En Touraine, Nescafé invente les nectars du futur adaptés au changement climatique

INDRE-ET-LOIRE. Installé a proximité de Tours, le centre de sciences végétales de Nescafé développe en toute discrétion les nouvelles espèces de café de la marque de Nestlé. Un site unique au monde pour qui l’adaptation des cultures de caféiers au réchauffement climatique constitue la priorité.
Les nouvelles espèces de caféiers, qui produiront les futurs crus de Nescafé, sont conçues et cultivées en Touraine.
Les nouvelles espèces de caféiers, qui produiront les futurs crus de Nescafé, sont conçues et cultivées en Touraine. (Crédits : Reuters)

Pour la première fois depuis sa création, le centre R&D de Nescafé situé à Notre-Dame-d'Oé (Indre-et-Loire) a ouvert ses portes le 18 juin pour une visite à guichet fermé. L'occasion de se projeter dans les coulisses de cet immense bâtiment de près de 8.000 m2 où une cinquantaine de chercheurs inventent les nouveaux types de café pour la marque de la multinationale agro-alimentaire Nestlé. A ce titre, le site tourangeau dispose d'une importante collection de plants de caféiers, qui sont ensuite exportés vers les zones de production de café travaillant pour Nestlé.

Il réalise ainsi des croisements entre différentes espèces, avec deux objectifs prioritaires : le maintien de la biodiversité génétique et le développement de nouvelles espèces de caféiers plus robustes et ainsi capables de s'adapter au changement climatique. « Sans cette adaptation nécessaire des variétés au climat, 50% des surfaces propices à la culture du café disparaîtront de la surface de la terre à l'horizon 2050, assure Christelle Arrighi, directrice marketing de Nescafé. Le centre de R&D ne se contente pas de fournir les nouveaux plants de café aux producteurs. Il les accompagne et les forme à optimiser leur culture tout en pratiquant une agriculture régénérative, synonyme d'amélioration des sols et de préservation des réserves en eau ». Depuis 2022, Nescafé affirme ainsi que 100% de son café est issu d'un approvisionnement responsable. A la clé, l'origine assurée des grains et le respect d'un cahier des charges et de normes environnementales drastiques par les fermiers.

Créée en 1986 dans d'anciens locaux du groupe L'Oréal rachetés par Nestlé, le centre de sciences végétales de Nescafé comprend des laboratoires, des serres de culture ainsi que des salles in vitro. Il est rattaché à l'Institut des Sciences de l'agriculture de Nestlé basé au siège de la multinationale agroalimentaire suisse, à Vevey près de Lausanne. Placé sous la houlette de Fabrizio Arigoni, ses cinquante chercheurs sont à l'origine, depuis la création du centre tourangeau, de dix nouvelles variétés d'Arabica.

Espèces aux notes fruitées, elles sont issues principalement des hauts-plateaux du Brésil et de Colombie ainsi que du Mexique. Ils ont également mis au point cinq espèces de café Robusta, cultivé dans les plaines d'Indonésie et aux arômes se caractérisant par leur intensité. Depuis 2009, le centre de Notre-Dame-d'Oé a adressé quelque 250 millions de feuilles et de pousses de caféiers sur toutes les zones de production où se situent ses sous-traitants.

Avec 20% de parts de marché en GMS dans l'Hexagone, Nescafé Cafés France a généré 230 millions de chiffres d'affaires en 2022, employant un millier de collaborateurs. Près de la moitié œuvre au sein de la principale usine de fabrication, située à Dieppe en Seine-Maritime.

Marché proche de celui du vin

Dans un contexte de stabilisation de la consommation du café en France après l'envolée des volumes en 2020-2021 due à la crise sanitaire génératrice de télétravail, le centre de R&D de Nescafé dispose d'une feuille de route toute tracée. Nescafé tente d'une part d'améliorer la qualité gustative de ses différentes gammes de cafés. 70% de la production de Nescafé est orientée vers les solutions moulues et en dosettes sous les marques Dolce Gusto et Starbucks. « Le marché du café est en train de se rapprocher de celui du vin, avec ses propres appellations d'origine, grands crus et millésimes, assure Christelle Arrighi. Grâce aux méthodes de plus en plus élaborées de torréfaction, l'objectif est de parvenir à une finesse aromatique optimale ».

Pour se démarquer de ses principaux concurrents Mondelez (Tassimo), Sara Lee (Senseo), Lavazza (Carte noire), Maxwell, Illy et les Cafés Richard, Nescafé met également en avant sa démarché éco-responsable à l'égard des producteurs de café vis-à-vis des consommateurs.125 millions d'habitants dans le monde vivent de la filière du café, répartis entre les fermiers, les coopératives et les distributeurs. Or 80% de ces familles se situent sous le seuil de pauvreté alors même que le marché français du café génère à lui seul près de 3,4 milliards d'euros, tous canaux de distribution confondus. Afin d'améliorer la rentabilité des exploitations, Nescafé met donc à disposition de ses fermiers-fournisseurs ces variétés uniques, issues de son centre tourangeau. Objectif : permettre d'assurer la durabilité à long terme de la culture du café et ainsi d'améliorer les conditions de vie et de rémunération des acteurs de la filière.

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