Transport ferroviaire : la PME nantaise SafeRail compte surfer sur le plan de 100 milliards de l'Etat

Un plan de 100 milliards d'euros à horizon 2040 pour le transport ferroviaire a été annoncé en février 2023 par l’ancienne Première ministre, dont une première concrétisation sera le lancement de « RER métropolitains » dans les grandes agglomérations. Si ces nouveaux marchés font le bonheur des géants du secteur ferroviaire, la PME familiale et industrielle SafeRail qui sécurise la circulation des trains, métro et tramways en France, compte bien elle aussi prendre sa part du gâteau sur un marché très concurrentiel.
La PME nantaise SafeRail entend changer d'échelle pour répondre présente dans les futurs grands projets ferroviaires.
La PME nantaise SafeRail entend changer d'échelle pour répondre présente dans les futurs grands projets ferroviaires. (Crédits : SafeRail)

Après 20 ans d'expérience dans le transport ferroviaire, SafeRail a progressivement vu ses activités se développer, intégrant au fil du temps différents métiers : le conseil dès 2003, l'ingénierie en 2004, l'innovation en 2010, la formation en 2014 avec la création de la SafeRail Academy pour pallier ses propres besoins de recrutements et enfin l'industrie en 2017. Spécialisée dans l'ingénierie et l'industrie des systèmes de Contrôle-Commande et Signalisation ferroviaire, la PME nantaise représente aujourd'hui quelque 110 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulé. « Nous avons clôturé 2023 avec un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros et enregistrons 70% de croissance entre 2019 à 2023 », se félicite son fondateur Didier Barbaud.

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Parmi ses réalisations les plus emblématiques, cet ex-ingénieur chez Alstom Transport cite entre autres la LGV Bretagne-Pays de la Loire (vérifications techniques et essais sur site 18 postes - clients Eiffage et Hitachi), la LGV SEA (Sud Europe Atlantique) mise en service en 2017 (contrôle extérieur de la signalisation - client Vinci), la maîtrise d'œuvre du système du système contrôle-commande et signalisation du tram-train Nantes-Châteaubriant ou encore les études et vérifications techniques de la LGV Paris-Lyon (modernisation des 58 postes d'aiguillage), un contrat de 13 millions d'euros signé avec Hitachi Rail en juin 2020, dont la mise en service est prévue en novembre prochain.

« Avec un carnet de commandes à six mois seulement, il est devenu extrêmement difficile de regarder loin devant soi », souligne le patron nantais. Selon qui son entreprise doit faire preuve d'agilité et de résilience dans un contexte marqué par d'incessants « stop-and-go ».

Se démarquer dans un marché très concurrentiel

Face à des poids-lourds que sont SNCF Réseau, Systra (filiale de la SNCF et la RATP), Egis (filiale de la Caisse des dépôts et consignations), l'ETI Setec ou encore Alstom Transport, le patron nantais dit s'appuyer sur plusieurs avantages concurrentiels. « SafeRail est une entreprise familiale industrielle. Son équipe de direction est composée de 7 membres avec une moyenne de 13 ans d'ancienneté. Les processus de décisions sont courts, avec une cohésion d'équipe et une culture d'entreprise très fortes », indique Didier Barbaud. D'un point de vue technologique, « nous développons des solutions légères ou low-cost, faciles et rapides à mettre en œuvre » par opposition aux « technologies lourdes ». Autre élément différenciant : « Nous avons aussi l'avantage d'avoir intégré un centre de formations. »

« Face aux perspectives de développement du rail, nous avons l'ambition de devenir la première entreprise de taille intermédiaire française (ETI) dans les systèmes de contrôle-commande et signalisation ferroviaire à l'horizon 2026. »

Profitant d'une plus grande ouverture du marché, la PME a pu ainsi s'imposer notamment face à Alstom Transport dans le cadre du projet du technicentre « Villeneuve Demain », centre de maintenance des TER de Villeneuve-Saint-Georges (94), confié à Eiffage en 2023 et attribué par SNCF Voyageurs.

« L'ère du rail libéré »

D'autres grands investissements dans le rail devraient porter l'essor de SafeRail. Le plan de 100 milliards d'euros d'ici à 2040 pour le transport ferroviaire annoncé voilà un an par l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne représente d'ailleurs une aubaine pour la PME nantaise. Une annonce qui a d'ailleurs réjoui Didier Barbaud. Lequel y voit un signe positif. « Je suis heureux de voir que le rail soit enfin reconnu comme l'avenir de la mobilité. »

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La ligne entre Les Herbiers (Vendée) et Cholet (Maine-et-Loire), un projet mis sur la table depuis quinze ans, pourrait notamment profiter de ce dispositif.

Toutefois, « pour le moment, je n'ai pas vu l'ombre d'une commande qui entrerait dans ce plan à 100 milliards », tient-il à souligner.

D'après Didier Barbaud, Nantes ne devrait pas offrir le plus d'opportunités de développement contrairement au Grand-Est, l'Île-de-France, la région toulousaine ou encore celle de Marseille, des territoires concernés par de grands projets ferroviaires. Pour être au rendez-vous, il projette cet été l'ouverture d'une nouvelle agence (5 à ce jour) à Lyon ou à Marseille.

Un retour à l'international à partir de 2024

L'entreprise nantaise ne s'empêche pas non plus de voir grand en faisant également son retour à l'international dès cette année. « Nous avions stoppé nos activités en Chine fin 2020 après trois ans de présence. Nous prévoyons d'y retourner mais, pour l'heure, les conditions ne sont pas réunies. En revanche, une filiale pourrait ouvrir en Europe début 2025. Une étude de marché est en cours. »

Se consacrer à la R&D et embaucher

En parallèle, SafeRail projette de se consacrer à la R&D afin de développer de nouvelles solutions technologiques légères que le marché attend. A ce titre, l'entreprise a lancé un programme de recherche et d'innovation depuis mi-2023 et sur les trois prochaines années qui sera financé par une troisième levée de fonds (après celles de 2003 et de 2014), opération qui sera réalisée durant l'été.

L'équipe, composée aujourd'hui de 130 collaborateurs, va quant à elle continuer de s'étoffer. « Nous prévoyons d'embaucher une trentaine de personnes (techniciens, ingénieurs) par an, soit une moyenne de 2 à 3 nouvelles recrues par mois », conclut Didier Barbaud.

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