Air France-KLM déboule dans le capital de sa rivale scandinave SAS

C'est un coup de tonnerre dans l'aérien européen. S'il était connu que SAS en situation financière très précaire, était à la recherche d'investisseurs, c'est le groupe Lufthansa qui faisait figure de candidat naturel. Mais c'est bien le groupe Air France-KLM qui s'apprête à prendre 20 % de la compagnie scandinave. En 2009, des discussions avaient déjà eu lieu.
Léo Barnier
SAS va tomber dans l'escarcelle d'Air France-KLM.
SAS va tomber dans l'escarcelle d'Air France-KLM. (Crédits : RITZAU SCANPIX)

C'est presque le monde à l'envers. Alors que Lufthansa est sur le point d'entrer au capital d'ITA Airways, coiffant Air France-KLM au poteau, le groupe français s'apprête à prendre son concurrent allemand à revers. Il vient d'annoncer sa volonté d'acquérir une participation dans SAS AB, autrement dit la compagnie SAS Scandinavian Airlines. Associé à des acteurs financiers au sein d'un consortium, Air France-KLM a été sélectionné pour prendre plus de 60 % du groupe scandinave. En propre, le groupe français devrait aller jusqu'à 19,9 % du capital, ainsi que 5 % de la dette convertible, pour un investissement de 144,5 millions de dollars.

 « C'est un jour important pour SAS et pour Air France-KLM. Nous sommes heureux de faire partie du consortium retenu par le conseil d'administration de SAS. Air France-KLM entend établir des liens commerciaux solides avec la compagnie », s'est réjoui Benjamin Smith, directeur général d'Air France-KLM.

Sur les 144,5 millions de dollars investis par Air France-KLM, 109,5 millions de dollars le seront en actions ordinaires et 35 millions de dollars en obligations convertibles garanties.

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Un coup à plus d'un milliard de dollars

Dans les faits, le capital de SAS, aujourd'hui détenu par les gouvernements suédois et danois (à hauteur de 21,8 % chacun depuis la recapitalisation de 2020) et nombre d'investisseurs institutionnels privés, va être profondément chamboulé. Si Air France-KLM va devenir le principal partenaire industriel de SAS, il n'est pas seul dans l'opération. Le groupe français est associé au gestionnaire de fonds Castlelake et au family office Lind Invest au sein du consortium sélectionné, tandis que Copenhague va également remettre au pot.

Le montant total du tour de table se chiffre au total à « 1,175 milliard de dollars, dont 475 millions de dollars en actions ordinaires et 700 millions de dollars en obligations convertibles garanties », selon un communiqué.

Le principal investisseur sera Castlelake qui va mettre la main sur 32 % du capital et 55,1 % de la dette convertible, suivi par l'Etat danois (25,8 % du capital et 29.9 % de la dette convertible), Air France-KLM donc, et enfin Lind Invest (8,6 % du capital et 10 % de la dette convertible). Les 13,6 % restants du capital seront notamment distribués aux créanciers.

Cette répartition devrait varier par la suite. Le consortium pourrait être renforcé par d'autres partenaires financiers, tandis qu'Air France-KLM envisage de devenir actionnaire de contrôle par la suite, c'est-à-dire passer la barre des 25 %. Le groupe s'est pour l'instant contenter de rester sous la barre des 20 % pour éviter une enquête des autorités de la concurrence, dont la temporalité n'aurait pas été compatible avec l'opération.

D'autant que la priorité pour SAS est de sortir rapidement de la crise, elle qui est placée sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites depuis 2022. Ce devrait être le cas d'ici la fin de l'année.

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Des conditions à remplir

Plusieurs conditions devront être remplies préalablement, dont la sortie de SAS de l'alliance globale Star Alliance (emmenée notamment par Lufthansa). A la place, Air France-KLM entend proposer une coopération commerciale renforcée à la compagnie scandinave. « Grâce à son ancrage historique en Scandinavie et à sa marque forte, SAS présente un potentiel considérable pour Air France-KLM. Cette coopération permettrait à Air France-KLM de renforcer sa présence dans les pays nordiques et d'améliorer la connectivité de cette région au bénéfice des voyageurs scandinaves et européens », note ainsi Benjamin Smith.

La transaction devra aussi obtenir la validation de différentes autorités, notamment la Commission européenne à l'instar de Lufthansa qui attend toujours le feu vert de Bruxelles pour valider sa prise de participation dans ITA Airways. Il faudra aussi avoir l'aval du tribunal américain chargé de superviser la réorganisation de SAS au titre du Chapitre 11.

Pour rappel, en 2009, des discussions avaient eu lieu entre les deux groupes. SAS avait en effet lancé une procédure de consultation informelle et avait contacté Air France-KLM. Le groupe tricolore avait jugé le dossier intéressant mais sa santé financière préoccupante.

Léo Barnier

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Commentaires 4
à écrit le 04/10/2023 à 13:01
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Bonne nouvelle pour AirFrance : le PDG de SAS a déjà annoncé que sa compagnie quittera Star Alliance (dont elle était co-fondatrice) pour rejoindre Skyteam, au plus tard en 2024 ! Félicitation Ben Smith ... Attention toutefois à bien boucler l'opér...

à écrit le 03/10/2023 à 20:57
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Et pendant ce temps, la pollution par les avions augmente de 25/35%. Plus toutes les autres nuisances sources d'autres pollutions que génére le tourisme de masse.

le 04/10/2023 à 1:30
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Justement c'est l'inverse: les nouveaux avions consomment 20 à 30 % de moins...

à écrit le 03/10/2023 à 20:19
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Pour une surprise, c'est une surprise !! Alors que tous les yeux sont rivés sur la TAP, c'est dans le nord de l'Europe que ça se passe ... Félicitation à AirFrance-KLM !

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