opérations cyber agressives ?
Oui, mais encore une fois s'il est correctement employé et en concentrant l'effort de l'ALAT sur les fenêtres d'opportunité parfois courtes qu'offrira l'ennemi. Il est important de mentionner que le combat de haute intensité a toujours fait partie de la formation au sein de l'école de l'ALAT. En revanche, dans le domaine de l'entraînement, il est important de mieux appréhender tout ce qui contribue à la saturation de l'environnement : communications brouillées, épaisseur logistique, dispersion des appareils et de la logistique, etc...

Quand on parle de haute intensité et par conséquent d'attrition, on se dit que 67 Tigre, ce n'est pas assez. Ne serait-il pas intéressant de reprendre les Tigre HAD que l'Australie veut mettre à la casse ?
Nous avons déjà une belle capacité de destruction avec 67 Tigre et l'engagement se ferait plus vraisemblablement dans le cadre d'une coalition. Un chantier de « francisation » des Tigre australiens, en plus du rapatriement de la flotte et de son environnement logistique et de l'acquisition de ce parc d'occasion aurait un coût conséquent. En termes d'investissement, il peut être plus important d'investir dans le développement des briques technologiques qui équiperont les systèmes futurs.

Comment allez-vous adapter l'ALAT au nouveau couple hélicoptère/drone ?
Je n'oppose surtout pas les drones aux hélicoptères, ce qui serait un contre-sens, la dronisation du champ de bataille étant déjà une réalité. Ce couple est amené à devenir incontournable et inséparable à l'avenir et il faut évidemment développer cette coopération drones/hélicoptères, qui va aller en s'accentuant. J'en ai d'ailleurs fait cette année un sujet de réflexion majeur au sein de l'ALAT, car il s'agit d'explorer les différents niveaux d'autonomie de ces drones et l'interopérabilité recherchée avec les hélicoptères. Dans le cadre de la haute intensité, on imagine aisément envoyer plutôt les drones sur la ligne de contact avec l'ennemi, en vue d'y produire des effets, sans exposer les systèmes habités. Pendant ce temps, les hélicoptères apporteront toute leur plus-value en coordonnant une manœuvre complexe dans la profondeur, l'homme restant le mieux placé, jusqu'à preuve du contraire, afin de gérer de nombreux cas non conformes et apprécier les risques à consentir pour atteindre les objectifs fixés. À noter que les drones sont déjà présents et qu'ils rendent énormément de services (renseignement, désignation de cibles, logistique, etc.) à l'ensemble des fonctions opérationnelles de l'armée de Terre.

Comment utiliseriez-vous les drones pour favoriser la pénétration des hélicoptères ?
Les drones vont décupler les effets de l'ALAT et augmenter la survivabilité des hélicoptères. On peut imaginer des drones lancés à partir d'hélicoptères, qui seraient complémentaires de la manœuvre d'aérocombat. Ils seraient utilisés par exemple pour flanc-garder notre action pendant une phase d'infiltration. Plus tard, on pourrait utiliser des essaims de drones à des fins de saturation et de brouillage. L'utilisation de drones à coûts très maitrisés serait un atout non négligeable.

Cette coopération drones/hélicoptères est-elle prévue dans un futur proche ou lointain ?
Nous avons déjà débuté sa phase de concrétisation. En tant qu'exploitant des aéronefs habités et non habités pour l'armée de Terre, j'ai déjà posé un cadre réglementaire pour coordonner l'emploi des drones avec celui des hélicoptères. Nous avons également rédigé des guides pédagogiques et proposé des séances d'acculturation. Dans la pratique, nous avons ouvert aux drones nos zones de vols tactiques, là où nos régiments s'entraînent. L'armée de Terre fait actuellement un effort conséquent en termes d'acquisition et d'exploitation de drones.

Au-delà de la coordination, un pilote ou un copilote de Tigre pourra-t-il gérer une flotte de drones autour de l'hélicoptère ?
La question que vous posez est celle des catégories de drones avec lesquels l'hélicoptère va interagir, leurs niveaux d'autonomie dans la gestion de la mission, la portée du vecteur et de ses effecteurs ainsi que l'interopérabilité des drones avec les systèmes de mission de l'hélicoptère. Ainsi décrit, il est clair que la capacité d'interaction des hélicoptères avec les différentes catégories de drones ira croissante dans le temps. Tirant bénéfice initialement de leurs senseurs, on peut imaginer à terme des systèmes automatisés fonctionnant tel un ailier de l'hélicoptère.

Commencez-vous à vous occuper du remplacement des Tigre et des Caïman dans le cadre des futurs programmes NGRC et NGRT d'autant qu'il y a une bataille discrète engagée par les États-Unis, qui veulent imposer leur concept basé sur la grande vitesse ?
Tout d'abord, il faut noter que si la rénovation mi-vie des Tigre est étudiée en ce moment, celle du Caïman ne le sera qu'à l'horizon 2030. En d'autres termes, le remplacement de ces flottes ne sera pas forcément dans le même horizon temporel. S'agissant des travaux relatifs à NGRC et NGRT, le COMALAT (Commandement de l'aviation légère de l'armée de terre, ndlr) est en appui des états-majors centraux et de la DGA (Direction générale de l'armement, ndlr) en apportant son expertise doctrinale et opérationnelle. Je note que ces projets constituent des forums intéressants permettant aux Nations européennes/otaniennes participantes d'exprimer leurs attentes et sensibilités nationales quant aux performances attendues des futurs systèmes.

En ce qui concerne le concept de grande vitesse étudié par les États-Unis, il est cohérent du besoin opérationnel lié aux longues élongations en zone Indo-Pacifique. Mais il est également intéressant de noter que les États-Unis étudient le prolongement de certaines flottes courantes (UH 60 par exemple) pour plusieurs décennies. Aussi, il est important d'aborder l'architecture des futures plateformes en regard des gains techniques du vecteur (élongation, emport, vitesse), des effecteurs (renseignement, attaque, interopérabilité avec la bulle aéroterrestre et maritime), des coûts d'acquisition et de possession ainsi que des capacités de projection autonome, aéroportée et amphibie.

Dans un environnement de haute intensité, la vitesse, si elle peut réduire le temps d'acquisition de l'ennemi, elle ne peut prémunir l'équipage de l'impact de munitions ou de missiles. La survivabilité dépendra également de choix de trajectoires de vol judicieuses, des discrétions acoustique, infrarouge, visuelle et électromagnétique de l'hélicoptère ainsi que de sa capacité à progresser en conditions visuelles dégradées. En d'autres termes, la grande vitesse comme critère unique de choix de futures plateformes serait réducteur au regard des besoins inhérents à la doctrine française d'aérocombat. Des gains en vitesse seraient une plus-value qu'il faudra jauger à l'aune du compromis à consentir avec les autres spécificités techniques de la plateforme.

La grande vitesse n'est pas forcément compatible avec la doctrine d'aérocombat de l'ALAT...
... Comme mentionné précédemment, les États-Unis ont en tête l'Indopacifique. C'est pour cela qu'ils veulent la grande vitesse : ils ont besoin de franchir des distances importantes le plus rapidement possible. Il s'agira donc de voir comment l'architecture permettant d'atteindre la haute vitesse sera compatible d'une infiltration en vol tactique, de poser dans des zones exigües, urbaines. In fine, il s'agira de savoir si ce marché sera celui d'une niche (par exemple forces spéciales) ou s'il pourra répondre à celui d'une plus grande masse d'aérocombat. A l'heure actuelle, je pencherais plutôt pour la première option, en attente des réponses industrielles aux projets NGRC et NGRT.

Quelles seraient les technologies disruptives qui pourraient être des « game changer » pour l'ALAT ?
Ce n'est pas forcément spécifique avec la guerre en Ukraine. J'attends beaucoup de nos nouveaux hélicoptères en termes d'avionique, de liaisons 16, de caméras grand champ. Notre nouvelle flotte d'appareils va nous permettre de faire beaucoup de choses. Le champ des possibles est important mais voici celles que je retiendrais en premier lieu : capacité d'infiltration accrue au travers de dispositifs permettant de voler dans le terrain en conditions visuelles dégradées ; interopérabilité accrue avec les autres senseurs et effecteurs d'une bulle aéroterrestre ; évolutivité rapide des plateformes intégrant notamment des munitions téléopérées ; adaptabilité plus rapide des plans de maintenance en fonction du retour d'expérience des données captées ; toutes technologies diminuant l'empreinte logistique, sonore, infra-rouge, radar des plateformes.

Lors du défilé du 14-juillet, 14 hélicoptères de l'ALAT défileront en trois blocs :

 1 bloc école :

  • 2 EC 120 de DAX,
  • 2 FENNEC du LUC.

1 bloc opérations d'envergure :

  • 1 GAZELLE  du 3e RHC,
  • 3 TIGRE du 1er RHC,
  • 1 PUMA de 3e RHC,
  • 1 COUGAR du 5e RHC,
  • 3 CAÏMAN des 1er et 3e RHC.

1 bloc ALAT 2030 :

  •  1 H 160 Airbus Helicopters.

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Commentaires 8
à écrit le 22/07/2023 à 14:05
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Bonjour, Pour le retour d'expérience de la guerre d'Ukraine, l'ons constate que l'avion d'appuis aire sol a etait fortement solliciter des le debut du conflits, puis elle a etait balayer du ciels par une forte defense sol air... La mission d'ap...

à écrit le 14/07/2023 à 18:08
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Oui Roger a raison. Il serait temps que Eurocopter, pardon Airbus Hélicopters, se pose les bonnes questions suite à la vague d'annulations de commande. Peut-être les clients préfèrent- ils un appareil qui vole plutôt qu'un appareil au garage. Les h...

à écrit le 14/07/2023 à 13:47
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A priori, l'engin est fantastique mais en tant que système d'arme, il manque de rusticité. Chaque type de mission doit être soigneusement planifié par des dizaines de personnes avant d'opérer. En outre, les militaires US préfèrent l'A10 (chasseur bom...

à écrit le 14/07/2023 à 7:49
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Le meilleur helico est l'Akula, tres rapide, furtif. Il est Russe c'est pas moi qui le dit, classement mondial. Ce que l'on fabrique en France est trop sophistique, fragile avec une lourde maintenance.

à écrit le 13/07/2023 à 6:37
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Bonjour, Ils faut bien comprendre que du fais de sa places , ils nous vends l'emplois des hélicoptères de combats ... Si les hélicoptères sont utiles, tous comme les avion d'appuis directe , le Tigre coûte tres chere a employé, maintenant importan...

le 13/07/2023 à 12:30
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On sent chez Rogger celui qui en connait un bout sur les helicos. L'ortografe par contre ?

le 14/07/2023 à 7:41
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sur quelle conflit ne sert a rien sur la majorité des conflits

le 14/07/2023 à 12:03
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Il serait intéressant de connaître les critères de maintenance d'un engin tel que le Ka50 que vous citez. En effet, l'architecture bi rotor superposés est assez distrayante en terme de maintenance....le Tigre à côté, relève de l'élémentaire....et ne ...

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