Stellantis : les actionnaires valident la rémunération astronomique de Carlos Tavares

Réunis ce mardi en assemblée générale, les actionnaires de Stellantis ont voté à 70% pour la rémunération de Carlos Tavares, directeur général du géant industriel, qui suscitait pourtant la controverse. En visite lundi dans une usine de moteurs Peugeot, Carlos Tavares était revenu sur le sujet, mais aussi sur d'autres dossiers stratégiques, comme l'avenir de la voiture électrique et la bataille avec les constructeurs chinois. Sur de nombreux points, le dirigeant a changé plusieurs fois son fusil d'épaule.
Stellantis a prévu de verser 36,5 millions d'euros à Carlos Tavares pour l'année 2023, soit une augmentation de 56% sur un an.
Stellantis a prévu de verser 36,5 millions d'euros à Carlos Tavares pour l'année 2023, soit une augmentation de 56% sur un an. (Crédits : REMO CASILLI)

[Article publié le lundi 15 avril 2024 et mis à jour mardi 16 avril à 15H23] Les multiples appels à voter contre n'y auront rien fait. La rémunération 2023 de 36,5 millions d'euros de Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, a été validée cet après-midi lors de l'assemblée générale, à plus de 70%.

Pourtant, cette semaine, trois sociétés de conseil aux actionnaires avaient appelé à voter contre cette rémunération, dans un contexte de licenciements massifs au sein du groupe. Même son de cloche pour les syndicats représentants les salariés.

À noter toutefois qu'un vote « contre » ne remet pas en cause le versement de la rémunération. En effet, en 2022, les actionnaires avaient rejeté en majorité sa rémunération sur l'année 2021, mais le groupe avait tout de même versé les 19 millions d'euros actés par le conseil d'administrationUne rémunération jugée à l'époque « choquante » et « excessive » par Emmanuel Macron qui faisait campagne pour sa réélection.

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La hausse de 56% de la rémunération par rapport à l'année précédente est notamment liée au versement d'une prime de dix millions d'euros pour la « transformation » du groupe créé en 2021 avec la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler. La rémunération intègre des pensions de retraite qui seront versées sur le long terme, mais aussi des bonus attribués seulement s'il est au rendez-vous d'objectifs fixés pour 2025, dernière année de son mandat actuel à la tête du constructeur. « Il y a une dimension contractuelle entre l'entreprise et moi et 90% de mon salaire est lié aux résultats de Stellantis. C'est donc que l'entreprise fait de bons résultats », s'est justifié Carlos Tavares.

Lundi, lors de la visite de l'usine de Trémery, au nord de Metz, dans laquelle le groupe compte produire 1 million de moteurs électriques par an pour les 3008 et 5008 à partir de 2024, pour un investissement total de 37 millions d'euros, Carlos Tavares a convenu « qu'il réagira de manière démocratique au vote des actionnaires » avant de préciser qu'il faudra modifier les politiques de rémunération des dirigeants en cas de refus majoritaire. C'est d'ailleurs ce qu'il avait fait pour faire accepter sa rémunération en 2023. Il avait d'ailleurs reçu un vote favorable à 80%.

Avec ses marques Peugeot, Citroën, Fiat ou Dodge, Stellantis a publié le 15 février un nouveau bénéfice record de 18,6 milliards d'euros pour 2023, en hausse de 11% sur un an. Son chiffre d'affaires s'approche des 190 milliards d'euros.

Plusieurs discours sur la bataille avec la Chine

Le dirigeant est également revenu longuement sur la bataille avec les constructeurs chinois, qui multiplient les productions de véhicules électriques à des prix toujours plus attractifs. De fait, Carlos Tavares voit comme une « menace » l'arrivée du géant de l'électrique BYD sur le sol italien, en discussion avec les dirigeants du pays, alors que le constructeur franco-italo-américain y règne en monopole.

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 Le patron de Stellantis ne s'est pas gêné pour faire du chantage à l'emploi.

« Si quelqu'un veut amener des concurrents chinois en Italie, il sera responsable des décisions impopulaires qui devraient être prises le cas échéant », avait-il déclaré dans l'usine de Mirafiori à Turin la semaine dernière, précisant que « cela pourrait nous faire perdre des ventes, et donc des parts de marché, puis la production pourrait chuter et nous pourrions avoir besoin de moins d'usines ».

Le constructeur chinois a par ailleurs annoncé l'implantation d'une usine en Hongrie pour une production en 2027. Une perspective qui effraie le patron de Stellantis, estimant qu'alors, « les voitures électriques chinoises seraient au même prix que les thermiques européennes ».

En revanche, les groupes chinois ne sont pas une mauvaise chose quand ils servent de relais pour relancer Stellantis en Chine. Car Carlos Tavares a acquis 20% du constructeur chinois de voitures électriques Leapmotor en novembre dernier et fondé avec lui une coentreprise afin de développer son marché chinois. Il a ainsi avoué aujourd'hui « ne pas être bon » sur le marché chinois et préfère « bénéficier de l'offensive chinoise » sur l'électrique « plutôt que d'en être victime ». La finalisation de cette opération capitalistique avec le groupe chinois a été effectuée cette semaine ainsi que la validation du business plan pour des premières livraisons au troisième ou quatrième trimestre 2024.

Inquiétude sur l'électrique

En outre, le constructeur a été interrogé, lundi, sur le futur de l'électrique en Europe et aux Etats-Unis, après les baisses de vente récentes et la chute progressive de Tesla. En France, Stellantis a d'abord vu ses ventes bondir de respectivement 20% en janvier et février avant de marquer un coup d'arrêt en mars, en recul de 8,78%.

« Les citoyens expriment leur anxiété vis-à-vis de l'électrique, a justifié Carlos Tavares. Ils ne savent pas où va la réglementation. Les politiques ont fait le choix d'une technologie qui n'est pas soutenue par les citoyens ».

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Le dirigeant a tout de même grandement bénéficié du leasing électrique en France, dans lequel le gouvernement finançait à hauteur de 13.000 euros les voitures électriques neuves. Résultat : le groupe a proposé pas moins de 12 véhicules dans le dispositif, allant de 49 euros par mois pour la Fiat 500 électrique à 149 euros par mois pour la Jeep Avenger. Un large éventail d'offres qui a permis de placer Stellantis largement en tête des commandes du leasing électrique, avec 70% des 50.000 demandes enregistrées et d'augmenter ses ventes en ce début d'année.

Une aide fournie également sur le bonus écologique à l'achat de véhicules neufs électriques permettra au constructeur de proposer sa C3 électrique à partir de 19.300 euros. C'est la première citadine électrique fabriquée en Europe à être vendue sous la barre des 20.000 euros. Le groupe compte sur cette petite citadine pour relancer ses ventes et cibler la classe moyenne européenne, a confié son dirigeant. A l'avenir, Stellantis veut dupliquer le mode de production de sa C3 à l'ensemble de sa gamme afin de réduire la différence de prix avec les véhicules chinois.

Les investissements en suspens avec les élections

Sauf que le principal problème reste l'incertitude qui plane en Europe quant à la trajectoire sur l'électrique. Pour l'heure, les constructeurs seront interdits de vente de voitures thermiques en 2035. Une direction qui pourrait être modifiée par les élections européennes à venir et une clause de revoyure en 2026. De fait, l'arrêt des moteurs thermiques est considéré comme l'une des mesures les moins populaires en Europe, surtout en période d'inflation et de ralentissement des ventes.

« Je déciderai de mes nouveaux investissements dans les usines fin 2024 pour la période entre 2028 et 2035 », a annoncé le dirigeant de Stellantis, insistant sur la nécessité d'« une stabilité des règles » et « ne demandant rien pour la clause de revoyure sauf la continuité » de ce qui est fait actuellement.

Une phrase qui tranche avec les multiples appels de Carlos Tavares à modifier la réglementation européenne, estimant que la technologie électrique n'était pas la solution et qu'il aurait été préférable de s'appuyer sur un mix hybride et électrique pour faciliter la transition et réduire les coûts. Mais maintenant que la machine est lancée, le dirigeant ne veut plus d'un rétropédalage. « Si l'on freine l'avion au moment du décollage, alors il va s'écraser ».

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Commentaires 35
à écrit le 17/04/2024 à 20:46
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Les principaux actionnaires étant lui même et ces copain pour lesquels il est aux conseils et votera leurs augmentations de rémunérations il aurait été étonnant que cette rémunération hors norme ne soit pas voté... Si il veux qu'ils me donne juste 1...

à écrit le 17/04/2024 à 14:02
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Un autre signe du déclin de la France se lit dans les commentaires majoritairement outrés sur la rémunération astronomique de Mr Tavares. Il est désormais admis partout sur Terre que ce "capitalisme sauvage" a sorti de la pauvreté une si grande parti...

le 17/04/2024 à 14:26
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Sauf que le ruissèlement tant produit par notre président s'arrête aux actionnaires et votre comparaison capitalisme / communisme est un peu datée , l'essentiel des actionnaires étant des héritiers qui n'ont jamais travaillé de leurs vies : vous conf...

le 17/04/2024 à 14:46
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@ldx : on dirait une réponse faite par ChatGPT, autre merveille issue du capitalisme florissant ! Il n'y a rien dans votre réponse, aucun argument: le capitalisme a vaincu le communisme grâce à son efficacité à réduire à pauvreté, et Carlos Tavares n...

le 18/04/2024 à 3:29
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@Fred30400 "Carlos Tavares transforme le plomb en or, comme le fait d'ailleurs autrement MBappe dans un autre registre" Dixit un pauvre atteint de démence qui ventile fortement ses plombs...

à écrit le 17/04/2024 à 9:49
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En validant le salaire hors normes de Carlos Tavares les actionnaires du groupe ont fait preuve d’un manque total de réflexion car ils ne se rendent pas compte qu’en agissant ainsi ils ne font qu’irriter les gens, en particulier les personnes les plu...

à écrit le 17/04/2024 à 9:21
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En comparaison, le dirigeant du numéro un mondial de l'automobile, Toyota, gagne "seulement" 6,3 millions d'euros par an !

le 17/04/2024 à 10:06
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les veritables responsables sont m macron ,lemaire ,moscovici les artisans de la mondialisations dans ce cas precis le beneficiare n'est pas francais sa remuneration vient pour moitie des usa et il ne dirige plus aucune societe francaises grace a...

à écrit le 17/04/2024 à 7:36
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je n'achèterai plus leurs voitures. On marche sur la tête !!!!

à écrit le 17/04/2024 à 3:21
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Une réflexion en vrac : C'est marrant que beaucoup de sièges sociaux soit en Hollande. Une autre réflexion : Je pense que l'on achète une voiture pour son esthétisme et sa fiabilité. Pour le 1er ce sont les désigner , le 2eme ce sont les ingénieurs ...

à écrit le 17/04/2024 à 0:26
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Même “management style” que son mentor l'autre Carlos.....on attend la suite.

à écrit le 16/04/2024 à 21:22
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Encore la légende du grand capitaine d'industrie qui se paie rubis sur ongle en formant la World Company dont l'objectif 1er est de détruire la concurrence plutôt que répondre au besoin de la clientèle. A quand la fusion de Ford et Renault-Nissa...

à écrit le 16/04/2024 à 20:26
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@Jason13 : un actionnaire n'est pas propriétaire d'une société. La seule chose qu'il possède sont les actions de la dite société. Donner un avis bien, mais c'est encore mieux si on maîtrise son sujet. Quant à la hauteur de la suite de votre explicati...

le 16/04/2024 à 21:30
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@John. Pour votre gouverne, une action est un titre financier à valeur juridique, c'est-à-dire qu'il confère des droits patrimoniaux (notamment un droit de propriété/action) et des droits sociaux (notamment un droit de vote et un droit de participati...

à écrit le 16/04/2024 à 20:26
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@Jason13 : un actionnaire n'est pas propriétaire d'une société. La seule chose qu'il possède sont les actions de la dite société. Donner un avis bien, mais c'est encore mieux si on maîtrise son sujet. Quant à la hauteur de la suite de votre explicati...

à écrit le 16/04/2024 à 17:49
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Mbappé gagne 2 fois plus , mais ne fait pas vivre 258 275 employés (31 décembre 2023) mais ça ne choque personne .

le 17/04/2024 à 3:24
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"Mbappé gagne 2 fois plus" La véritable question serait plutôt de savoir combien de fois le salaire médian de son équipe touche Mbappé au regard de la contribution de chacun à la victoire... ou défaite. En effet, Mbappé autant que Tavares est...

le 17/04/2024 à 10:57
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La rémunération des footballeurs choque certains, le débat est partout si vous vous donnez la peine de chercher. Tavarès ne fait pas vivre 258 275 employés. Il n'a pas créé Stellantis, ni même Peugeot ni même Fiat, il n'est pas Dieu sur terre. Et s...

à écrit le 16/04/2024 à 17:16
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Au vu du vote des actionnaires, la controverse a seulement été suscitée par les envieux et les syndicats.

à écrit le 16/04/2024 à 17:08
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Ils feraient bien ce qu’ils veulent, si le secteur n’était pas gorgé de subventions publiques.

à écrit le 16/04/2024 à 16:15
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Souhaitons que ce brave homme soit un contribuable français.

le 16/04/2024 à 16:34
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En 2022 c'était le cas. Je n'ai pas d'infos plus recentes sur sa residence fiscale, mais c'est la première demande qu'un journaliste devrait lui faire et si c'est encore la France il faut souhaiter que sa rémuneration soit la plus élevée possible.

à écrit le 16/04/2024 à 14:16
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Les résultats du groupe confirme la bonne santé de l'entreprise due avant tout aux clients qui achètent à prix élevés les véhicules Stellandis qui ont été floue avec le moteur Pure! Puis le gouvernement qui grâce et grasses aux primes sur les VE part...

à écrit le 16/04/2024 à 11:46
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Un vrai patron qui mérite sa rémunération. Un Mbappé peut-il se targuer de faire travailler plus de 200 000 personnes à travers le monde ? je ne suis certain que non. Et pourtant cela ne choque personne que des gars (et oui l'égalité des sexes dans p...

à écrit le 16/04/2024 à 9:58
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Le mieux pour Monsieur Tavares sera de ne pas solliciter un nouveau mandat en 2025 ,Il se trouvera bien constructeur automobile étranger pour lui proposer un job. Parallèlement Stelantis n'aura certainement pas de problème pour lui trouver un succes...

à écrit le 16/04/2024 à 9:18
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La rémunération de plus de 36 millions de Carlos Tavares ne fait l'objet d'aucune polémique alors que celle du PDG de Total Energie, pourtant inférieure à 10 millions, ne cesse de provoquer l'indignation. Le deux poids deux mesures dans toute sa sple...

à écrit le 16/04/2024 à 9:14
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Sa rémunération est l'exécution du contrat d'engagement. Si les actionnaires sont mécontents du résultat, ils peuvent voter sa révocation. Pour quels motif??? Trop bons résultats???

le 16/04/2024 à 21:35
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@henry. Pour une prise excessive de risque à moyen terme, ce qui serait une erreur de gouvernance. Rappelez-vous dans un autre registre, Atos a eu son heure de gloire avec de bons résultats (mais absolument temporaires et relatifs, donc spéculatifs)....

le 17/04/2024 à 11:50
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Oh! Raymond! Comment peut-on imaginer que des administrateurs payent le directeur général à couler la baraque! ... Il est vrai que les exemples foisonnent. Hélas! Bien à vous!

le 17/04/2024 à 17:53
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@henry. Les gros investisseurs avertis (entre-autres fonds d'investissement et hedge funds) et les initiés se barrent toujours avant que le rafiot coule. À moins d'un aléa majeur, "un cygne noir". Pourquoi? Parce qu'après avoir poussé la gouvernance ...

à écrit le 16/04/2024 à 9:04
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Dans les années disons 75 il y avait des ingénieurs visionnaires, actuellement il y a des financiers avides.

à écrit le 16/04/2024 à 8:10
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Tavarès ouvre une phase de déclin du groupe. Sa stratégie assurant une marge à deux chiffres était intenable pour un constructeur généraliste. Ayant largement tiré profit des aides, des difficultés d'approvisionnement, des surcoûts des véhicules élec...

à écrit le 16/04/2024 à 8:07
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LOL ! Les mecs les moins bien placés, à savoir qui possèdent et détruisent le monde en ronflant, vont réfléchir à la rémunération d'un de leurs valets. Cela devrait petre leso uvriers qui le décident selon leurs conditions de travail et leurs salaire...

le 16/04/2024 à 17:02
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Que les propriétaires d'une société déterminent le mode et le montant de la rémunération de leur directeur est tout a fait normal. Les employés sont payés pour faire un travail et pas pour diriger la société et à ce titre n'ont aucun avis à donner ...

le 17/04/2024 à 9:25
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C'est pas sûr, pour le bien de leur entreprise, pour le dynamisme de leur propriété ils feraient mieux de se mettre de côté. Mais bon je demande de la réflexion, forcément c'est pas votre truc... ^^

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