Les Français croient moins à la décarbonation de l'aérien que leurs voisins européens, mais veulent encore voyager

SONDAGE- L'aviation pourra-t-elle se décarboner ? Devra-t-on limiter la croissance du transport aérien ? L'avion a-t-il de l'avenir ? A l'occasion de la publication du « baromètre européen du Paris Air Forum, réalisé par l'institut IFOP pour le Groupe ADP, en partenariat avec La Tribune », les Français se montrent peu enthousiastes sur ces questions en comparaison d'autres grands pays européens. Pourtant, il semble qu'il en faudra plus pour qu'ils renoncent complètement à leurs envies de voyages aériens.
Léo Barnier
En dépit d'un certain scepticisme, les passagers continuent d'affluer dans les aéroports.
En dépit d'un certain scepticisme, les passagers continuent d'affluer dans les aéroports. (Crédits : HENRY NICHOLLS)

La France a beau être une puissance aéronautique de premier plan, le secteur de l'aviation n'échappe pas au légendaire pessimisme des Français. Dans le baromètre européen du Paris Air Forum, réalisé à l'échelle de cinq pays par l'institut IFOP pour le Groupe ADP, en partenariat avec La Tribune, un décalage clair apparaît entre nos concitoyens et leurs voisins.

Avec plus de 5.000 répondants équitablement répartis entre la France, l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni et l'Espagne, il apparaît que seuls 59 % des Français voient l'avion comme un mode de transport d'avenir. C'est sept points de moins que les Allemands, et surtout plus de 20 points de moins que les autres nationalités interrogées.

De même, 87 % des Français pensent que l'avion est un moyen incontournable pour voyager sur des distances importantes. Le pourcentage semble élevé, mais s'avère là aussi inférieur à ceux des autres nations qui se situent entre 89 et 95 %.

Pensez-vous que l’industrie aéronautique est dans votre pays un secteur stratégique prioritaire qu’il faut soutenir et protéger ?

Lorsque que la notion de « distance importante » est remplacée par « quelle que soit la distance », le pourcentage chute naturellement partout en Europe. D'autant que les pays interrogés possèdent des réseaux ferrés conséquents. Sans surprise - et malgré les nombreuses critiques entendues sur le prix des trains ou des péages routiers en France - les sondés hexagonaux sont les plus rétifs à prendre l'avion : seuls 48 % le considèrent comme incontournable quelle que soit la distance. Le Royaume-Uni suit, mais le pourcentage grimpe à 53 %. Ensuite l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie naviguent entre 59 et 70 %.

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Manque de confiance

Derrière ces tendances se dégagent deux éléments. Tout d'abord, les Français font partie des Européens qui considèrent le plus le transport aérien comme un secteur fortement émetteur de CO2 (81 %). Seuls les Britanniques font mieux avec 87 %, tandis que les autres se situent à 74 et 75 %.

Et cela se conjugue avec un certain pessimisme sur le potentiel de décarbonation du transport aérien. Les deux tiers des Français croient en sa capacité à se réformer dans les prochaines années pour répondre au changement climatique. Les Allemands sont 68 % à y croire, les Espagnols 80 %.

La fréquence de déplacements en avion

Cette différence nette entre la France et les pays limitrophes se retrouve pour l'ensemble des autres secteurs confrontés au défi de la transition environnementale et énergétique. C'est nettement le cas pour le transport routier, l'industrie, la production d'énergie, à peine moins pour le bâtiment ou l'agriculture.

Les Français semblent donc résignés à voir des contraintes apparaître sur le secteur. Comme les Britanniques et les Espagnols, environ les deux tiers d'entre eux sont d'accord avec le fait qu'il faudra à l'avenir limiter le développement du transport aérien par des mesures de restriction. Les Allemands sont plus réticents à franchir le pas, les Italiens encore plus.

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Pour chacun des secteurs suivants, croyez-vous-en sa capacité à se réformer dans les prochaines années pour répondre au changement climatique ?

Toujours envie de voler

Pour autant, les Français semblent vouloir continuer à voyager. S'ils ont le choix, 80 % d'entre eux préfèrent miser sur le développement des nouvelles technologies pour rendre les avions moins polluants en CO2 pour réduire l'impact du secteur aérien sur l'environnement, quand seulement 20 % optent pour une réduction du trafic en taxant par exemple davantage le prix des billets ou en imposant un nombre maximum de vols dans une vie. Un ratio qui se situe dans la moyenne des autres pays.

Autre signe allant dans ce sens : lorsqu'on leur demande leurs attentes vis-à-vis du secteur aérien, plus de la moitié des Français comme des Européens mettent la priorité à la réduction des émissions de CO2. Mais 20 % de nos concitoyens veulent avant tout une réduction du prix des billets d'avion. C'est plus que dans tout autre pays interrogé, le triple de l'Allemagne ou du Royaume-Uni. Ce qui laisse entrevoir une propension encore forte à voyager par les airs.

Il faut dire que les Français voyagent aujourd'hui moins que leurs voisins par avion, dans des proportions très conséquentes. 38 % d'entre eux ne voyagent jamais. C'est un pourcentage deux fois plus élevé que pour les Italiens, trois fois plus que pour les Britanniques ou les Espagnols. A l'inverse, seuls 23 % des Français volent au moins une fois par an, quand les Allemands sont à 40 % et les autres au-delà de la moitié de la population.

Pensez-vous que l’industrie aéronautique est dans votre pays un secteur stratégique prioritaire qu’il faut soutenir et protéger ?

Pour réduire l’impact du secteur aérien sur l’environnement

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L'ensemble de l'étude :

Léo Barnier

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Commentaires 21
à écrit le 16/06/2023 à 12:18
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"cela se conjugue avec un certain pessimisme" Cocorico ! Un pays de pessimistes (en moyenne, y a qq exceptions), mais pour que le ciel ne nous tombe pas sur la tête il faut prendre l'avion. Ça fait bien 40 ans que j'ai pas pris l'avion (boulot), mai...

à écrit le 16/06/2023 à 11:25
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J'habite au Laos depuis 12 ans, je rentre en France pendant la mousson, ce n'est pas des pastèques élus qui me feront changer, la surpopulation est plus nossive pour la planète que les 😊avions

le 17/06/2023 à 9:03
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Chacun arrange ses raisonnements à sa sauce, en fonction de ses options idéologiques. Cela n'en fait pas pour autant une réalité objective (sur le rôle "marginal" des avions! 🤒). Vous n'échappez pas à cette tendance, trop humaine....mais malhonnête....

le 18/06/2023 à 8:52
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C'est ça, ces répliquants qui viennent nous dire que leur vie est bien plus importante que les autres sont d'une inutilité sans commune mesure. Qu'ils se regardent encore plus longtemps dans une glace au lieu de se mettre à écrire, merci.

à écrit le 16/06/2023 à 10:57
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Quoique....regardez le nombre de touristes français à Barcelone, à Lisbonne, au Maroc..., ils n'y sont pas venus en train. Et que seraient ces sondages si on les faisait avec la voiture ? Les Français ne prennent pas l'avion... peut-être mais se dé...

à écrit le 16/06/2023 à 10:36
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Sans tomber dans le tourisme de masse moutonnier, le monde est vaste et de nombreux sites sont beaux . L'envie de voyager est donc très compréhensible, cela permet de voir d'autres gens et civilisations. Sans compter les voyages pour le travail et le...

à écrit le 16/06/2023 à 10:29
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Bon, j'avais arrêté de prendre l'avion depuis 20 ans. Mais je constate que les Français sont les seuls à vraiment faire des efforts et voyagent deux fois moins en avion que nos comparses européens. Parce qu'ils sont plus lucides?, parce qu'ils sont m...

à écrit le 16/06/2023 à 10:18
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Vraiment peu de chances que les seuls Français, en plus les Français anti avions, arrivent à empêcher le développement du transport aérien sur la planète : il faut être raisonnable et connaître les limites de sa capacité de persuasion !!

à écrit le 16/06/2023 à 9:39
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Les Français sont au moins lucide. Ne pas se focaliser sur le secteur aérien qui ne représente que 2% des émissions de CO2. Alors que la production d'électricité (surtout en Allemagne), l'industrie et le logement sont les principaux émetteurs actuell...

le 17/06/2023 à 9:17
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Parce qu'il est plus important de prendre l'avion ...que de se loger et se chauffer? Et votre avion, c'est bien une industrie qui le fabrique. Vous raisonnez comme ça vous arrange.

à écrit le 16/06/2023 à 9:29
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"légendaire pessimisme des Français" : Les gens ne sont pas pessimistes, ils refusent tout simplement l'hypocrisie de la lutte contre le réchauffement. "décarbonation de l'aérien" : Rien ne se décarbone, dans l'aérien

à écrit le 16/06/2023 à 8:53
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Toujours à vouloir nous traiter de "gaulois réfractaires" pour imposer sa décision, en utilisant les ruses des publicitaires ! ;-)

à écrit le 16/06/2023 à 8:30
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La question n'est pas de protéger une industrie lourde, mais de nous protéger des conséquences et désastres du réchauffement climatique induit par l'homme. Le transport aérien est un facteur majeur de l'effet de serre étant donné que les gaz émis pa...

le 16/06/2023 à 9:14
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@chr$. L'idéal serait effectivement plus d'avions dans le ciel. Cependant, l'avion est un formidable moyen de déplacement utile qui ne devrait pas être utilisé pour le couple infernal transport de masse/tourisme de masse.

le 16/06/2023 à 9:31
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Au delà du réchauffement climatique annoncé par les saintes écritures il serait souhaitable de ne plus subventionner cette industrie. Dans mon bled c'est encore 1 million d'argent public pour une liaison avec Orly.

le 17/06/2023 à 9:24
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"L'avion est un formidable moyen de déplacement utile qui ne devrait pas être utilisé pour le couple infernal transport de masse/tourisme de masse." Ne seriez-vous pas un adepte de la secte des happy-few qui prennent trente fois l'avion par an....po...

à écrit le 16/06/2023 à 7:22
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Les gens ont besoin de se barrer de leur quotidien chaque jour plus asservissant c'est logique en enfer néolibéral.

le 16/06/2023 à 9:18
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@dossier 51 Tous les enfers ne se valent pas. L'enfer est plus chaud en Russie...en Chine...en Corée du Nord.

le 16/06/2023 à 10:05
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On peut très bien pour cela utiliser son cerveau et son imagination. Lire "un univers dans une chevelure", édifiant poème de Baudelaire..

le 16/06/2023 à 10:22
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"On peut très bien pour cela utiliser son cerveau et son imagination" "La notion de libre arbitre a été inventée par les classes dirigeantes" Nietzsche. "Un peu moins de la moitié de nos actes sont du fait de notre volonté, le reste l'est du fait du ...

le 16/06/2023 à 10:28
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@ Valbel: Je ne le sais pas, il faudrait pouvoir être en contacts réguliers avec eux pour savoir où ils en sont dans leurs têtes à eux et voir si leurs esprit sont moins affutés que les nôtres, enfin que quelques des notres.

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