Airbus, Safran et Ace Aéro Partenaires étudient une reprise d'Aubert & Duval

Airbus, Safran et le fonds d'investissement aéronautique Ace Aéro Partenaires, géré par ACE Management, sont prêts à former un pack pour reprendre Aubert & Duval si Eramet confirme la vente de sa filiale.
Michel Cabirol
La filière aéronautique ne veut pas laisser échapper un actif qu'elle considère comme stratégique, Aubert & Duval étant le leader mondial des aciers à haute performance, des superalliages et du titane.
La filière aéronautique ne veut pas laisser échapper un actif qu'elle considère comme stratégique, Aubert & Duval étant le leader mondial des aciers à haute performance, des superalliages et du titane. (Crédits : Aubert & Duval)

Le dossier stratégique Aubert & Duval, dont la vente est envisagée par Eramet, ne laisse vraiment pas insensible la filière aéronautique. Elle se met donc en ordre de bataille au cas où il s'agirait de pousser ensemble dans un pack soudé. Une esquisse de solution est actuellement à l'étude. Selon des sources concordantes, une opération menée par plusieurs grands acteurs du secteur est étudiée par Airbus, Safran ainsi que le fonds d'investissement aéronautique pour soutenir les PME et les ETI de la filière (Ace Aéro Partenaires), géré par ACE Management. La filière ne veut pas laisser échapper un actif qu'elle considère comme stratégique, Aubert & Duval étant le leader mondial des aciers à haute performance, des superalliages et du titane. Au-delà de l'aéronautique et de la défense, il l'est pour la France.

C'est également le cas de l'État. Interrogé début septembre par La Tribune sur la situation d'Aubert & Duval, le ministère des Armées avait expliqué qu'il y a "des pistes qui existent" pour que cette entreprise garde un actionnariat français. "Ce dossier est suivi comme le lait sur le feu et à très haut niveau", avait précisé l'Hôtel de Brienne. Pour l'heure, si des expressions d'intérêt voient le jour, il n'y a pas encore de projets industriels solides sur la table des ministères de l'Économie (Direction générale des entreprises) et des Armées (Direction générale de l'armement).

Que va faire Eramet ?

Quelles sont les intentions définitives de la direction d'Eramet sur ce dossier ? Un dossier, qui plus est, est associé au nom du principal actionnaire du groupe minier et métallurgique (Duval). Ce qui lui donne également une dimension affective. Après l'article de La Tribune en juin, Eramet avait dégainé un communiqué expliquant qu'une "revue stratégique détaillée" avait été "initiée par le groupe relative à sa filiale A&D (Aubert & Duval, ndlr), dans laquelle toutes les options sont envisagées". En tout cas, le cours du nickel ne contribue pas à rétablir la situation économique et financière du groupe, fait valoir un observateur attentif de ce dossier.

Par ailleurs, Aubert & Duval a cumulé en très peu de temps deux crises majeures : des problèmes de non qualité détectés en 2018, puis la crise du Covid-19 avec un arrêt brutal et violent du transport aérien, qui se répercute sur les livraisons et les commandes de la filière aéronautique. résultat, le chiffre d'affaires d'Aubert & Duval a plongé en 2019 de plus de 19 %, à 642 millions d'euros, avec un EBITDA à l'équilibre (contre 36 millions d'euros en 2018). Les problèmes de non qualité ont très fortement pénalisé la performance d'Aubert & Duval l'an dernier : impact négatif de 49 millions d'euros sur l'EBITDA et de 160 millions d'euros sur le free cash-flow, dont une augmentation de 80 millions d'euros du niveau de stock d'en-cours.

Michel Cabirol

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