Trois pistes pour électrifier le parc automobile français

Électromobilté, IA, nouveaux services... "La Tribune" présente trois pistes destinées à assurer la transition vers la voiture de demain dans l'industrie automobile française.
Nabil Bourassi
La création d'une filière française et européenne de la batterie sera l'une des condition sine qua non pour assurer une transition efficace.
La création d'une filière française et européenne de la batterie sera l'une des condition sine qua non pour assurer une transition efficace. (Crédits : iStock)

1. Accélérer l'électromobilité. S'il y a une entreprise dans le monde qui a anticipé l'essor de l'électromobilité, c'est bien Renault-Nissan. Et l'Alliance compte bien poursuivre ses efforts. Renault va ainsi renouveler sa petite Zoé, leader en Europe, et partir à la conquête du premier marché de la voiture électrique du monde avec le K-ZE, une voiture très compacte et très compétitive. De son côté, PSA, après avoir longtemps traîné des pieds, s'apprête à lancer une salve de voitures électrifiées dès cette année, dont une citadine et un SUV 100 % électrique.La mission du rapport Mosquet-Pelata tient en une phrase simple et ambitieuse : « Positionner la France en tant que territoire d'excellence pour l'industrie automobile. » Cette mission s'inscrit dans le cadre du contrat stratégique de filière que l'État a signé en mai 2018 avec la Plateforme automobile (PFA) dirigée par l'ancien ministre Luc Chatel.

Pour doper l'électrification du parc, le rapport Mosquet-Pelata veut approfondir et pérenniser des dispositifs d'incitation à destination des ménages. Il s'agit d'aides à l'achat, comme le bonus fiscal de 6.000 euros qui devrait être pérennisé jusqu'en 2022, mais également de faciliter l'installation de bornes privées (90 % des recharges en Norvège et en Californie) et publiques (de 25.000 à 100.000 prises). Le rapport fixe un objectif d'un million de voitures électrifiées en 2022 contre 207.000 en 2018. La LOM (Loi d'orientation sur les mobilités) permettra aux collectivités locales d'avantager les motorisations électriques : accès à des voies réservées, places de stationnement gratuites, comme cela se fait en Californie ou en Norvège.

Lire aussi : Mise en garde de Carlos Tavares sur l'électromobilité

Deuxième défi : la création d'une filière française et européenne de la batterie. On savait depuis l'automne que Paris et Berlin s'étaient mis d'accord pour encourager un tel projet d'« Airbus des batteries ». On sait désormais que l'État français s'est engagé à hauteur de 700 millions d'euros dans ce projet très attendu. La France va également soutenir UEX2, un programme de recherche sur le recyclage des batteries lithium. Enfin, le rapport Mosquet-Pelata a plaidé pour un vrai programme autour de véhicules autonomes et connectés. Il suggère d'avancer autour de services de transports à la demande en taille réelle dans les territoires. Les recommandations des experts consistent surtout à débloquer des cadres juridiques encore contraignants tout en accompagnant les progrès et les retours d'expérience en les mutualisant.

2. Investir dans l'intelligence artificielle. Guillaume Devauchelle, patron de la recherche chez Valeo, avait prévenu : le problème, c'est la capacité à recruter des talents de l'intelligence artificielle. Valeo a donc fondé un campus de recherche fondamental afin de construire un centre d'excellence qui rayonnera à travers les chercheurs du monde entier. La France dispose d'un tissu universitaire qui n'a rien à envier au reste du monde, mais elle doit encore travailler sur les passerelles possibles avec le monde de l'entreprise.

Le système impôt-recherche est un autre argument de taille. La France compte de nombreux projets expérimentaux dont celui de Valeo, l'un des plus avancés. Mais Renault et PSA ont également une flotte de véhicules autonomes en circulation. Les deux champions français l'assurent, leur calendrier de développement et de commercialisation est tout à fait conforme avec ceux de la concurrence.

3. La bataille des contenus. Ce sera la mère de toutes les batailles... Dans la voiture 100 % autonome, c'est tout un univers de nouveaux services qui reste à conquérir, et les Gafa commencent déjà à préempter ce marché. Ils ont un cheval de Troie en imposant aux constructeurs l'interface qui permet de dupliquer une partie des fonctions des téléphones mobiles sur l'écran de la voiture. Demain, ils voudront y installer d'autres services comme des médias, des services télécoms, ou encore des assistants vocaux.

En France, toutes les initiatives pour créer un acteur majeur de contenus (Deezer, Dailymotion...) n'ont pas permis de faire émerger un acteur majeur et incontournable. Pour autant, l'Hexagone est très bien placé sur le plan des nouvelles mobilités avec un tissu de startups qui trouveront nécessairement leur place. Covoiturage, autopartage, plateforme VTC... La France compte des acteurs structurés et compétitifs. On trouve même des initiatives autour des contenus comme le projet AEX développé par Renault et le magazine Challenges.

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Nabil Bourassi

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Commentaire 1
à écrit le 27/02/2019 à 13:11
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Sous l'impulsion de l'Etat la France va se fourvoyer dans la voiture électrique que de toute évidence les français ne veulent pas où se méfient. Dans les hautes sphères on oublie l'hydrogène qui répond le mieux à nos futurs besoins et pourtant nous a...

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