Batteries électriques : l'UE valide une aide, une usine Northvolt verra bien le jour en Allemagne

En mai, Northvolt avait choisi l'Allemagne pour installer son usine de véhicules électriques grâce au feu vert de Bruxelles pour une aide allemande de 902 millions d'euros dans le cadre d'un mécanisme de l'UE créé en mars 2023 afin d'éviter le « détournement » de projets d'investissement européens vers les Etats-Unis. Et pour cause, l'Europe tente de faire face à la concurrence américaine, mais aussi chinoise, dans la course aux batteries électriques.
Une usine de Northvolt en Suède.
Une usine de Northvolt en Suède. (Crédits : Reuters)

C'est la démonstration que « l'action pour le climat se marie très bien avec celle en faveur de la production industrielle », a salué le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck après que son pays ait obtenu, ce lundi, le feu vert de Bruxelles pour une aide d'Etat allemande de 902 millions d'euros. Et ce, afin de soutenir la construction d'une usine outre-Rhin de batteries du groupe suédois Northvolt pour véhicules électriques. L'entreprise avait annoncé en mai 2023 l'implantation de cette usine géante à Heide (nord), à une centaine de kilomètres de Hambourg, après avoir obtenu la promesse d'un soutien financier de Berlin.

Il s'agit de « la première aide » autorisée par la Commission européenne dans le cadre d'un mécanisme de l'UE créé en mars 2023 afin d'éviter le « détournement » de projets d'investissement européens vers les Etats-Unis, a annoncé la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager. En effet, la Commission européenne avait adopté en mars 2023 un texte facilitant les aides d'État en faveur de projets contribuant à réduire les émissions de CO2 de l'Union européenne, en réponse aux subventions américaines et chinoises qui font craindre une fuite des investissements verts hors d'Europe. Le texte simplifie et étend les possibilités de subventions publiques jusqu'à fin 2025. Il inclut notamment un mécanisme permettant aux États membres, dans certains « cas exceptionnels », de s'aligner sur le montant d'aide proposé par un pays tiers pour éviter qu'il ne « détourne » un investissement prévu en Europe. L'aide autorisée par l'Europe prendra alors la forme d'une subvention de 700 millions d'euros assortie d'une garantie de 202 millions d'euros, a expliqué la Commission

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800.000 à 1 million de véhicules électriques équipés par an

Dans le détail, l'usine, la première du groupe en dehors de la Suède, aura une capacité annuelle de 60 gigawattheures (GWh), de quoi équiper 800.000 à 1 million de véhicules électriques par an, selon la taille de la batterie. La production démarrera en 2026 et atteindra sa pleine capacité en 2029.

Basée à Stockholm, Northvolt, qui a déjà levé plusieurs milliards d'euros de financement, a été fondée en 2016 par le Suédois Peter Carlsson et l'Italien Paolo Cerruti, deux anciens de Tesla. C'est désormais l'un des plus grands espoirs européens en matière de batteries au moment où le Vieux continent cherche à rattraper son retard dans cette production indispensable à la transition de l'industrie automobile.

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Faire face à la compétitivité américaine

Et, selon la Commission européenne, « sans cette aide, Northvolt implanterait l'usine aux États-Unis, où un soutien a été proposé, en particulier dans le cadre de l'Inflation Reduction Act (IRA) », le plan vert américain. En effet, le projet d'usine à Heide, dans la région du Schleswig-Holstein, était plus qu'incertain. D'abord annoncé en mars 2022, il était ensuite devenu problématique en raison de la hausse des prix de l'énergie en Europe. En octobre, le PDG de Northvolt, Peter Carlsson, avait alors affirmé dans la presse allemande que le projet « pourrait être repoussé », afin que le groupe puisse « donner la priorité à une expansion aux États-Unis » où de juteuses aides attendent les fabricants de batteries qui produisent sur le sol américain. Car pour attirer les usines du futur, nécessaires à la transition énergétique, les Etats-Unis ont déjà dégainé des centaines de milliards de dollars via son plan massif de subventions pour la transition, lancé l'an dernier.

« Une grande majorité des fabricants européens de batteries disent qu'ils ont envie de se développer en Europe, mais que l'accompagnement proposé aux Etats-Unis est si intéressant qu'ils ne peuvent pas le négliger », souligne ainsi Claude Laperiere, président d'UpCell.

D'autant plus que d'autres pays mettent la main au portefeuille pour attirer les multinationales, comme la Chine avec son plan « Made in China 2025 ». Le Canada n'est pas en reste puisque Northvolt a déjà choisi en septembre ce pays pour sa première méga-usine de batteries en Amérique du Nord, qui sera implantée à côté de Montréal pour un investissement initial de 7 milliards de dollars canadiens (5 milliards d'euros).

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L'Europe face à un problème de compétitivité

Au-delà des subventions, l'Europe souffre d'un problème de compétitivité lié notamment à l'accès aux matériaux critiques - graphite, lithium, nickel, manganèse et cobalt -, dont la chaîne d'approvisionnement est largement maîtrisée par la Chine, est un handicap majeur. Pour Tobias Gehrke, chercheur en géoéconomie au European Council on Foreign Relations (ECFR), l'objectif de l'Europe de produire l'ensemble des batteries nécessaires à son industrie automobile sur son sol d'ici à 2030 paraît donc à ce stade peu réaliste.

L'Europe, qui tente de rattraper un retard considérable dans ce domaine, a néanmoins « les moyens d'être dans la compétition », tempère le chercheur. Outre l'Allemagne, le taïwanais ProLogium a, lui, choisi le nord de la France pour installer une usine de batteries nouvelle génération. L'annonce, en mai, de cet investissement à 5,2 milliards d'euros se traduira par une capacité de production annuelle de 48 GWh, suffisamment pour des centaines de milliers de voitures. En lien avec l'usine de ProLogium, un site de production de matériaux de cathodes pour les batteries lithium doit aussi voir le jour à Dunkerque, selon une autre annonce en 2023 du président français Emmanuel Macron.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 09/01/2024 à 8:32
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Tiens hier soir un documentaire sur arte sur une adorable jeune ingénieure turque qui venait du secteur pétrolier et trop contente de travailler pour... Northvolt, avec des blousons à son nom partout sur les gens.

à écrit le 08/01/2024 à 21:41
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L'usine Northvolt dans le nord de la Suède, à Skellefteå, espérait attirer beaucoup de monde pour se former et y travailler. Ça ne semblait pas évident (en hiver il fait froid et les nuits sont longues, les jours aussi, voire durent 24h en été), mais...

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