
La France a beau être une puissance aéronautique de premier plan, le secteur de l'aviation n'échappe pas au légendaire pessimisme des Français. Dans le baromètre européen du Paris Air Forum, réalisé à l'échelle de cinq pays par l'institut IFOP pour le Groupe ADP, en partenariat avec La Tribune, un décalage clair apparaît entre nos concitoyens et leurs voisins.
Avec plus de 5.000 répondants équitablement répartis entre la France, l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni et l'Espagne, il apparaît que seuls 59 % des Français voient l'avion comme un mode de transport d'avenir. C'est sept points de moins que les Allemands, et surtout plus de 20 points de moins que les autres nationalités interrogées.
De même, 87 % des Français pensent que l'avion est un moyen incontournable pour voyager sur des distances importantes. Le pourcentage semble élevé, mais s'avère là aussi inférieur à ceux des autres nations qui se situent entre 89 et 95 %.
Lorsque que la notion de « distance importante » est remplacée par « quelle que soit la distance », le pourcentage chute naturellement partout en Europe. D'autant que les pays interrogés possèdent des réseaux ferrés conséquents. Sans surprise - et malgré les nombreuses critiques entendues sur le prix des trains ou des péages routiers en France - les sondés hexagonaux sont les plus rétifs à prendre l'avion : seuls 48 % le considèrent comme incontournable quelle que soit la distance. Le Royaume-Uni suit, mais le pourcentage grimpe à 53 %. Ensuite l'Espagne, l'Allemagne et l'Italie naviguent entre 59 et 70 %.
Manque de confiance
Derrière ces tendances se dégagent deux éléments. Tout d'abord, les Français font partie des Européens qui considèrent le plus le transport aérien comme un secteur fortement émetteur de CO2 (81 %). Seuls les Britanniques font mieux avec 87 %, tandis que les autres se situent à 74 et 75 %.
Et cela se conjugue avec un certain pessimisme sur le potentiel de décarbonation du transport aérien. Les deux tiers des Français croient en sa capacité à se réformer dans les prochaines années pour répondre au changement climatique. Les Allemands sont 68 % à y croire, les Espagnols 80 %.
Cette différence nette entre la France et les pays limitrophes se retrouve pour l'ensemble des autres secteurs confrontés au défi de la transition environnementale et énergétique. C'est nettement le cas pour le transport routier, l'industrie, la production d'énergie, à peine moins pour le bâtiment ou l'agriculture.
Les Français semblent donc résignés à voir des contraintes apparaître sur le secteur. Comme les Britanniques et les Espagnols, environ les deux tiers d'entre eux sont d'accord avec le fait qu'il faudra à l'avenir limiter le développement du transport aérien par des mesures de restriction. Les Allemands sont plus réticents à franchir le pas, les Italiens encore plus.
Toujours envie de voler
Pour autant, les Français semblent vouloir continuer à voyager. S'ils ont le choix, 80 % d'entre eux préfèrent miser sur le développement des nouvelles technologies pour rendre les avions moins polluants en CO2 pour réduire l'impact du secteur aérien sur l'environnement, quand seulement 20 % optent pour une réduction du trafic en taxant par exemple davantage le prix des billets ou en imposant un nombre maximum de vols dans une vie. Un ratio qui se situe dans la moyenne des autres pays.
Autre signe allant dans ce sens : lorsqu'on leur demande leurs attentes vis-à-vis du secteur aérien, plus de la moitié des Français comme des Européens mettent la priorité à la réduction des émissions de CO2. Mais 20 % de nos concitoyens veulent avant tout une réduction du prix des billets d'avion. C'est plus que dans tout autre pays interrogé, le triple de l'Allemagne ou du Royaume-Uni. Ce qui laisse entrevoir une propension encore forte à voyager par les airs.
Il faut dire que les Français voyagent aujourd'hui moins que leurs voisins par avion, dans des proportions très conséquentes. 38 % d'entre eux ne voyagent jamais. C'est un pourcentage deux fois plus élevé que pour les Italiens, trois fois plus que pour les Britanniques ou les Espagnols. A l'inverse, seuls 23 % des Français volent au moins une fois par an, quand les Allemands sont à 40 % et les autres au-delà de la moitié de la population.
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