« Les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis sont la boussole des marchés », aime à répéter un gérant obligataire. Le raisonnement est simple : si le marché de l'emploi résiste, c'est que le ralentissement attendu de l'économie n'est pas suffisant pour réduire l'inflation et que les banques centrales, la Réserve fédérale en tête, vont continuer de durcir la politique monétaire et monter les taux d'intérêt.
Et c'est ce raisonnement qui a fait trembler les indices boursiers ce jeudi 6 juillet et hisser les taux courts européens (à 2 ans) vers des plus hauts depuis 2008. A Paris, le CAC 40 recule de plus de 3 % et repasse sous le seuil des 7.100 points. L'Euro Stoxx 50 frôle les 3 % de baisse et l'indice européen des 600 premières capitalisations, le Stoxx 600, cède plus de 2%. C'est sans doute l'une des pires séances boursières depuis la panique bancaire de mars dernier.
Les offres d'emploi aux Etats-Unis sont pourtant repassées sous la barre des 10 millions, signe d'un (léger) ralentissement du marché du travail américain. Mais pas suffisant, selon les investisseurs, pour dissuader la banque centrale américaine (Fed) de renoncer à au moins de deux nouvelles hausses de ses taux directeurs en juillet et en septembre, de 25 points de base à chaque fois.
La hausse de trop
Après avoir passé son tour en juin de manière inexplicable, la Fed a sensiblement durci le ton dans sa volonté de calmer l'économie américaine, toujours aussi robuste, malgré une hausse totale de ses taux de 500 points de base depuis mars 2022 - le rythme de hausse le plus soutenu depuis de quarante ans -, portant ainsi l'objectif des fed funds à 5,00%-5,25%. Cette relative bonne santé de l'emploi aux Etats-Unis a d'ailleurs été complétée ce même jour par un indice ISM (baromètre de conjoncture) plutôt positif dans les services. Or, c'est bien dans les services que l'inflation demeure élevée aux Etats-Unis, source de préoccupation majeure de la banque centrale.
L'accalmie sur les taux, tant espérée au premier trimestre, n'est donc pas pour demain, ni pour la fin de l'année. La situation est plus fragile en zone euro, mais la Banque centrale européenne (BCE) ne veut pas plus être royaliste que la Fed, au risque de procéder à la hausse de trop.
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