Tesla accélère enfin... Le constructeur automobile californien, spécialisé dans les voitures 100% électrique, vient d'annoncer un bénéfice net supérieur à un milliard de dollars sur le seul deuxième trimestre (1,14 milliard pour être précis, soit 527.000 dollars par heure).
Ce résultat est d'autant plus remarquable qu'il s'inscrit dans une période de grave pénurie de semi-conducteurs, dont Tesla, plus que tout autre groupe automobile, est particulièrement friand. Ses voitures, véritables ordinateurs roulants, ont dû se tourner vers d'autres modèles de processeurs afin de ne pas subir de rupture de production. Les équipes de Tesla ont charbonné pour reprogrammer les systèmes informatiques pour les rendre compatibles. Résultat : le groupe a livré 201.250 voitures sur trois mois, un nouveau record pour l'entreprise californienne après les 180.000 livraisons du premier trimestre.
Un objectif de volumes raté depuis 2018
Le chiffre d'affaires, lui, double pour atteindre quasiment les 12 milliards de dollars (10 milliards d'euros). Elon Musk estime que le seuil des 500.000 voitures par an est enfin à portée de main. Il avait manqué de peu cet objectif en 2020, qu'il promet pourtant d'atteindre depuis 2018... Le flamboyant milliardaire maintient son objectif d'une croissance en volume de 50% par an. Il compte sur l'ouverture de son usine européenne prévue près de Berlin. Il espère également reprendre de l'élan en Chine où les ventes se sont révélées décevantes en début d'année. En avril, il n'avait vendu que 25.000 voitures sur le premier marché automobile du monde (et le premier pour l'électrique) alors qu'il en avait vendu 10.000 de plus le mois précédent.
Il semble que le modèle économique de Tesla soit enfin devenu profitable. Certes, le californien a déjà enregistré des profits, mais c'est la première fois que ses profits sont fondés sur la seule vente de voitures électriques. Ses premiers profits, enregistrés au troisième trimestre 2019, avaient surtout été du fait du commerce de crédits de CO2 auprès des constructeurs classiques. Pour rappel, Elon Musk avait vendu ses "droits à polluer" au groupe Fiat Chrysler pour 1,8 milliard d'euros pour une période de trois ans. Sur le trimestre, cette "activité" n'aura rapporté que 354 millions de dollars, contre 518 millions le trimestre précédent.
La pénurie de puces menace le second semestre
Sur le second semestre, le défi d'Elon Musk sera de continuer à piloter la pénurie de semi-conducteurs. Même si celle-ci a connu son pic au deuxième trimestre, elle pourrait cependant perdurer jusqu'à début 2022.
"C'est compliqué de dire combien de temps ça va durer car on ne peut rien y faire nous-mêmes", a lancé Elon Musk lors d'une conférence téléphonique avec des analystes, cité par l'AFP. Et d'ajouter: "pour le reste de l'année, notre croissance dépendra du plus petit élément de notre chaîne d'approvisionnement".
Pour optimiser sa chaîne d'approvisionnement, Elon Musk a donc décidé de reporter l'industrialisation des Semi, ses camions 100% électriques. Le Cybertruck serait également décalé. Elon Musk n'a pas remis en cause le lancement de la Model Y qui doit monter en puissance en Europe avec l'ouverture de son usine berlinoise.
Après l'euphorie, la Bourse tempère
Le groupe pionnier de l'électrification est également sous pression boursière. Après une progression spectaculaire en 2020 pour atteindre une valorisation stratosphérique proche des 900 milliards de dollars, Tesla a déjà perdu une partie de ses gains pour redescendre à 630 milliards. La déception sur le marché chinois avait refroidi les investisseurs alors que Tesla venait d'y inaugurer une usine.
En outre, le spécialiste de la mobilité électrique n'est désormais plus le seul sur ce créneau. Lucid aux Etats-Unis, Nio en Chine, XPeng, ou encore Karma... attirent à leur tour les investisseurs qui cherchent le nouveau Tesla. Ainsi, Nio tutoie déjà les 60 milliards de valorisation boursière à Wall Street. En outre, les constructeurs traditionnels développent des gammes 100% électrique extrêmement ambitieuses. Tesla va-t-il tomber de son piédestal boursier ou Elon Musk va-t-il user de son arme favorite, Twitter, pour remettre du piment autour du titre ?
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