Tensions en Asie : le Japon finalise l'achat de 400 missiles américains Tomahawk

Tokyo a signé ce jeudi son contrat d'acquisition de 400 missiles de croisière américain pour un montant de 1,8 milliard de dollars. Le pays a ainsi augmenté son budget de la défense, dans un contexte régional de plus en plus tendu entre les velléités de la Chine d'un côté et l'agressivité croissante de la Corée du Nord de l'autre.
Le pays a formellement signé ce jeudi son contrat d'acquisition de 400 missiles de croisière américains Tomahawk.
Le pays a formellement signé ce jeudi son contrat d'acquisition de 400 missiles de croisière américains Tomahawk. (Crédits : ISSEI KATO)

Le Japon continue d'augmenter ses capacités de défense face aux tensions géopolitiques grandissantes. Le pays a formellement signé ce jeudi son contrat d'acquisition de 400 missiles de croisière américains Tomahawk. Cette vente avait été approuvée par Washington en novembre dernier, pour une somme maximum de 2,35 milliards de dollars. Mais c'est finalement pour un montant de 1,8 milliard de dollars pour les missiles et des équipements associés que le contrat a été signé. La livraison devrait commencer en 2025-2026, a précisé un responsable du ministère japonais de la Défense devant la presse.

Tokyo cherche ainsi à se doter de missiles de plus longue portée que ceux dont il dispose actuellement. Cela passe notamment par l'acquisition des Tomahawk américains (d'une portée de 1.600 km), mais aussi par le développement de nouveaux missiles japonais.

Hausse du budget défense

La signature de ce contrat intervient alors que le Japon a prévu de porter son budget de la Défense à 2% du PIB d'ici 2027. Il plafonnait auparavant ses dépenses militaires à environ 1% du PIB national.

Dans sa nouvelle doctrine nationale de sécurité adoptée fin 2022, le pays du Soleil levant a, en effet, introduit un principe de « contre-attaque », pour se donner la capacité de frapper des cibles militaires dans des pays voisins qui présenteraient une menace directe, à des fins de dissuasion. Mais ce principe n'a rien d'évident pour le Japon, dont la Constitution pacifiste en vigueur depuis 1947 postule qu'il renonce « à jamais » à faire la guerre. Actuellement, l'archipel nippon dépend étroitement des Etats-Unis et du parapluie nucléaire américain pour garantir sa sécurité.

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Dans le détail, ce budget de la défense prévoit notamment 370 milliards de yens (2,3 millions d'euros) pour la construction de deux nouveaux navires de guerre équipés du système de défense antimissile Aegis développé par les États-Unis. Le ministère de la Défense compte également allouer 734 milliards de yens (4,7 millions d'euros) notamment pour renforcer les stocks de missiles du pays, y compris avec des missiles capables d'atteindre des cibles militaires dans des pays voisins. Quelque 75 milliards de yens (environ 480 millions d'euros) dans le prochain budget nippon de la défense seront aussi consacrés au développement de systèmes d'interception destinés à abattre des missiles hypersoniques.

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Tensions en Asie

Le Japon augmente ainsi son budget face à la Chine qui se montre de plus en plus agressive. Sans oublier, la menace constante de la Corée du Nord et sa proximité géographique avec la Russie.

Pékin revendique pratiquement l'intégralité de la mer de Chine méridionale, y compris les eaux et les îles proches des côtes de ses voisins. Les Philippines, Brunei, la Malaisie, Taïwan et le Vietnam revendiquent également plusieurs récifs et îlots dans ces eaux.

Face aux velléités de Pékin dans la région, Tokyo renforce ainsi sa défense et ses alliés. Avec 10 pays d'Asie du Sud-Est, le Japon s'est engagé à renforcer « la coopération en matière de sécurité, notamment dans le domaine maritime » lors du sommet de Tokyo qui a eu lieu en décembre. Ainsi, le pays du Soleil levant a accentué ses relations avec la Malaisie fin 2023.

« Alors que le monde est à un tournant de son histoire, le Japon attache une grande importance au renforcement de la coopération avec la Malaisie et le reste de l'ASEAN, dans le but de maintenir et de renforcer un ordre international libre et ouvert fondé sur l'État de droit », avait ainsi souligné mi-décembre le Premier ministre japonais Fumio Kishida.

Tokyo a également entamé des pourparlers avec les Philippines sur un accord d'accès réciproque (RAA), un traité bilatéral de défense comprenant des dispositions pour le déploiement de troupes sur le territoire de l'autre.

Tension entre la Chine et Taïwan

Les tensions entre Taïwan et la Chine pèsent également sur le Japon, allié des Etats-Unis. Pour rappel, la Chine considère Taïwan comme une province qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile en 1949. Ces dernières années, Pékin a intensifié la pression militaire sur l'île, promettant de s'en emparer un jour. Le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan avait déclaré en décembre que Washington et ses alliés asiatiques, Séoul et Tokyo, allaient « défendre » la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan.

Outre la Chine, c'est la Corée du Nord qui inquiète. Encore la semaine dernière, Pyongyang a annoncé avoir réussi à tirer un nouveau type de missile balistique équipé cette fois d'une ogive hypersonique manœuvrable, une nouvelle avancée technologique en matière d'armement. Dix jours plus tôt, des obus d'artillerie étaient tirés à proximité de deux îles sud-coréennes. Fin décembre, la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon avaient alors activé un système de partage de données en temps réel sur les lancements de missiles nord-coréens.

(Avec AFP)

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Commentaires 7
à écrit le 21/01/2024 à 12:35
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[Dans sa nouvelle doctrine nationale de sécurité adoptée fin 2022, le pays du Soleil levant a, en effet, introduit un principe de « contre-attaque » (...) => mais ce principe n'a rien d'évident pour le Japon, dont la Constitution pacifiste en vigueur...

à écrit le 19/01/2024 à 9:42
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Il semble que le rédacteur ai quelques problèmes avec le rapport yen/euro qui rendent difficilement compréhensible cet article.

à écrit le 19/01/2024 à 2:41
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400 missiles livrables quand … dans 3 ans Et avec la guerre en Ukraine, cela paraît dérisoire, cela représente quoi : 1 mois de consommation… Et ils vont utiliser ces missiles sur des drones La guerre a changé ç est au moins ce que nous a appris l...

à écrit le 18/01/2024 à 23:26
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Si la Chine envisage sérieusement de conquérir Taïwan, une diversion créée par son allié Nord-coréen occupera "utilement" les Américains et leurs alliés. Avec l'Ukraine, cela ferait trois fronts à tenir. C'est 2 de trop en temps de paix : les Occiden...

le 18/01/2024 à 23:59
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@ Britannicus - La Chine gesticule mais ne bougera pas. Trop à perdre et surtout pas au niveau militaire. Quant à la Corée du Nord...elle gesticule aussi et serait écrasée en moins de temps qu'il n'en faut pour écraser un puceron. De plus la Chine ne...

à écrit le 18/01/2024 à 19:05
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C'est pour la danse de la pluie ?

à écrit le 18/01/2024 à 19:01
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Je ne connaissais pas la prescription de missiles en cas de tension ! Mais c'est sûr ça peut faire du bien effet... ^^

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