
Même avec 230 TER et 60 TGV quotidiens, la gare de Rennes était depuis longtemps (et plus encore depuis la crise sanitaire) saturée aux heures de pointe. Pire, le trafic des trains régionaux n'était pas suffisamment dense vers Saint-Brieuc, Redon ou Vannes. La situation évolue sur les bons rails. Depuis le 24 septembre dernier, des TER supplémentaires circulent sur les dix voies que compte l'infrastructure ferroviaire : deux TER de plus circulent vers Saint-Malo et Vannes, quatre supplémentaires vers Saint-Brieuc, sept vers Vitré.
Afin de résorber la saturation du trafic à Rennes, porte d'entrée vers le reste de la Bretagne, et accompagner le développement de la mobilité ferroviaire, SNCF Réseau vient de mettre en place un dispositif novateur. Baptisé du nom de code 2TMV, il permet d'automatiser et de fluidifier la réception de deux trains sur la même voie à quai. Objectif affiché, augmenter le trafic des TER de 20 à 30%.
Ce système, dont la gare de Rennes est la première en France, à disposer va servir de pilote avant un déploiement au niveau national et une installation à Annemasse (Haute-Savoie) annoncée pour l'automne. Il a d'ailleurs été inauguré jeudi 5 octobre en présence de Clément Beaune, le ministre délégué chargé des Transports.
200 nouveaux itinéraires
« Première brique du service express régional métropolitain breton, ce concept s'appuie sur une nouvelle signalisation mise en place sans travaux majeurs », a fait ainsi valoir le ministre lors de l'inauguration.
« Avec des projets qui sont plus sobres sur le plan budgétaire, plus modeste, on arrive à faire des changements extrêmement puissants. Avoir 30% de capacité en plus en gare de Rennes, c'est une vraie transformation », a ajouté Clément Beaune, qui souhaite qu'en vue d'un déploiement dans d'autres villes, les fabricants comme Alstom puissent faire face à la demande.
D'un budget de 12,7 millions d'investissement porté par l'État (43%), la Région Bretagne (17%), Rennes Métropole (16%) et SNCF Réseau (24%), le projet 2TMV offre la possibilité de recevoir un autre train sur une voie occupée, qui repartira en sens opposé au premier.
Alors qu'en gare de Rennes, de nombreux trains arrivent et repartent d'où ils viennent, ce sont ainsi 120 trains supplémentaires par semaine (24 par jour) d'ici à septembre 2024, date où le système sera complètement effectif, et 200 nouveaux itinéraires qui vont être réalisés au poste d'aiguillage de Rennes.
« Le dispositif permet ainsi de proposer une offre TER étendue et de couvrir presque l'intégralité de la journée à l'exception d'un creux d'offre le matin et l'après-midi », renchérit le président de la Région Bretagne.
Deux ans de travaux pour 340.000 voyages supplémentaires
Concrètement, ce projet de développement va permettre une arrivée avant 7 heures à Rennes et un dernier départ entre 20h30 et 21 heures. Par an, il devrait conduire à près de 340.000 voyages supplémentaires sur le réseau TER, soit un peu plus de 1.500 voyages en plus sur un jour ouvré de base, précise le Conseil régional.
Le dispositif a nécessité deux ans de travaux et une interruption totale de la circulation ferroviaire les samedi et dimanche 23 et 24 septembre, afin de mettre en service les nouveaux signaux, les feux rouges au milieu des quais et la nouvelle version du poste informatique. Afin que les usagers s'y retrouvent, les panneaux d'affichage précisent désormais le numéro de voie et la zone de quai de leur train, matérialisée par un marquage au sol.
« Cette solution fonctionne très bien pour le type de service proposé à Rennes et n'a pas nécessité un chantier long et coûteux, puisqu'il n'y a pas création de nouveaux quais. Elle ne sert pas à grand-chose dans une gare où les trains ne font que traverser » a pour sa part indiqué Matthieu Chabanel, le PDG de SNCF Réseau, vantant un dispositif « sobre budgétairement et écologiquement ».
Doubler l'offre TER en 2040
Dans l'année qui vient, le renforcement de l'offre de trains pendant les périodes creuses devrait permettre aux habitants de la métropole et des villes aux alentours de « lâcher leur voiture », espère le président de la région. « L'objectif est d'avoir un train toutes les trente minutes » anticipe-t-il.
Pour Loïg Chesnais-Girard, Rennes n'est que la première étape d'un futur service régional métropolitain. Il l'a redit à Clément Beaune, dans le cadre d'un entretien avec le ministre sur le volet Mobilités du contrat de plan État-Région 2023-2027, en marge de l'inauguration.
La phase de négociation du prochain contrat de plan a débuté en juin dernier et pour les élus régionaux, le montant du mandat du Préfet, de 189 millions d'euros, ne « permet pas de relever les défis » du territoire. Notamment ceux d'un service express métropolitain à l'échelle des aires urbaines bretonnes et de l'accessibilité de la pointe bretonne.
Sur le seul volet ferroviaire, et au-delà de l'augmentation du trafic d'ici à 2024, la Région Bretagne ambitionne de doubler son offre TER pour 2040.
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