Pressé par ses rivaux, Air France-KLM veut encore augmenter sa rentabilité

Fort d'une rentabilité inédite, Air France-KLM ne veut pas en rester là. Et pour cause, la concurrence avance aussi vite, voire plus encore. D'où la nécessité pour le groupe français d'accélérer encore pour accroître sa rentabilité et consolider ses positions, tant sur le transport de passagers que sur ses autres activités.
Léo Barnier
Après une forte reprise depuis 2022, Air France-KLM n'a pas le temps de se reposer sur ses lauriers.
Après une forte reprise depuis 2022, Air France-KLM n'a pas le temps de se reposer sur ses lauriers. (Crédits : Christian Hartmann)

Au sortir de l'été le plus rentable de son histoire, Air France-KLM entend bien surfer sur la vague. Le groupe français vient de publier de nouveaux objectifs à moyen terme renforcés ce jeudi. Ils reflètent son ambition « d'accélérer sa transformation en vue d'assurer une croissance et des engagements durables, combinés à des résultats rentables » d'ici à 2028. Ces objectifs et la trajectoire pour les atteindre doivent être détaillés dans l'après-midi par Benjamin Smith, directeur général d'Air France-KLM, à l'occasion de la journée investisseurs du groupe.

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Une marge opérationnelle accrue

Le principal élément dévoilé jusqu'ici est l'objectif de marge opérationnelle revu à la hausse. Jusqu'ici Air France-KLM visait une fourchette de 7 à 8 % à atteindre entre 2024 et 2026, comme cela avait été présenté en début d'année. Désormais, il entend franchir la barre des 8 % au cours de la période 2026-2028. La différence semble faible, même si un point de marge opérationnelle supplémentaire représente environ 300 millions d'euros supplémentaires dans les résultats du groupe (sur la base d'un chiffre d'affaires de l'ordre de 30 milliards d'euros qu'il devrait avoisiner cette année selon le consensus réalisé à partir des prévisions des analystes financiers).

Air France-KLM se projette ainsi en estimant que « le résultat opérationnel du groupe devrait s'améliorer de 2 milliards d'euros au cours des cinq prochaines années pour l'ensemble des activités ». Et que cela s'accompagnera d'une « poursuite de l'amélioration de la génération de trésorerie » qui doit conduire le groupe à générer un flux de trésorerie libre d'exploitation ajusté « significativement positif », sans pour autant s'engager sur un résultat reporté.

Benjamin Smith a ainsi mis en avant dans un communiqué la transformation engagée depuis 2019, estimant qu'elle « a produit des résultats solides, permettant (à Air France-KLM) de réintégrer le peloton de tête des leaders européens du secteur aérien ». Il a ensuite déclaré : « Nous sommes désormais bien positionnés pour accélérer davantage et exploiter tout le potentiel des actifs de notre Groupe afin d'assurer une croissance soutenue et plus rentable, tout en atteignant les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés pour réduire notre impact environnemental. »

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La concurrence regarde plus haut

Air France-KLM se veut donc ambitieux, mais il n'a pas vraiment le choix s'il ne veut pas être décroché par la concurrence. Après avoir été légèrement en retrait au début de la reprise du trafic au printemps 2022, Lufthansa a repris les devants. Le groupe allemand a posé comme objectif d'atteindre une marge opérationnelle de plus de 8 % dès 2024, soit au moins deux ans avant son concurrent français. Et ce, conformément à ce qu'il avait annoncé dès 2021. Et le groupe britannico-irlando-espagnol IAG voit encore plus loin : fin novembre il a annoncé un objectif de rentabilité à moyen terme compris entre 12 et 15 %.

Et il ne s'agit là que des concurrents européens d'Air France-KLM, composant avec les mêmes contraintes réglementaires et opérationnelles. Le groupe français va devoir aussi composer avec les ambitions débordantes de Ryanair - qui vise 300 millions de passagers et 800 avions d'ici 10 ans - ou encore le retour des compagnies du Golfe, à commencer par Emirates qui a multiplié les commandes lors du dernier salon de Dubaï.

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Grandes manœuvres

Pour arriver à faire face, Air France-KLM compte jouer sur une amélioration de ses positions de marché. Un objectif auquel l'intégration du groupe scandinave SAS - en cours de rachat avec des partenaires financiers - devrait contribuer en attendant une future potentielle opération sur TAP Portugal (que convoite également Lufthansa). Dans ses priorités, le groupe indique ainsi vouloir « renforcer et développer les alliances et le réseau de partenaires du Groupe et explorer de nouvelles opportunités de croissance dans le cadre d'une consolidation stratégique ».

Dans le même temps, le groupe veut poursuivre son chantier de baisse des coûts unitaires et de simplification de ses activités. Cela va passer entre autres par la poursuite du renouvellement de la flotte, avec de nouveaux appareils moins gourmands en carburant, mais aussi des réorganisations comme celle annoncée pour le pôle court-courrier, structurellement déficitaire, avec le départ d'Orly en 2026 et la priorité donnée au développement de Transavia sur le moyen-courrier depuis Paris comme Amsterdam.

Air France-KLM a d'ailleurs annoncé une hausse de ses dépenses d'investissement nettes dans les cinq années à venir. Après être passées de 2 à 3 milliards d'euros entre 2022 et 2023, elles vont poursuivre cette trajectoire ascendante pour se situer entre 3 et 3,5 milliards d'euros par an entre 2024 et 2026 puis entre 3,5 et 3,8 milliards d'euros par an en 2027 et 2028. Cela permettra de financer notamment les commandes en cours d'Airbus A320 et A321 NEO pour Transavia - dont les livraisons débutent - et d'A350 pour Air France.

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Contributions à tous les étages

Le groupe veut aussi « accroître la contribution de Flying Blue au chiffre d'affaires », c'est-à-dire le programme de fidélité commun d'Air France et de KLM, grâce à des perspectives de croissance via des partenariats avec des acteurs aériens et, de façon plus ciblée, non-aériens. Cela a déjà débuté avec l'annonce cet automne avec le fonds américain Apollo Global Management, qui va investir pas moins de 1,5 milliard d'euros dans la création d'une filiale adossée à Flying Blue et qui en exploitera la marque.

Air France-KLM compte également sur sa filiale de maintenance, Air France Industries-KLM Engineering & Maintenance, et sa division cargo, qui a lancé officiellement son partenariat stratégique de 10 ans avec CMA CGM (propriétaire de La Tribune) en avril dernier. Celui-ci est basé sur la mise en commun des réseaux cargo et des capacités des appareils tout cargo des deux groupes, ainsi qu'un accès aux capacités en soute des appareils passagers d'Air France-KLM.

Enfin, le groupe a réaffirmé ses ambitions dans le domaine des carburants d'aviation durables (SAF), poursuivant ses initiatives pour atteindre son objectif d'incorporation d'au moins 10 % d'ici à 2030.

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Léo Barnier

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