Nissan devrait détenir moins de 10% du capital d'Ampere, la future filiale électrique de Renault

Nissan va investir environ 100 milliards de yens (647 millions d'euros au cours actuel) dans Ampere, la future filiale électrique de son allié Renault devant être introduite en Bourse début 2024, selon des informations du quotidien japonais Yomiuri vendredi.
Nissan devrait investir près de 650 millions d'euros dans Ampere
Nissan devrait investir près de 650 millions d'euros dans Ampere (Crédits : STEPHANE MAHE)

C'est l'une des pièces maîtresses de la nouvelle alliance entre Renault et Nissan annoncée en début d'année et qui peine à être finalisée en raison de divergences au sein du constructeur japonais : l'investissement de Nissan dans Ampere, la future filiale électrique de son allié Renault. Avec le départ le 27 juin dernier du numéro de Nissan, Ashwani Gupta, chef de file des « anti-Renault » au sein du groupe nippon, les choses se décantent. Selon le quotidien japonais Yomiuri, le montant de la participation de Nissan est tranché et sera annoncé la semaine prochaine : il flirtera avec les 100 milliards de yens, soit 647 millions d'euros au cours actuel.

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Moins de 10% du capital

La valorisation d'Ampere ayant été estimée dans une fourchette comprise entre 8 et 10 milliards d'euros, Nissan devrait détenir moins de 10% du capital d'Ampere, dont l'introduction à la Bourse de Paris est prévue début 2024. Soit beaucoup moins qu'annoncé en février quand  le groupe japonais s'était dit prêt à acquérir jusqu'à 15% des parts. Toujours selon le Yomiuri, Nissan aura un représentant dans le comité de direction d'Ampere et mettra aussi des technologies à disposition de cette nouvelle société, tout en appliquant certaines restrictions sur ses brevets, ce qui était l'une des préoccupations majeures du groupe nippon. Ampere sera piloté par le directeur général de Renault, Luca de Meo, qui conservera ses fonctions actuelles.

Réduction des coûts de production

Pour rappel, Ampere doit rassembler les activités électriques du groupe Renault, soit 10.000 salariés en France. Cette filiale produira notamment la Mégane électrique et les futures Renault 5, Renault 4 et Scénic électriques dans les Hauts-de-France.  Elle vise plus de 30% de croissance annuelle dans les huit prochaines années, à mesure que le marché européen de l'automobile s'électrifie. Elle ambitionne aussi de réduire ses coûts « de 40% par voiture pour la prochaine génération de véhicules d'ici à 2027 et au-delà », notamment en améliorant « la productivité de la fabrication aux meilleurs niveaux, atteignant moins de 10 heures de temps de production par véhicule ».

L'entité sera aussi chargée de l'approvisionnement en batteries et de la conception des logiciels installés dans les voitures, en partenariat avec Google et Qualcomm.

Le conseil d'administration de Renault a, en outre, formé en son sein un comité, présidé par son président Jean-Dominique Senard, chargé du suivi du projet d'introduction en Bourse d'Ampere. Le groupe compte introduire Ampere à la Bourse de Paris pour financer ainsi son coûteux virage électrique.  A l'image de la filiale Blue de Ford, cette entité se veut aussi attirante aux yeux des investisseurs que l'américain Tesla ou le groupe chinois BYD.

Outre Nissan, Mitsubishi, autre partenaire de Renault au sein de l'Alliance, avait lui aussi confirmé qu'il allait investir dans Ampere.

« Le projet avance. Nous avons reçu des marques d'intérêt de plusieurs investisseurs. Ce qui est rassurant. Pour l'heure, Qualcomm sera présent au capital, je vous ai parlé de Nissan, et après nous verrons », a déclaré  Luca de Meo dans nos colonnes le 27 juin.

« Il faut également laisser du flottant, car nous souhaitons garder une majorité importante quand même. Je rappelle que Porsche a laissé 10% de flottant, je pense que nous visons un pourcentage supérieur, minoritaire, mais suffisant pour assurer assez de liquidité », avait-il ajouté. Selon nos informations, Renault prévoit un flottant entre 20 et 25% pour Ampere.

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Le nouvel accord Renault-Nissan présenté en février prévoit de nouveaux projets opérationnels communs en Inde et en Amérique latine, ainsi qu'à terme un rééquilibrage à parts égales des participations croisées entre les deux constructeurs, à 15% chacun et autant de droits de vote. Renault détient actuellement 43,4% de Nissan, alors que celui-ci ne possède que 15% du groupe français et aucun droit de vote.  Le déséquilibre de cette union a été une source récurrente de tensions par le passé, qui ont atteint leur paroxysme avec l'éviction spectaculaire du grand patron de l'alliance Carlos Ghosn fin 2018, arrêté au Japon pour malversations financières présumées et qui a fui un an plus tard au Liban.

Aramco envisage d'investir dans Horse

Par ailleurs dans les moteurs thermiques cette fois, la nouvelle coentreprise de Renault et Geely sera basée au Royaume-Uni. La finalisation de la transaction, annoncée en mars, est prévue pour le second semestre 2023. Le nom et l'équipe dirigeante de cette entité seront alors révélés. Une organisation initiale assurera « la continuité de l'activité » avec un centre à Madrid pour Horse, la filiale du français Renault, et un autre à Hangzhou (Chine) pour le chinois Geely.  Geely et Renault conservent des parts égales dans cet attelage franco-chinois qui comptera 19.000 employés en Europe (Espagne, Roumanie et Suède), en Chine et en Amérique du Sud, avec 17 usines et 5 centres de recherche et développement partagés. Une équipe de direction sera basée au siège de la nouvelle société, qui devrait être établie au Royaume-Uni. La propriété intellectuelle des moteurs, qui inquiétait Nissan, partenaire de Renault, sera transférée par Renault et Geely à leurs centres opérationnels respectifs.  Le géant pétrolier saoudien Aramco « envisage » un investissement stratégique dans cette nouvelle entreprise mais n'a toujours pas confirmé sa participation.

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L'entreprise publique saoudienne « soutiendrait la croissance de l'entreprise et contribuerait à la recherche et au développement de solutions de carburants synthétiques et de motorisations hydrogènes de future génération », selon les deux groupes automobiles. Dacia, la marque économique de Renault, fera d'ailleurs son arrivée au Dakar en 2025 avec le soutien d'Aramco sur ces carburants synthétiques. Geely Auto comme Renault concluront un accord d'approvisionnement à long terme auprès de la coentreprise pour leurs moteurs à combustion interne, hybrides et hybrides rechargeables pour les voitures particulières, selon un communiqué.  La coentreprise a pour objectif de produire jusqu'à 5 millions de transmissions et moteurs à combustion interne, hybrides et hybrides rechargeables par an. Elle va ainsi fournir les marques et les partenaires des deux groupes comme Dacia, Renault, Geely, Volvo, Proton, Nissan et Mitsubishi. Renault lui achètera les moteurs de ses véhicules utilitaires. L'entreprise cherchera aussi à vendre des moteurs à d'autres constructeurs automobiles, qui sont en train de passer massivement à l'électrique en Europe et en Amérique du Nord, mais restent thermiques pour certaines gammes et certains marchés.

(Avec AFP)

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