Emeutes : une aide de 10.000 euros pour les buralistes touchés par les dégradations

Un mois après les violences urbaines consécutives au décès du jeune Nahel tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, les commerçants se relèvent. Parmi eux, 545 bureaux de tabac ont été endommagés pour un sinistre estimé à 20 millions d’euros. Pour les soutenir, le gouvernement a annoncé une aide financière.
Le ministre délégué aux comptes publics Thomas Cazenave et le président de la Confédération nationale des buralistes Philippe Coy ont rencontré un buraliste qui a dû interrompre son activité suite aux émeutes à Talence (Gironde).
Le ministre délégué aux comptes publics Thomas Cazenave et le président de la Confédération nationale des buralistes Philippe Coy ont rencontré un buraliste qui a dû interrompre son activité suite aux émeutes à Talence (Gironde). (Crédits : MG / La Tribune)

[Article publié le jeudi 3 août 2023 à 11h28 et mis à jour à 14h05] Les commerçants touchés par les dégradations et les vols qui ont suivi le décès du jeune Nahel font l'état des lieux, un mois après les émeutes. Appelé à l'aide par les professionnels, le gouvernement a annoncé que les buralistes victimes de dommages pourront bénéficier d'une aide forfaitaire de 10.000 euros versée par l'Etat, selon un décret publié au Journal Officiel (JO) ce jeudi 3 août.

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Pour bénéficier de cette aide exceptionnelle, les débits de tabac devront cependant prouver qu'ils ont « subi des dégradations, destructions, vols, à l'occasion des émeutes urbaines, ayant entraîné une fermeture d'au moins trois jours consécutifs », lors des violences « survenues entre le 27 juin et le 5 juillet 2023 », précise le décret.

Une démarche qui se fait auprès des douanes

Ce jeudi, le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave s'est rendu à Talence, en compagnie du président de la Confédération des buralistes Philippe Coy, pour dévoiler les contours de cette aide.

« C'est très important de ne pas les laisser tomber », a déclaré le ministre délégué chargé des Comptes publics Thomas Cazenave. « C'est un commerce de proximité, ça fait partie de la vie de nos villes et du lien social. C'est important d'être à leurs côtés et de leur permettre de redémarrer dans les meilleures conditions possibles », a-t-il ajouté, chiffrant l'enveloppe totale à « un peu plus de deux millions d'euros ».

Cette aide forfaitaire doit notamment permettre « d'accompagner la sécurisation des commerces », a-t-il précisé. Ce dispositif exceptionnel s'inscrit dans le cadre du protocole d'accord 2023-2027 sur l'accompagnement du réseau des buralistes, indique en effet le décret. De quoi satisfaire la profession.

« L'annonce de ce dispositif de soutien est importante car nous avons été largement impactés par ces nuits d'émeutes », a remarqué Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes. Un soutien qui fait également suite à des aides annoncées fin juin pour aider à la diversification des activités au-delà de la vente de tabac. « Il y a une nécessité pour nos établissements d'être dans une évolution commerciale. Cela peut passer par du retrait d'argent, des relais colis, un guichet SNCF ou de la petite alimentation par exemple », a-t-il ajouté.

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Dans le détail, les adhérents à la Confédération nationale des buralistes, qui regroupe quelque 23.300 commerçants, pourront passer par ce syndicat professionnel pour réclamer l'indemnisation de l'Etat. Les débitants en activité, non-adhérents à un syndicat professionnel national des buralistes, « gérant un débit de tabac ordinaire, permanent ou saisonnier, ou spécial » pourront de leur côté demander jusqu'au 15 septembre à en bénéficier, auprès de la direction générale des douanes.

650 millions d'euros de dégâts

Ce geste de l'Etat est bienvenu pour les professionnels. Selon le dernier bilan en date de la Confédération des buralistes, 545 bureaux de tabac ont été endommagés, dont 64 établissements incendiés et complètement détruits, a précisé un porte-parole des buralistes à l'AFP jeudi, estimant « la sinistralité à plus de 20 millions d'euros ».

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Outre les buralistes, les dégâts des émeutes vont coûter 650 millions aux assurances, selon le bilan du 11 juillet de fédération professionnelle des assureurs, après une première estimation à 280 millions d'euros.

« Près de 90% du coût de ces violences urbaines concernent les 3.900 biens des professionnels et des collectivités locales sinistrés », a précisé la présidente de France assureurs Florence Lustman dans un communiqué.

Le reste concerne essentiellement des dégâts subis par des particuliers pour leurs véhicules personnels.

Plus de 11.300 déclarations de sinistres liées aux violences ont été décomptées par la fédération. Dans le détail, les sinistres sur les biens professionnels représentent 55% des 650 millions d'euros évoqués, et ceux sur les biens des collectivités locales 35%, précise France Assureurs. Et cet épisode se voit même dans les résultats semestriels des assureurs. Ainsi, Axa a précisé ce jeudi que sa facture liée aux émeutes s'élevait à 125 millions d'euros.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 04/08/2023 à 10:46
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Mettre en parallèle avec l'article : Tabac et alcool : le coût pour les finances publiques excède largement les recettes fiscales.

à écrit le 04/08/2023 à 2:30
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Encore et toujours le ruissellement public dans les poches d'entreprises pseudo-privées normalement bénéficiant de la couverture d'un assureur. Cette donation publique sera-t-elle également défiscalisée?

à écrit le 03/08/2023 à 14:02
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Faire payer à tous les dérives de quelques uns.. Qui est d’accord avec cela?!

à écrit le 03/08/2023 à 12:31
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Le "jeune Nahel"...

à écrit le 03/08/2023 à 12:22
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Il faut que les buralistes puissent vendre des cigarettes au plus vite pour éviter la contrebande et faire rentrer des taxes dans les caisses de l'état voilà la raison de cette "générosité" !!! .

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