Une fois de plus, Steve Jobs, le patron d'Apple a sidéré son auditoire. Certes, on s'attendait à du spectaculaire, à du show, mais les annonces faites en début de semaine lors du MacWorld de San Francisco sont allées bien au delà des espoirs des aficionados.

Et pourtant, depuis neuf ans qu'il est revenu à la tête d'Apple après en avoir été chassé comme un vulgaire informaticien, Steve Jobs a souvent surpris les fans de la petite pomme. On aurait donc pu penser qu'ils étaient blasés devant ces avalanches régulières de nouveautés (iMac, Airport, iTunes...). Eh bien non, comme avant, quand Apple détenait 14% des parts du marché des PC, ils se sont tous levés pour acclamer ce nouveau roi du pétrole.

Et alors que pendant des années, Steve Jobs n'a cessé de vilipender les puces d'Intel et de montrer, tests à l'appui, qu'elles étaient nettement moins performantes que leurs concurrentes de chez IBM, tout le monde a salué les nouveaux Macs basés sur une architecture Intel.

Le plus étonnant est que cette euphorie a également touché les marchés financiers. En apprenant qu'Apple avait vendu 14 millions d'iPod lors du dernier trimestre, l'action a en effet bondi de 6,34% et la hausse s'est même poursuivie mercredi avec une progression de 3,5%. En neuf mois, l'action d'Apple a doublé pour dépasser les 83 dollars.

Néanmoins, le phénomène iPod reste étonnant. Certes, quand il a été lancé en 2001, le lecteur musical d'Apple innovait tant par ses fonctionnalités que par son design. Mais aujourd'hui, même si d'autres modèles sont venus s'ajouter au catalogue (iPod vidéo, Nano...), il est sidérant de constater qu'Apple possède toujours près de 70% de parts sur ce marché aux Etats-Unis. Et ce, alors que la concurrence a copié l'iPod et l'a même parfois dépassé en termes de fonctionnalités. Et ce aussi, alors que l'iPod reste cher, nécessite pour être pleinement utilisable tout un tas d'accessoires (housse, chargeur, câbles...) - également forts chers - et contraint l'utilisateur dans ses choix technologiques.

Mais le génie marketing d'Apple a fait des miracles et l'iPod est devenu un phénomène de mode que l'on s'arrache de San Francisco à Tokyo et de Johannesburg à Helsinki. Ce succès permettra-t-il à Apple de relancer ses ventes de Mac comme les analystes semblent le penser? Non, sans doute pas suffisamment pour redevenir un acteur de poids sur le marché des ordinateurs. Mais assez pour rester dans la course des sociétés qui nous font encore rêver.