Location de voitures : Virtuo poursuit sa folle croissance dans un secteur en crise

Le spécialiste français 100% digital de la location de voiture vient de s'implanter en Allemagne et au Portugal et complète son maillage en Europe de l'Ouest. Virtuo affiche une croissance très forte alors que le marché, lui, continue à baisser, et contraint les acteurs à multiplier les manœuvres de consolidation.
Nabil Bourassi
Karim Kaddoura (à gauche) et Thibault Chassagne ont fondé Virtuo en 2016. Cette start-up s'impose comme leader en Europe de la location de voiture 100% digitale.
Karim Kaddoura (à gauche) et Thibault Chassagne ont fondé Virtuo en 2016. Cette start-up s'impose comme leader en Europe de la location de voiture 100% digitale. (Crédits : Virtuo)

Virtuo ne connaît pas la crise... Le loueur de voitures 100% digital poursuit son internationalisation à un rythme soutenu. Un an après sa levée de fonds de 80 millions d'euros, le concurrent d'Europcar et Sixt qui opèrent, eux, toujours à travers des réseaux d'agences, vient d'ouvrir deux nouveaux marchés majeurs en Europe : en Allemagne et au Portugal. Cette expansion survient après des implantations réussies au Royaume-Uni, en Espagne et en Italie. « Londres va bientôt devenir plus gros que Paris en termes d'activités », estime Karim Kaddoura, l'un des cofondateurs, avec Thibault Chassagne, de Virtuo.

Les londoniens friands de Virtuo

La capitale britannique a montré une très forte appétence pour l'offre Virtuo avec un panier moyen plus élevé qu'à Paris. « Les Britanniques sont très sensibles à nos services additionnels, ils sont 30% à prendre l'option de la livraison à domicile par exemple, c'est plus important qu'à Paris (20% des locations) », explique Karim Kaddoura à La Tribune. Sur ce marché, où Virtuo opère également à Edimbourg ou Manchester, Virtuo a déroulé sa stratégie consistant à suivre ses clients vers ses destinations favorites avec des offres à Bristol ou Brighton, avec l'idée d'activités saisonnières comme à Cannes en France. C'est également ce qui a guidé l'ouverture de Lisbonne, véritable capitale touristique pour les clients français et britanniques de Virtuo.

L'Allemagne en revanche, répond à une autre logique. Même si le pays n'est pas une destination touristique majeure, il est le premier marché européen de voitures de location. « Les Allemands voyagent beaucoup dans leur propre pays, et nous observons que de grandes métropoles comme Berlin, se démotorisent massivement », explique Karim Kaddoura. Enfin, l'Allemagne est un marché très important de la clientèle d'affaires. Virtuo veut augmenter la part de son chiffre d'affaires hors France qui est déjà passé de 5 à 35% entre 2018 et 2021.

Une croissance folle

La start-up fondée en 2016 par Karim Kaddoura et Thibault Chassagne semble déjouer la morosité ambiante du secteur. En 2021, sur un marché en retrait d'un tiers, Virtuo a enregistré une croissance de 70%. En 2022, il devrait maintenir ce rythme, malgré les problèmes d'approvisionnement en voitures neuves. Cette performance semble confirmer le modèle économique du réseau Virtuo qui permet de louer des voitures exclusivement à travers une application, laquelle déverrouille la voiture sans passer par une agence.

Mais la start-up qui ne cesse de grandir au point de devoir déménager vers des bureaux plus grands, veut désormais se concentrer sur son périmètre géographique actuel : ouverture de nouvelles métropoles, développement de nouveaux outils et renforcement des flottes. Karim Kaddoura estime que Paris est loin d'avoir atteint son potentiel. Il juge que la capitale française peut multiplier son chiffre d'affaires par cinq.

Virtuo restera indépendant

Dans un marché où les manœuvres capitalistiques s'accélèrent (rachat d'Europcar par Volkswagen, absorption de ShareNow par Free2Move, introduction en bourse de Toosla...), Virtuo tient plus que jamais à son indépendance. La start-up juge avoir exécuté sa feuille de route opérationnelle et remplit ses objectifs de croissance et de rentabilité opérationnelle. Virtuo partage néanmoins une attente commune avec ses concurrents : le retour à la normale de la production automobile pour renforcer sa flotte, notamment son électrification. Pas avant 2023 semblent confirmer les constructeurs automobiles, sauf nouvelle mauvaise surprise...

Nabil Bourassi

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