Avec 460 millions d'euros de bénéfice net, Air France-KLM fait mieux qu'avant la crise sanitaire

Air France-KLM réalise, au troisième trimestre, un chiffre d'affaires supérieur à la période correspondante en 2019, et ce, malgré une inflation et des cours du pétrole très élevés. Le groupe franco-néerlandais a pu bénéficier d'une forte demande des voyages aériens pendant l'été. De son côté, Airbus signe également des résultats en progression en dépit des difficultés d'approvisionnement qu'il rencontre.
(Crédits : Regis Duvignau)

[Article publié le 28 octobre, mis à jour à 11H20]

Bonne nouvelle pour Air France-KLM qui a engrangé 460 millions d'euros de bénéfice net au troisième trimestre. Une belle performance puisque le groupe réalise ainsi un chiffre d'affaires supérieur à la période correspondante de 2019, avant le Covid. En outre, la société passe dans le vert sur les neuf premiers mois de l'année, avec un résultat net de 232 millions d'euros. Elle avait perdu 7,1 milliards d'euros en 2020 et 3,3 milliards en 2021.

Le groupe franco-néerlandais peut, de cette manière, réduire à nouveau son endettement, a-t-il indiqué ce vendredi dans un communiqué, en annonçant le remboursement anticipé d'un milliard d'euros de prêts garantis par l'Etat (PGE) sur 3,5 milliards encore dus. Ce dernier avait été consenti par un syndicat de neuf banques pendant la crise de Covid. Sa dette nette a décru de 2,2 milliards d'euros depuis fin 2021, à 5,9 milliards. « A ce stade, il n'est pas prévu de procéder à d'autres remboursements anticipés du PGE d'ici mai 2024 et le profil de ce prêt bancaire devrait même resté inchangé jusqu'en mai 2025 », précise la compagnie dans un communiqué.

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Côté chiffre d'affaires, c'est encore un meilleur résultat puisqu'il a bondi de 77,6% à 8,11 milliards d'euros, un niveau supérieur de 500 millions d'euros à celui du troisième trimestre 2019, avant l'irruption du Covid-19 qui avait divisé par trois le nombre de passagers aériens dans le monde en 2020. Air France-KLM n'a pourtant déployé cet été que 89% de sa capacité en sièges de 2019, avec un taux de remplissage de 88%.

Enfin, le résultat d'exploitation est, lui aussi, de bonne augure puisqu'il dépasse largement les anticipations établie par consensus par l'entreprise : Il culmine ainsi à 1,02 milliards d'euros au troisième trimestre contre 844 millions anticipés.

Bonne reprise du trafic

Et ce, malgré une inflation et des cours du pétrole très élevés, compensée par une forte demande de voyages aériens pendant l'été. La compagnie a, ainsi, transporté 25 millions de passagers, une hausse de 47,6% par rapport au troisième trimestre 2021. Par rapport à l'année dernière, la capacité a augmenté de 29,1% et le trafic de 70,7%, le coefficient d'occupation a donc progressé de 21,6 points.

Le trafic et le nombre de passagers de Transavia, la filiale à bas coût du groupe, ont, eux, augmenté respectivement de 45,4% et 41,8%, grâce à la reprise de la demande en Afrique du Nord et en Europe. « Grâce à une solide préparation et à notre approche agile en matière de capacités, Air France-KLM a pu tirer le meilleur parti de la forte demande de voyages ce trimestre », s'est félicité le directeur général du groupe, Ben Smith, dans un communiqué. « Au troisième trimestre, Air France et KLM ont continué d'être parmi les compagnies aériennes les plus actives pour répondre à la reprise des voyages », abonde le communiqué du groupe.

Pénurie de personnels et grèves dans les aéroports

Néanmoins, comme de nombreuses compagnies aériennes européennes, Air France-KLM a été confronté depuis avril à des pénuries de personnel et à des grèves, entraînant des suppression par les compagnies de milliers de vols et des limitations des ventes de billets pour l'hiver prochain. « Bien que la situation reste insatisfaisante dans certains aéroports clés (...) nous avons constaté des améliorations significatives après les défis opérationnels auxquels nous avons été confrontés en début d'année », a commenté Ben Smith. « Dans un contexte de marché du travail très tendu, l'aéroport de Schiphol reste dans une situation difficile et a imposé des restrictions de capacité à KLM », précise le communiqué. L'aéroport a, en effet, connu d'importantes difficultés ces derniers mois, par manque de personnel, le conduisant à annuler des vols.

En effet, si ces perturbations ont entraîné des coûts de compensation supplémentaires de 60 millions d'euros par rapport à la même période l'année précédente, selon Air France-KLM, la compagnie, dont les activités comprennent le fret et la maintenance aéronautique, a déclaré que l'environnement de rendement devrait rester sain cet hiver avec une demande solide. Elle a, en outre, confirmé sa prévision de capacité annoncée en juillet pour l'année et le quatrième trimestre, se disant confiant dans la poursuite de la reprise. Pour le premier trimestre 2023, la société anticipe des capacités à environ 90%.

Ces résultats n'ont toutefois pas été accueillis favorablement par les investisseurs. L'action d'Air France-KLM chutait, en effet, de 5,06% vers 9H20 (heure française) à 1,50 euros, tandis que le CAC 40 reculait de 0,86% dans le même temps.

Réductions des coûts et augmentations tarifaires

Sauvé de la faillite par les interventions des Etats français et néerlandais, et après deux recapitalisations, le groupe est, en effet, sorti plus rentable de la crise du Covid-19. Il a mené un plan de réduction des coûts passant par la sortie des flottes de ses avions les moins profitables, et drastiquement réduit ses effectifs : -16% d'équivalents temps plein chez Air France et -11% chez KLM, pour des coûts salariaux en baisse de 6% au niveau du groupe entre 2019 et 2022.

Par ailleurs, « en réponse à la hausse des prix du carburant et à l'augmentation d'autres coûts externes, le groupe a procédé, sur l'ensemble de ses vols long-courriers, à plusieurs augmentations tarifaires au cours du premier semestre de l'année 2022 », a souligné l'entreprise, qui a aussi vu sa rentabilité par siège gonflée par le succès de ses classes supérieures en cabine.

Difficultés d'approvisionnement pour Airbus

De son côté, Airbus peut également se targuer de résultats en progression avec un bénéfice net en hausse de 65% à 667 millions d'euros. Il réalise ainsi une « solide performance financière » au troisième trimestre, a annoncé ce vendredi le groupe européen.

Le chiffre d'affaires réalisé entre juillet et septembre est lui aussi en hausse de 27%, à 13,3 milliards d'euros. L'avionneur maintient donc son objectif de réaliser un bénéfice opérationnel ajusté de 5,5 milliards d'euros en 2022 et revoit à la hausse ses prévisions de flux de trésorerie disponible, tablant désormais sur 4,5 milliards d'euros, contre 3,5 auparavant, reflétant notamment l'appréciation du dollar face à l'euro.

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Mais des difficultés pourraient ternir les perspectives de l'avionneur notamment venant de ses fournisseurs qui, fragilisés depuis la pandémie, peinent à suivre la remontée en cadence amorcée par Airbus. Pour le président exécutif d'Airbus Guillaume Faury, le groupe fait face à un « environnement opérationnel complexe ». « La supply chain (chaîne de fournisseurs, ndlr) demeure fragile en raison de l'impact cumulé de la pandémie de Covid-19, de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique et des tensions pesant sur le marché de l'emploi », détaille-t-il. Or, les livraisons constituent un indicateur fiable de la rentabilité dans l'aéronautique, les clients payant la majeure partie de la facture au moment où ils prennent possession des avions. Airbus maintient néanmoins sa prévision de livrer « autour de 700 avions » en 2022. Il doit donc encore en livrer 263 sur les trois derniers mois de l'année, alors qu'il n'en a remis que 140 à ses clients au troisième trimestre.

Procès du crash Rio-Paris

Air France et Airbus sont, depuis le 10 octobre, au cœur du procès qui s'est ouvert au tribunal correctionnel de Paris. Plus de treize ans après le crash du Rio-Paris au large du Brésil qui avait tué 228 personnes, l'avionneur européen et la compagnie française sont jugés pour homicides involontaires.

Il aura fallu deux ans de recherches pour retrouver l'épave et les enregistreurs de vol (les fameuses boîtes noires) au fond de l'océan, trois ans d'enquête technique et dix ans d'instruction. En 2011, Airbus et Air France avaient été mis en examen. S'ils avaient bénéficié en 2019 d'un non-lieu décidé par les juges d'instruction (le parquet de Paris avait requis un renvoi en correctionnelle de la compagnie et un non-lieu pour le constructeur), celui-ci a été invalidé deux ans plus tard après un appel interjeté par les parties civiles, et Airbus et Air France ont donc été renvoyés devant le tribunal correctionnel.

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Désormais, le procès de l'AF447, qui doit durer jusqu'au 8 décembre, va tenter de déterminer les responsabilités de cette catastrophe, du givrage des sondes Pitot, à la formation des pilotes, en passant par les procédures en vigueur à l'époque.

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ZOOM - Comme Air France-KLM Lufthansa profite aussi de la reprise des vols passagers

A l'instar de la compagnie franco-néerlandaise, l'Allemand Lufthansa a dégagé au troisième trimestre un bénéfice net de 809 millions d'euros. "Économiquement, le groupe a laissé la pandémie derrière lui", a commenté le PDG de Lufthansa, Carsten Spohr, dans un communiqué jeudi alors que le taux d'occupation des sièges a atteint 86% de juin à septembre, soit le même niveau que lors des années record du groupe avant la pandémie. C'est le deuxième trimestre bénéficiaire d'affilée du groupe après plus de deux ans de pertes liées à la pandémie de Covid-19.

Comme Air France-KLM, les résultats de Lufthansa sont tirés par le retour de la demande des passagers de loisirs et d'affaires, mise à l'arrêt par la pandémie, tandis que la branche cargo, qui a porté l'activité ces derniers temps, a atteint un résultat "record", selon le leader européen du transport aérien. "Nous avons eu plus de réservations au cours de trois derniers mois de cette année qu'à la même période en 2019, non seulement en classe économique, mais encore plus en première et en business classe" a affirmé Carsten Spohr lors d'une conférence de presse téléphonique.

Lufthansa a dégagé un résultat d'exploitation (EBIT) de 1,1 milliard d'euros sur le trimestre, soit une performance multipliée par quatre par rapport à la même période de 2021.

Le groupe aérien confirme le relèvement de ses objectifs annoncé au début du mois et s'attend à un résultat d'exploitation ajusté dépassant le milliard d'euros en 2022, contre au moins 500 millions prévus auparavant.

Dans le détail, la branche passagers est retournée dans le vert avec un EBIT ajusté de 709 millions d'euros tandis que le segment cargo continue de progresser avec 331 millions d'euros d'EBIT ajusté ce trimestre, en augmentation de 10% sur un an.

(Avec agences)

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Commentaires 6
à écrit le 29/10/2022 à 11:16
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C'est normal qu'Air FRANCE....prospère avec l'aide de l'État et avec des clientèles captives sur des lignes comme Cayenne et les Antilles . Avec des prix pouvant atteindre jusqu'à 1200 1300 euros dans le sens Cayenne Antilles pendant les vacances sco...

le 31/10/2022 à 15:16
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Ces lignes sont tellement "rentables" que l’état doit les subventionner pour maintenir un service public du transport aérien entre les Antilles et la Guyane . Ceux qui "prospèrent " sont ceux qui voient leur billets subventionnés par l’état . Néanmoi...

à écrit le 28/10/2022 à 13:18
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Tant mieux pour eux. Néanmoins, ne pas oublier, quand on compare la dette et les benéfices, qu'entre M et MM il y a un facteur mille.

le 28/10/2022 à 18:33
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Attention la publication d.un bénéfice chez AF annonce la prochaine grève de ses Pilotes et PNC .sans doute en décembre prochain .pour les vacances au soleil choisissez une autre compagnie !!!!!!.

le 02/11/2022 à 9:49
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AF est pratiquement la seule grande compagnie européenne qui n’a pas connu de grève ou qui n’a pas annulé massivement de vols cet été …. En fait si on regarde bien c’est celle qui a la régularité la plus élevée … Votre commentaire ne peut être que l...

à écrit le 28/10/2022 à 11:59
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Et pourtant l’action dégringole de plus de 10%. Une explication ?

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