
Coup de frein en janvier pour le marché automobile allemand, après cinq mois de hausses d'affilée. Au total, 179.247 voitures ont été immatriculées dans la première économie européenne, soit une baisse de 2,6% par rapport à janvier 2022, a indiqué dans un communiqué l'Agence fédérale pour l'automobile (KBA) ce vendredi 3 février.
Au palmarès des constructeurs, en pourcentage, Tesla se taille la part du lion avec une hausse de plus de 900% de ses immatriculations. L'entreprise d'Elon Musk avait annoncé au début de l'année un coup de rabot sur ses tarifs en Europe, jusqu'à -20% sur les Model 3 et Model Y, ses modèles les plus populaires. Ce, afin de stimuler les ventes, ce qui semble avoir donc fonctionné.
Dans le segment haut de gamme, les ventes de Mercedes progressent de 14,5%, tandis que celles de son concurrent BMW... reculent de 24%.
Du côté de la production, avec l'amélioration des chaînes d'approvisionnement, plus de voitures sont sorties des usines allemandes en janvier que durant le même mois de l'année dernière (+31%), d'après la fédération des constructeurs automobiles allemands (VDA, pour Verband der Automobilindustrie, littéralement Union de l'industrie automobile).
« La situation s'est quelque peu améliorée en ce qui concerne les goulets d'étranglements des livraisons par rapport à l'année précédente, et cela a joué un rôle particulièrement important », a-t-elle estimé dans un communiqué.
Sur d'autres marchés européens, les nouvelles immatriculations ont, contrairement à l'Allemagne, augmenté en janvier, sans atteindre les niveaux d'avant-crise, remarque le cabinet EY.
En France notamment, d'après les chiffres de la Plateforme automobile (PFA), qui représente constructeurs et équipementiers, le marché a poursuivi sa légère embellie, avec 111.939 véhicules écoulés (+8,8%).
Après la flambée de décembre en Allemagne, les électriques plongent
En revanche, en Allemagne, les ventes de voitures électriques enregistrent une chute conséquente de -43% par rapport à décembre. Sans surprise, cela dit.
En raison de la réduction, dès le 31 décembre, des subventions gouvernementales pour les voitures électriques et hybrides, les Allemands se sont rués sur dernier mois de l'année 2022 pour acheter un de ces véhicules.
Ainsi, 174.000 véhicules électriques et hybrides s'étaient écoulés en décembre, soit une augmentation de... 114%. C'était même la première fois que plus de la moitié des nouvelles voitures en un mois étaient des électriques (55%), d'après la fédération des importateurs automobiles (VDIK).
La réduction des subventions accordées aux voitures électriques en 2023 « laisse des traces évidentes », commente Reinhard Zirpel, président de l'Association des constructeurs automobiles internationaux (VDIK). Il craint que l'élan pour l'électrique ne soit brisé.
« Il est clair que le boom de décembre a été un feu de paille », résume Peter Fuss, du cabinet de conseil EY.
La part de marché cumulée des voitures neuves électrifiées (hybrides rechargeables et électriques) n'était plus que de 15,1% en janvier, alors qu'elle était de 21,6% il y a un an et même de 55,4 % en décembre 2022.
Pas de retour au niveau d'avant-crise prévu en 2023
En 2023, le marché automobile allemand devrait rester encore sous son niveau de 2019 et ne pas faire mieux qu'une croissance à un chiffre, selon les analystes de EY.
Pour rappel, en 2022, quelque 2,65 millions de voitures neuves ont été immatriculées en Allemagne. Soit une petite hausse de 1,1% par rapport à 2021 - mais une augmentation tout de même à souligner, après deux années catastrophiques avec la crise sanitaire. La première économie européenne avait en effet enregistré ses plus bas niveaux annuels de nouvelles immatriculations depuis la réunification en 2020 et 2021, avec respectivement 2,8 millions et 2,6 millions de véhicules écoulés.
Au niveau européen, le marché automobile pourrait rebondir de 5% en 2023, à 9,8 millions de véhicules vendus selon l'Association des constructeurs (ACEA).
2022 a été une troisième année compliquée pour l'industrie automobile, après une année 2020 marquée par des fermetures d'usines et des restrictions sanitaires, et une année 2021 affectée par des pénuries de puces électroniques (indispensables à l'assemblage des voitures), et des problèmes de logistique qui ont douché les espoirs de reprise durable. La guerre en Ukraine et la poussée inflationniste qu'elle a engendrée ont pu aussi pousser des consommateurs à reporter leur achat, mais cet effet est difficile à évaluer. D'autant que la plupart des constructeurs affichent des carnets de commandes pleins.
(avec AFP)
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