Les cabines d'essayage, la nouvelle initiative de La Poste pour se renouveler

La Poste expérimente des cabines d'essayage au sein de leurs agences. Objectif : permettre aux clients d'essayer directement leurs colis, afin de les renvoyer plus facilement. Une initiative cependant décriée par les commerçants qui s'inquiètent de la montée toujours aussi fulgurante du e-commerce.
Deux bureaux de poste à Paris et deux autres à Lannion (Côtes-d'Armor) et La Rochelle (Charente-Maritime) ont déjà mis en place des cabines d'essayage.
Deux bureaux de poste à Paris et deux autres à Lannion (Côtes-d'Armor) et La Rochelle (Charente-Maritime) ont déjà mis en place des cabines d'essayage. (Crédits : JACKY NAEGELEN)

Essayer un vêtement acheté en ligne directement dans un bureau de poste pour éventuellement le renvoyer aussitôt, c'est la nouvelle expérimentation de La Poste. Des cabines d'essayage ont ainsi été disposées dans quelques agences de l'Hexagone. Testée dans deux bureaux de poste à Paris et deux autres à Lannion (Côtes-d'Armor) et La Rochelle (Charente-Maritime), l'expérimentation est vouée à s'étendre et de prochaines ouvertures sont prévues à Valenciennes, Saint-Etienne et Amiens, selon La Poste.

A Paris, dans une des quatre agences pilotes en France, une grande cabine d'essayage jaune en forme de boîte aux lettres est installée au fond de la salle. « On s'est aperçu que les gens venaient chercher des colis et, une heure après, les ramenaient car ça n'allait pas », confie Sandrine, une des responsables du bureau de poste. Cette nouvelle iniative est donc « un gain de temps (...) puis c'est vraiment original », indique-t-elle.

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Une idée mal vue par les commerces de proximité

L'initiative est cependant décriée par certaines organisations de commerçants comme la Confédération des commerçants de France, qui représente un million d'emplois et 450.000 entreprises, principalement implantées dans les centres-villes. Cette initiative « suscite un profond mécontentement parmi les commerçants indépendants de proximité et présente des risques sérieux pour le tissu économique local si elle est déployée à l'échelle nationale », déclare cette confédération dans un communiqué.

« On pense qu' indirectement, c'est une concurrence aux commerces physiques », affirme Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France. Avant d'ajouter : « Nous demandons tout simplement que ce type de pratiques ne se développe pas et que ce soit revu et corrigé ».

La Fédération nationale de l'habillement (FNH), syndicat patronal de commerçants indépendants, partage également le même avis. Elle demande alors à La Poste « de renoncer à ce projet et de continuer à soutenir les commerces de proximité », a indiqué à l'AFP Pierre Talamon, son président. « Cela me paraît assez aberrant de conduire cette opération », dénonce-t-il, évoquant « une maladresse certaine » pour les commerces de proximité et les détaillants de centre-ville. « On est en train de se battre pour que les centre-villes ne perdent pas de points de vente et de boutiques de proximité parce que c'est très important pour leur dynamisme (...) Là, ça ne va pas du tout dans ce sens-là », ajoute-t-il.

Au-delà « d'inciter » les clients à commander en ligne « d'une façon plus importante », le commerçant s'inquiète également de « problèmes de sécurité sanitaire et de respect de la vie privée ». Interrogée sur l'état des cabines, La Poste assure que « les chargés de clientèle ont également été sensibilisés à veiller à la bonne tenue de la cabine ». « L'objectif n'est pas du tout de s'opposer aux commerçants de centre-ville, mais au contraire de créer du trafic », s'est de plus défendu le groupe à l'AFP.

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Le e-commerce continue son envolée

Selon la Fédération de l'e-commerce et de la vente à distance (Fevad), au troisième trimestre 2023, le chiffre d'affaires du e-commerce, produits et services confondus, atteignait 38,3 milliards d'euros, en hausse de 9,8% sur un an. Selon la Fédération de l'e-commerce et de la vente à distance (Fevad), la part de l'e-commerce dans la vente de produits était estimée à 12,5% du commerce de détail en France, en 2023.

Déjà en 2022, les ventes en ligne avaient atteint un record, en progressant de 14%. Les Français avaient dépensé 146,9 milliards d'euros sur internet, d'après les chiffres de la Fevad. « L'équivalent du secteur automobile ou du BTP », avait alors souligné le délégué général de la Fevad Marc Lolivier lors d'une conférence de presse au ministère de l'Economie. En moyenne, un cyberacheteur français a dépensé 3.515 euros en ligne en 2022, passant plus d'une commande par semaine. Les trois sites les plus visités en France étaient alors Amazon, Leboncoin et Vinted, d'après Marc Lolivier.

Des résultats portés notamment par la génération Z. Pour la première fois, la Fevad a commandé à l'institut Odoxa un focus sur les comportements d'achat de la génération des 12-25 ans, réalisé auprès de 1.440 cyberacheteurs dont 609 jeunes. L'étude montre ainsi que les 12-25 ans sont 48% à réaliser plus de la moitié de leurs achats sur Internet, soit davantage que la population générale (28%), a indiqué la directrice générale d'Odoxa Céline Bracq. Les influenceurs sont davantage déterminants que la publicité dans leurs comportements d'achats : les plus grands prescripteurs en France seraient Squeezie, McFly et Carlito et Michou, a conclu Céline Bracq.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 11/01/2024 à 15:19
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Et distribuer le courrier ans un délai inférieur à 15 jours, cela n'est plus une mission de la poste ?

à écrit le 11/01/2024 à 6:38
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On est loin des PTT. Ce genre d'initiative aurait peut-être pu sauver le Groupe Casino.

à écrit le 10/01/2024 à 19:22
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Alors qu'il suffirait qu'on puisse se garer gratuitement pas loin pour revenir dans le centre-ville...

à écrit le 10/01/2024 à 19:21
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Mais c'est pas immoral, de commander un vêtement pour le retourner ensuite parce qu'il ne vous plait pas ? Je croyais que c'etait un manque a gagner énorme pour les VPC ? Et la on va encourager cette pratique ?

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