Relance en Île-de-France : les détails de l'accord État-région

La ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités locales Jacqueline Gourault et la présidente (Libres !) du Conseil régional d’Île-de-France ont signé ce 4 mars un plan de relance de 13,8 milliards d'euros axé sur la transition écologique, la compétitivité et la cohésion sociale.
César Armand
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« Le plus important en France », dixit Valérie Pécresse. « Une réponse exceptionnelle », selon Jacqueline Gourault. La présidente (Libres !) de la région Île-de-France et la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoires ont signé ce jeudi 4 mars un plan de relance de 13,8 milliards d'euros « mobilisés à part quasi égale entre l'Etat et la région ». D'ici à fin 2022, les trois priorités sont le même que celles affichées par France Relance : la transition écologique, la compétitivité, ainsi que la cohésion sociale.

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Ce contrat fait suite au premier plan de relance de 1,3 milliard d'euros lancé par le conseil régional en mai 2020 et déjà « exécuté à 100% », assure Valérie Pécresse.

« C'est faux ! » rétorque le président du groupe socialiste, écologiste et progressiste à la région. « J'ai fait le point ligne par ligne sur l'exécution. Beaucoup de dépenses n'ont pas été consommées et réaffectées à d'autres choses », avance Maxime des Gayets.

2,587 milliards d'euros pour les transports publics

Sur le volet écologie d'abord, six mois après la présentation du plan de relance écologique 2020-2024 doté de 10 milliards d'euros du conseil régional, la région va financer jusqu'à 300.000 euros les projets de réhabilitation thermique des collectivités franciliennes de moins de 20.000 habitants. Des travaux que l'Etat subventionne aussi avec la dotation régionale d'investissement (109 millions d'euros), la dotation de soutien à l'investissement local (88,5 millions d'euros) et la dotation de soutien à l'investissement (21 millions d'euros).

Le conseil régional et l'Etat viennent en outre de créer un « fonds friches » doté de 80 millions d'euros et « abondé de façon paritaire » pour recycler les friches et les fonciers déjà artificialisés. Il s'ajoute au fonds friches national de 300 millions d'euros dont 1 million consacré au développement d'outils de connaissance du foncier, 40 millions dévolus à la reconversion des friches polluées issues d'ancien sites industriels ou miniers et 259 millions tournés vers le recyclage foncier pour des projets d'aménagement urbain, de revitalisation des cœurs de ville, de périphérie urbaine... Et auxquels sont éligibles les collectivités, les sociétés d'économie mixte, les bailleurs sociaux, les opérateurs de l'Etat ou encore les entreprises privées pourront bénéficier de subventions.

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De même qu'ils vont investir ensemble dans les transports en commun franciliens pour un montant total de 2,587 milliards d'euros : l'automatisation des RER B et D, le prolongement du RER E dit « Eole » à l'Ouest, de la ligne 11 jusqu'à Rosny-Bois-Perrier (pour une ouverture en 2023, Ndlr), du tramway T1 à l'Est et de son terminus actuel à Val-de-Fontenay ou encore des projets de bus à haut niveau de service et des transports en commun en site propre. C'est-à-dire qui circulent sur des voies réservées sur les infrastructures routières.

Sans oublier à hauteur de 20 millions d'euros chacun le franchissement urbain de Pleyel. Cette passerelle permettra d'enjamber les voies ferrées de la future gare du Grand Paris Express, qui coupent actuellement Saint-Denis en deux, et de relier différentes installations olympiques comme le village des athlètes, le stade de France et le centre aquatique.

2,8 milliards de baisses d'impôts de production

Au volet compétitivité ensuite, l'Etat et la région veulent soutenir « massivement » les entreprises franciliennes. Outre le fonds de solidarité déjà déployé depuis le début de la crise, les prêts garantis par l'Etat, les reports de charges, les baisses des impôts de production - 2,8 milliards d'euros prévus en 2021 en Île-de-France -, les prêts rebonds, l'aide au loyer pour la relance des commerces..., le conseil régional a obtenu de Bercy de poursuivre le déploiement de son « fonds Résilience » jusqu'au 31 mars prochain.

Aux 100 millions d'euros lancés en juin 2020 la Banque des territoires, la région, la métropole, la ville de Paris et 68 autres collectivités territoriales franciliennes, vont s'ajouter 50 millions supplémentaires. L'objectif reste le même : permettre aux acteurs de l'économie sociale et solidaire, comme aux indépendants, libéraux et TPE de moins de 20 salariés passés entre les mailles des filets des différents dispositifs nationaux et locaux, d'obtenir des avances remboursables de 3.000 à 100.000 euros sur six ans avec un différé de deux ans maximum.

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En matière d'innovation, l'Etat et le Conseil régional se sont mis d'accord pour mobiliser près de 110 millions sur les deux prochaines années dans le cadre du volet régionalisé du quatrième programme d'investissement d'avenir (PIA4). Par exemple la construction du bâtiment de recherche biomédicale de l'Université Paris Est Créteil, auquel la région consacrera 15 millions d'euros ou bien la première phase de la réhabilitation du campus de Paris 8 à Saint-Denis, à laquelle l'État consacrera 11,3 millions.

En termes d'emploi, outre le plan « 1 jeune, 1 solution » porté conjointement, Valérie Pécresse refuse le concept de « RSA jeunes » et lui préfère le « Revenu jeune actif » d'un montant de 4.000 euros pour les jeunes de 16 à 25 ans qui suivent une formation qualifiante de six mois dans un métier en tension (bâtiment, travaux publics, sécurité, sanitaire et social, numérique, agriculture-environnement).

10% de budget supplémentaire pour la culture

Par ailleurs, au volet de la cohésion sociale, outre un plan d'un milliard d'euros pour l'hôpital, la région et l'Etat « porteront une action conjointe » sur les instituts de formation en soins infirmiers. D'ici à 2023, 925 nouvelles places d'étudiants sont déjà prévues auxquelles l'Etat contribuera à hauteur de 8.000 euros chacune. Idem en matière d'hébergement d'urgence, compétence partagé entre l'Etat et le conseil régional.

Enfin, pour les secteurs totalement à l'arrêt du fait de la crise sanitaire, la présidente (Libres) de l'Île-de-France a décidé de supprimer la taxe d'aménagement pour les petits commerces et les maisons de santé. En revanche, elle n'a pas obtenu du gouvernement le changement de la loi en ce sens pour les hôteliers et les restaurateurs. « On ne peut pas le faire nous-mêmes. C'est ridicule mais on ne peut pas ! », a-t-elle insisté le 3 mars lors d'une visioconférence avec les chefs d'entreprise franciliens.

Toujours en leur présence hier, Valérie Pécresse a annoncé l'augmentation du budget culture de 10 millions d'euros en 2021, le portant à 109 millions d'euros. « Ce sont des retombées économiques très importantes liées à la modernisation de l'industrie culturelle. Pour le retour des touristes à l'été 2021, il faut mettre le paquet ! » s'est-elle encore exclamée.

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César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 05/03/2021 à 16:10
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C'est beau ces articles qui essaient de marier des concepts antinomiques. Saluons donc ces nouveaux couples : relance économique/transition écologique et compétitivité/cohésion sociale.

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