C'est une annonce qui a surpris. Stellantis déclare investir dans Tiamat, une startup française spécialisée dans les batteries sodium-ion. Mais le constructeur franco-italo-américain n'a annoncé aucun montant, ni même une fourchette d'investissement, laissant planer le mystère absolu autour de ce projet. Selon une source, il s'agit de « dizaines de millions d'euros ». Le constructeur a tout de même avoué à demi-mots ne pas être majoritaire au capital de la startup. D'autres investisseurs sont également sur ce projet, « mais aucun autre constructeur automobile », a assuré Hervé Beuffe, directeur général de Tiamat.
La startup prévoit l'industrialisation de ses batteries à grande échelle grâce à la création d'une usine dans le Nord de la France, sans doute proche d'Amiens, où l'entreprise possède déjà son siège actuel. Le dirigeant se dit confiant pour un début de construction de l'usine en septembre 2024, alors même que le lieu n'est pas encore décidé. Pour ce faire, Tiamat avait besoin d'un premier jet d'investissements à hauteur de 150 millions d'euros, principalement financés par des fonds propres, dont ceux de Stellantis, le reste par la dette et l'autre par des subventions. « Les deux-tiers de cet investissement ont déjà été rassemblés », se réjouit Hervé Beuffe. L'usine commencera à produire 0,7 GWh fin 2025 et montera en puissance pour produire 5 GWh en 2029. Au total, l'investissement représentera 500 millions d'euros.
Batteries sodium-ion seront d'abord dans le naval ou l'aérien
Stellantis explique cet investissement par l'attrait croissant du marché pour les batteries sodium-ion. Ces dernières constituent une des seules technologies de batteries envisagées pour surpasser les batteries LFP (lithium-fer-phosphate), actuellement présentes dans les modèles peu chers en Chine, mais aussi dans les futurs modèles abordables en France comme la ë-C3.
Les batteries sodium-ion ont plusieurs avantages : l'utilisation du sodium, élément abondant et peu cher, contrairement au lithium, un chargement rapide ainsi qu'une meilleure résistance aux températures froides. Mais deux problèmes majeurs se présentent : l'autonomie de ces batteries sera sans doute plus faible que celles actuelles et, surtout, leur développement pour les voitures électriques ne devraient pas arriver avant... 2029 !
« Les premières batteries qui sortiront en 2026 n'alimenteront pas les véhicules. Elles serviront en tant que batteries stationnaires, en hybridation avec un système thermique pour le naval et l'aérien ou en remplacement de batteries au plomb », explique Pierre Maucaudière, expert des batteries chez Stellantis.
En 2021, déjà, le géant Chinois des batteries CATL avait annoncé l'arrivée de ces premières générations de batteries sodium-ion. D'autres entreprises comme Northvolt en Suède ont également annoncé qu'elles étaient sur ces nouvelles technologies. La deuxième génération de batteries, plus grosse que l'ancienne, pourra avoir une capacité de stockage plus importante et ainsi équiper des voitures électriques. Mais elles ne seront pas disponibles avant 2029.
Tiamat, un spin-off du CNRS
Créée en 2017 par le professeur Jean-Marie Tarascon, le ponte des batteries, la startup française est un spin-off du CNRS. Il y a quelques mois, l'entreprise a commercialisé sa perceuse alimentée par une batterie sodium-ion chez Leroy Merlin, « une première mondiale », s'est réjouit Hervé Beuffe.
La société, qui emploie 20 personnes actuellement, souhaite à terme créer un millier d'emplois. Après deux levées de fonds en 2018 puis 2021, de respectivement 3,6 millions et 5 millions d'euros, le groupe est passé dans une autre dimension désormais.
Stellantis a également annoncé travailler sur des batteries solides, autre technologie qui permettrait aux véhicules électriques une autonomie dépassant les 1.000 kilomètres. Le constructeur place plusieurs billes sur le développement de batteries, afin, dit-il, « d'adapter la technologie aux besoins des clients et à leur zone géographique ».
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