« Confrontée à des vents contraires », Deliveroo pourrait licencier près d'un salarié sur dix

Inflation, hausse des taux d'intérêt, crise énergétique, crainte d'une récession au Royaume-Uni mais aussi remise en question du modèle des plateformes de livraison de repas dans plusieurs pays...Les difficultés que rencontre Deliveroo sont nombreuses et le poussent à se séparer d'environ 9% de l'effectif de l'entreprise, soit près de 350 postes, comme l'a annoncé son fondateur, jeudi. Elles ne concernent pas les livreurs, au statut d'indépendants.
Coline Vazquez
Deliveroo a annoncé, jeudi, qu'elle pourrait licencier près d'un salarié sur dix. Les livreurs, indépendants, ne sont pas concernés.
Deliveroo a annoncé, jeudi, qu'elle pourrait licencier près d'un salarié sur dix. Les livreurs, indépendants, ne sont pas concernés. (Crédits : TOBY MELVILLE)

Deliveroo est « confrontée à des vents contraires économiques graves et imprévus », notamment « une inflation record, des taux d'intérêt en hausse, une crise énergétique et des craintes de récession au Royaume-Uni » qui pèsent sur la demande des clients. Fin janvier déjà, le groupe avait annoncé que la valeur brute des transactions, une unité de mesure équivalant à son chiffre d'affaires, avait progressé en 2022 de 9% (hors Australie et Pays-Bas), mais affichait une marge d'exploitation toujours négative et prévenait de « perspectives incertaines pour 2023 ». En conséquence, la plateforme britannique de livraison de repas a annoncé, jeudi, qu'elle pourrait licencier près d'un salarié sur dix.

« Nous entamons un processus de licenciement (...) qui pourrait voir environ 9% de l'effectif de l'entreprise - environ 350 postes - s'en aller », a annoncé son fondateur et directeur général, Will Shu, dans un message aux employés publié sur le site internet de l'entreprise. Le dirigeant précise que des redéploiements au sein de la compagnie pourraient permettre de réduire le nombre de départs à environ 300. Ces suppressions de postes auront lieu dans tout le réseau, mais principalement au Royaume-Uni où l'entreprise emploie le plus grand nombre de personnes, a précisé à l'AFP un porte-parole. Elles ne concernent pas les livreurs, au statut d'indépendants.

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Plusieurs marchés abandonnés dans le monde

« Ces dernières années, nous avons augmenté nos effectifs très rapidement », notamment en réponse à « des taux de croissance sans précédent soutenus par une dynamique favorable liée au Covid », a expliqué Will Shu. En effet, la livraison de repas à domicile, déjà en croissance avant la crise sanitaire, a connu une véritable explosion dans le contexte de confinements et de fermeture des restaurants. 60% des Français l'ont ainsi intégrée à leurs habitudes de consommation, contre seulement 40% à la veille de la pandémie. En outre, parmi les commandes de repas effectuées en ligne, sept sur dix passent par les agrégateurs-livreurs comme Uber Eats ou Deliveroo, qui assurent le service de livraison entre les professionnels et les clients, contre cinq sur dix il y a dix ans.

Mais, Deliveroo a récemment abandonné plusieurs marchés, en particulier les Pays-Bas et l'Australie à la fin de l'an dernier, « ce qui signifie que nous n'avons pas besoin de la même taille de main-d'oeuvre pour subvenir aux besoins de nos opérations », a ajouté Will Shu. Ces sorties de marchés s'étaient aussi traduites par des licenciements, en particulier 120 en Australie, auxquelles s'ajoutent donc celles annoncées jeudi, a précisé à l'AFP un porte-parole.

Un modèle remis en cause

D'autant que la plateforme, comme toutes celles du secteur, voit son modèle remis en cause dans un certain nombre de pays, suscitant des lois et décisions de justice en ordre dispersé. En France, Deliveroo a ainsi été reconnu coupable de travail dissimulé et a été condamné à verser à l'Urssaf 9,7 millions d'euros pour ne pas avoir réglé des cotisations et contributions sociales.

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En mars dernier, le fondateur s'attendait pourtant à « atteindre la rentabilité entre le deuxième semestre 2023 et le premier semestre 2024 sur une base de bénéfice d'exploitation ajustée » - bénéfices tirés de l'activité pure d'une entreprise, à savoir avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements.

L'action de Deliveroo évoluait jeudi vers 16H10 GMT en hausse de 0,22% à 89,12 pence, toujours très en deçà de son prix d'introduction en Bourse en avril 2021, à 390 pence.

(Avec AFP)

Coline Vazquez

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Commentaire 1
à écrit le 25/05/2023 à 18:52
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Elle ne concerne pas les livreurs ? Ça fait 3 mois que je veut changer de RIB et que deliveroo me disent que c'est en court de vérification !!! En ce moment j'arrête pas de leur envoyer une photo de moi et ils me disent que ça correspond pas avec ma ...

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