Ce fut l'une des premières sanctions prises par les occidentaux à l'égard de la Russie après le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février dernier : après une réunion en urgence le soir même, l'Union européenne adoptait un lot de mesures parmi lesquelles un embargo sur les pièces de rechange et équipements aéronautiques.
Une décision lourde de conséquences pour la Russie dont les compagnies aériennes ont, depuis dix ans, délaissé leur flotte d'origine soviétique au profit d'appareils occidentaux, notamment des Airbus et Boeing en tête, mais aussi des Bombardier et quelques Embraer. L'embargo sur les pièces détachées aéronautiques touche ainsi la quasi-totalité des compagnies russes. Sur une flotte passagers et cargo de près de 1.000 appareils, les trois-quarts environ sont d'origine européenne, américaine et canadienne. L'impact de l'embargo devrait se faire ressentir principalement sur l'entretien des moteurs.
En annonçant les sanctions, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, avait rappelé « l'énorme dépendance » des opérateurs russes vis-à-vis de ces pièces détachées venues de l'Ouest. Elle avait ainsi estimé que cet embargo allait « affecter le secteur clef de l'économie russe et la connectivité du pays ».
Un défaut de maintenance des avions « très dangereux »
Mais cet objectif alerte le directeur exécutif de l'Agence européenne pour la sécurité aérienne (AESA). Patrick Ky s'est dit « très inquiet », ce mardi, quant à la sécurité des avions de fabrication occidentale qui continuent de voler en Russie, alors que l'accès aux pièces de rechange et à une maintenance appropriée pour ces appareils a été restreint dans le pays. « C'est très dangereux », a-t-il déclaré aux journalistes en marge d'une conférence, ajoutant que les régulateurs ne disposaient pas de données correctes sur de nombreux avions volant en Russie. Un risque qui s'intensifie à mesure que le temps passe, a-t-il souligné : « Dans six mois, qui sait? Dans un an - qui sait? ».
Malgré la sanction adoptée par l'UE, Patrick Ky a indiqué que les régulateurs devraient examiner les demandes de dérogation de la Russie « au cas par cas ». Selon lui, certaines d'entre elles pourraient représenter « des raisons humanitaires, mais cela ne devrait toutefois pas devenir la norme ».
Des avions confisqués par la Russie
Autre sanction prise par les occidentaux : l'Union européenne a demandé à tous les loueurs occidentaux de rapatrier leurs avions avant la date du 28 mars. En réaction, Vladimir Poutine a, lui, validé une loi autorisant les compagnies russes à faire réimmatriculer en Russie les avions loués auprès de sociétés étrangères, en dépit des demandes faites par ces dernières pour les récupérer. « Cela permettra aux compagnies aériennes russes de conserver la flotte d'avions étrangers et de les exploiter sur des liaisons intérieures », avait indiqué l'assemblée législative russe, la Douma d'Etat, sur son site internet. Une action aux airs de confiscation.
La loi russe permet aussi aux compagnies du pays d'obtenir des certificats de navigabilité russes pour continuer à les exploiter sur les lignes intérieures. La Russie contourne ainsi la suspension des certificats de navigabilité par différentes autorités de l'aviation civile à travers le monde.
(Avec Reuters)
Sujets les + commentés