La présidente de la Cour : "Vous avez rendu un service incroyable à la banque ! "

Au quatrième jour du procès en appel de Jérôme Kerviel, la présidente de la Cour, qui n'a jusque là pas ménagé l'ancien trader, condamné le 5 octobre 2010 à cinq ans de prison, dont trois fermes, ainsi qu'à 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts, revient sur les événements de l'année 2007.
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Jérome Kerviel est sous le coup de trois chefs d'accusation : abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé, faux et usage de faux. Son procès en appel a commencé lundi 4 juin. Suivez en direct la quatrième journée d'audience couverte par notre journaliste Laura Fort. Retrouvez le compte-rendu de la première journée d'audience, le compte-rendu de la deuxième journée d'audience et le compte-rendu de la troisième journée d'audience.

Lundi 11 juin

16h25. "Vous avez rendu un service incroyable à la banque !"

Après une suspension, l'audience reprend sur des questions de l'avocat général, Dominique Gaillardot, auxquelles l'ancien trader sert invariablement la même réponse : C'est la même procédure, c'est la même raison, c'est la même histoire, que celles qu'il a déjà exposées auparavant.
Me Martineau, avocat de Société Générale, s'interroge : Au 31 décembre 2007, il a un résultat de 1,4 milliard. Pourquoi n'extériorisez-vous pas ce résultat auprès de votre hiérarchie ?
Là encore, J. Kerviel déclare : Même réponse que tout à l'heure.
Me Martineau : Le 2ème jour d'audience, on nous sert la théorie de la machination. Si on se place dans cette perspective, comment on va couvrir une perte liée aux subprimes, si ce n'est en faisant du profit ? Alors pourquoi masquer vos gains ?
La présidente de la Cour réagit : Oui, pourquoi la banque ne prend pas tout de suite votre 1,4 milliard de résultat si elle savait ? Elle serait tellement ravie d'améliorer son bilan ! Vous faites toutes ces opérations en 2008, si elle avait envie d'améliorer ses comptes 2007, c'était le moment ou jamais.
J. Kerviel : La crise des subprimes commençait, ces actifs étaient complètement illiquides. La seule solution, c'est de vendre des futures, qui venaient couvrir les actifs liés aux subprimes. C'est la raison pour laquelle ils m'ont laissé continuer.
Cynique, la présidente lance : C'est merveilleux ! Vous leur avez rendu un service incroyable !
Me Martineau reprend la main : Est-ce que vous pensez raisonnablement que c'est au niveau de M. Cordelle [N+1] et de M. Rouyère [N+2], de décider des problématiques qui avoisinent les 1,4 milliard d'euros ?
J. Kerviel : Mais c'est avec eux que je suis en contact et à qui je reporte.
- Ils auraient reçus des instructions de plus haut encore, alors ?
- Vous leur demanderez.
Me Koubbi interroge son client : On vient de dire que le 1,4 milliard était vu puisque prêté. Mais que fait ce 1,4 milliard chez vous ?
J. Kerviel : Ce chiffre était totalement en inadéquation avec mon activité. Une trésorerie à 1,4 milliard ne correspond pas à mon activité.
- Notre thèse est qualifiée de nouvelle et exotique. Que disaient les marchés à l'époque de la découverte de la fraude ?
- Que ça cachait les pertes des subprimes.
- Aucun ne croyait à la thèse de la fraude ?
- Non.
- Et qu'est-ce qui a fait basculé ça ?
- Le story-telling de la Société Générale.

15h25. Me Koubbi : « J'adore cette révolution sociale où en cas de faute grave, on part avec 7 ans de salaire fixe ! »

Me Dami Le Coz, avocat de Jérôme Kerviel, fait remarquer à la Cour que trois traders du desk, Thierry Rakotomalala, Ouachelfalah Meskine et Sébastien Gers ont été licenciés avec des indemnités confortables : Le prix du silence coûte 630 000 euros. Ils ont perçu 7 ans de salaire fixe...

Retrouvez l'intégralité de la quatrième journée de procès depuis ce lundi matin

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