
C'est donc à un bel été auquel semblent se préparer les marchés, presque même dans un climat d'euphorie en cette fin de mois de juillet, du moins à Wall Street. En Europe, la prudence reste de mise, du moins sur les actions alors que les marchés obligataires sont à la fête, y compris sur les secteurs les plus risqués, comme l'immobilier ou les banques. Une petite note dissonante venue de la Banque centrale du Japon, qui pourrait autoriser un dépassement de son objectif de taux sur les obligations d'État, a troublé les marchés mais sans remettre en cause l'optimisme ambiant.
En juillet, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé, comme prévu ses taux de 25 points de base et semble désormais se mettre en « mode pause », même si la banque centrale écarte désormais le risque de récession cette année. Bref, la récession, sans cesse annoncée, toujours reportée, est désormais attendue à la mi-2024. Et encore, un scénario « de soft landing » (atterrissage en douceur) semble prendre à nouveau le dessus.
Data dependant
Du côté de la Banque centrale européenne (BCE), les hausses successives sont en ligne avec la ferme volonté de l'institution de lutter contre l'inflation, les menant à leur plus haut niveau depuis 2001. La BCE, comme la Fed, ne donne aucune indication sur ce qu'elle compte faire en septembre, soit monter à nouveau ses taux en septembre, soit faire une pause. « Tout dépendra des statistiques », clament en substance les banquiers centraux, de plus en plus « data dependant ». Pour l'heure, le marché est partagé à 50-50 sur une prochaine hausse des taux en septembre.
« Le discours "data dependant" va créer une volatilité monstrueuse, chaque statistique pourra faire décaler le marché », redoute cependant un gérant obligataire auprès de La Tribune. Le Bund allemand a pris dix points de base en 24 heures à 2,53%. Reste que la forte résilience de l'économie américaine balaye les dernières craintes et les marchés obligataires sont clairement « risk on » (appétit pour le risque) et ils devraient le rester tout l'été.
Haut de canal
Sur les actions, la santé éclatante des marchés américains tranche avec la modération des indices européens. La plupart des grandes gestions restent neutres sur les actions mais s'interrogent sur un éventuel rallye au cours de l'été.
« La configuration du marché est très intéressante. En résumé, l'essentiel de la performance de l'année a été réalisé au premier trimestre et depuis les indices font du yo-yo dans un canal horizontal. Nous sommes actuellement sur un rebond technique dans ce canal. Mais j'ai le sentiment pour la première fois que nous pourrions casser ce canal par le haut », avance un gérant action.
La relative bonne publication de résultats semestriels, peu de mauvaises surprises aux Etats-Unis et bonne résilience de la plupart des groupes industriels et bancaires en Europe, pourrait être le catalyseur tant attendu d'un nouveau cycle haussier. « Si nous devions casser ce haut de canal, beaucoup d'investisseurs sur la réserve depuis la fin de l'année dernière pourraient alors revenir sur les actions et amplifier la hausse », estime ce même gérant.
Le mouvement pourrait alors être brutal alors que les investisseurs sont confortablement installés sur un marché obligataire porteur, alors même que les banques incitent leurs clients à aller vers les produits de taux pour refinancer leur bilan. C'est bien connu, il faut investir en Bourse quand le consensus est encore négatif sur les actions. Cela pourrait vite changer.
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